Syngué Sabour - Pierre de patience - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn
Syngué Sabour - Pierre de patience - Critique3.50 sur 50 basé sur 2 votants.

On devrait pouvoir tout se dire !

Synopsis : "Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l'autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l'amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu'à ses secrets inavouables. L'homme gisant devient alors, malgré lui, sa "syngué sabour", sa pierre de patience - cette pierre magique que l'on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances... Jusqu'à ce qu'elle éclate !"

Le(s) plus

L'heroïne du film Syngué Sabour est perdue : elle veille auprès de son mari, héros de guerre qui est dans le coma, tout en continuant à s'occuper de ses deux filles et en leurs cachant la vérité.
Elle parle à son mari, dans l'espoir qu'il lui réponde ou lui fasse un signe, mais il ne réagit pas.
Entre le temps qu'elle passe avec ses enfants, ou à aller acheter les médicaments nécessaires à son mari, elle s'occupe de lui tout en lui parlant et ce qu'elle lui dit change de ton au fur et à mesure.
Ce qui était banal au début, devient au fil des jours une véritable confession de plus en plus intime. Elle se libère de tous ses secrets.

L'héroïne jouée par Golshifteh Farahani tient à elle seule une majeure partie des dialogues du film. Malgré une atmosphère en huis clos, elle réussit à nous captiver pendant ses longs monologues. A travers ses mots nous subissons ses émotions, nous vivons son passé et ressentons surtout son mal être et sa souffrance.

La première partie est principalement sur fond de guerre, mais sans nous la montrer frontalement. A chaque explosion ou coups de feu que nous ne voyons pas venir, on se surprend presque en train de sursauter.
De situer l'histoire dans un climat de guerre sans la montrer directement, ça change avec une majeure partie des films et au final on ressent surement plus d'émotions à être enfermé avec quelques habitants dans une cave avec la poussière qui entre par les petites fenêtres lors des coups de canon, que lorsque l'on voit les cadavres s'enchainer.

Techniquement, on sent que le réalisateur Atiq Rahimi a travaillé ses plans, et rien que le générique de début où la caméra passe à filmer murs et rideaux en gros plans, sur fond lointain d'ambiance sonore de guerre, en impose beaucoup.
A noter également, que la musique qui accompagne le film est par moment très émouvante.

Le(s) moins

Il est dommage que le film soit un peu long.
Vers le milieu du film, on a un peu l'impression de tourner en rond, le rythme est un peu lent et on aimerait arriver à la chute.
Mais c'est peut-être le seul point négatif qui ressort réellement, tout le reste du film nous tient en haleine et on appréhende la conclusion.

Conclusion

Syngué Sabour - Pierre de patience est un beau film qui traite d'un problème universel: le dialogue.
Une belle histoire que l'on vit à travers les yeux de Golshifteh Farahani, une actrice formidable.
On devrait tous avoir notre pierre de patience ou plutôt pouvoir tout se dire.
Ma note: 7/10.

Syngué Sabour - Pierre de patience

Réalisé par: Atiq Rahimi.
Avec: Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan, Hassina Burgan.
Genre: Drame, Guerre.
Nationalité: Français, allemand, afghan.
Durée: 1h42min.
Date de sortie: 20 février 2013.


 

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  • Les Anecdotes !


    Syngué Sabour - Pierre de patience est l'adaptation du livre du même nom écrit par Atiq Rahimi en 2008 et lauréat du Prix Goncourt la même année. L'auteur adapte donc lui-même son ouvrage. A noter que le cinéaste en est à sa deuxième adaptation d'un de ses livres, puisqu'il avait déjà tourné Terre et cendres en 2003, adaptation de son roman sorti en 2000. Ce film a remporté le Prix Regard vers l'avenir dans la section Un certain regard au Festival de Cannes 2004.

    Dans la mythologie perse, Syngué sabour est la pierre de patience, une pierre qu'on dit magique. On peut lui révéler ses malheurs, ses secrets, tout ce qu'on n'ose pas dire aux autres. La pierre absorbe ces secrets à la manière d'une éponge puis finit par exploser, libérant enfin la personne qui lui a confié ces choses.

    Quand Atiq Rahimi a sorti le livre "Syngué Sabour", son éditeur a envoyé des exemplaires de l'ouvrage à de nombreuses personnalités qui ont été enthousiasmées et ont poussé l'auteur à en faire l'adaptation cinématographique : "Jean-Claude Carrière m'a appelé depuis sa maison du sud en plein été : "Je trouve ton roman formidable, ça peut faire un beau film !" Dans le même temps, Jeanne Moreau que je ne connaissais pas, m'adresse un mail : "Votre éditeur m'a envoyé votre livre, j'ai adoré, ça pourrait donner un beau film !"", confie Rahimi.

    Le film a fait le tour de nombreux festivals dont le Festival du Film de Sarlat, l'Arras Film Festival, le Festival Cinématographique d'Automne de Gardanne et le Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz où il remporta le Chistera du meilleur film.

    Atiq Rahimi s'est inspiré d'une histoire qu'on lui a racontée sur un père de famille plongé le coma après une tentative de suicide. L'auteur a ensuite imaginé ce que pourrait dire la femme à ce mari inerte et muet, lui confiant ses doutes, ses peurs, ses reproches face à cette société régie par l'homme et oppressante pour la femme.

    Le célèbre acteur/scénariste français Jean-Claude Carrière (Le hussard sur le toit, Cyrano de Bergerac...) a co-écrit l'adaptation de Syngué Sabour - Pierre de patience avec son auteur Atiq Rahimi.

    La jeune et talentueuse Golshifteh Farahani (née en 1983) interprète le rôle principal de Syngué Sabour - Pierre de patience. Golshifteh est déjà une actrice chevronnée : on a par exemple pu voir son gracieux visage dans Chacun son cinéma de Bille August, Shirin d'Abbas Kiarostami, Mensonges d'Etat de Ridley Scott ou A propos d'Elly d'Asghar Farhadi.

    Atiq Rahimi s'est entouré de deux techniciens chevronnés pour son film. En premier lieu, Thierry Arbogast, directeur de la photographie renommé à qui l'on doit notamment la lumière de presque tous les films de Luc Besson dont Nikita, Léon et Le Cinquième élément. En deuxième lieu, le chef-monteur Hervé De Luze s'est occupé du montage de Syngué Sabour - Pierre de patience. Le Français est une sommité dans son domaine et a été récompensé de trois César pour le montage de On connaît la chanson en 1998, Ne le dis à personne en 2007 et The Ghost Writer en 2011.

    Atiq Rahimi a révélé deux influences majeures pour Syngué Sabour - Pierre de patience : Allemagne année zéro de Roberto Rossellini et Cris et chuchotements d'Ingmar Bergman : "Les intérieurs avec cette famille entassée dans une petite pièce : le père enfermé, le frère traqué et surtout l'enfant qui erre au milieu de tout ça comme mon héroïne. Tous les plans des rues de Kaboul en ruines sont directement inspirés de Rossellini", déclare le cinéaste, en terminant : "Cris et chuchotements d'Ingmar Bergman raconte peu ou prou la même situation."

    Bien que la majeure partie du film se déroule en intérieurs, en espace restreint, Atiq Rahimi a tenu à avoir une caméra sans cesse en mouvement : "À quelques exceptions près, la caméra était toujours en mouvement, Atiq voulait donner une impression permanente de flottement. Nous avons fixé la caméra à un bras spécial afin de créer cette sensation de mobilité tout en restant à la hauteur des personnages", explique le chef-opérateur Thierry Arbogast.


Et vous qu'avez-vous pensé du film Syngué Sabour - Pierre de patience ?