LES ENCHANTEMENTS D'AMBREMER 1 de Pierre Pevel

Par Phooka @Phooka_Book


Editions Le livre de poche351 pages

Résumé :
Paris, 1909. La tour Eiffel est en bois blanc, les sirènes se baignent dans la Seine, des farfadets se promènent dans le bois de Vincennes... et une ligne de métro relie la ville à l'OutreMonde, le pays des fées, et à sa capitale Ambremer. Louis Denizart Hippolyte Griffont est mage du Cercle Cyan, un club de gentlemen-magiciens. Chargé d'enquêter sur un trafic d'objets enchantés, il se retrouve impliqué dans une série de meurtres. L'affaire est épineuse et Griffont doit affronter bien des dangers: un puissant sorcier, d'immortelles gargouilles et, par-dessus tout, l'association forcée avec Isabel de Saint-Gil, une fée renégate que le mage ne connaît que trop bien...

L'avis de Dup :


Alors que la trilogie des Lames du Cardinal est loin derrière moi, alors que la suite des écrits de Pierre Pevel se fait attendre ( =D ), se plonger dans ces Enchantements fut un plaisir infini. J'ai dégusté cette lecture, telle une friandise grâce à la finesse de sa plume.
Un premier décor est planté : Paris début du XXème siècle. La tour Eiffel est là depuis quelques années seulement, Haussmann a déjà installé ses grands boulevards et c'est tant mieux car déjà fleurissent quelques voitures à essence au milieu des fiacres, carrosses et charrettes à bras. Les encombrements, les parisiens connaissent déjà. Les hommes fortunés évoluent en redingote ou queue de pie, consultant leur montre oignon. Les dames elles, sont toutes en jupes très longues ne dévoilant que des bottines à boutons, se cachant du soleil sous une ombrelle. Les indigents quant à eux, peu de mode pour les guenilles...

Puis la "touche Pevel" apparaît au détour d'une page, lorsqu'on croise un chat siestant paresseusement sur les coussins d'un salon, sa paire d'ailes duveteuses repliée négligemment sur le dos ! Vous ajoutez à cela quelques sirènes dans la Seine, des Ondines dans le canal Saint Martin et le vrai décor surgit.L'auteur va laisser libre court à son imagination, pour le plus grand plaisir du lecteur, allant jusqu'à personnaliser les cauchemars. L'intrigue, l'enquête menée par Griffont, mage du cercle Cyan, et son exquise épouse Aurélia, sur un trafic d'objet ensorcelés, si passionnante soit-elle, est tout-à-fait secondaire dans ce roman. Elle permet juste de faire évoluer nos personnages vers un but, le lecteur lui se laisse bercer par les descriptions de Pierre Pevel. Enchantements, c'est bien le terme adapté pour résumer cette lecture. Les relations de ce couple improbable, relatées avec beaucoup de pudeur, avec une retenue so british ne font qu'exacerber l'intensité des sentiments qu'ils partagent et que le lecteur ressent au fil des pages.Et je garde le meilleur pour la fin : l'humour de Pierre Pevel. Lui aussi, tout en retenu, mais si fin, si délicieux. Faire de ses personnages des visionnaires de l'avenir, qui tantôt prédisent la démocratisation de l'automobile, tantôt anticipent l'invention du moteur hybride afin d'éviter une pollution de l'atmosphère qui à force pourrait devenir néfaste pour notre planète si on n'y prend pas garde...j'adore ! Quand en plus j'adhère avec sa vision de certaines choses, ce n'est que du bonheur que je veux vous faire partager : L'opéra :On donnait ce soir là un gala de charité à l'Opéra Garnier. Le gratin parisien était venu sous le double prétexte de faire une bonne action et d'entendre certains airs les plus célèbres des répertoires français et italien. Il était environ neuf heures. Le premier entracte approchait.Sur scène, une diva plus que dodue n'en finissait pas de pleurer la mort d'un énorme ténor qui, avant de rendre l'âme, avait lui-même longuement chanté son désespoir et s'efforçait à présent de ne point trop bouger, une main sur le coeur et la tête sur les solides genoux de sa bien-aimée. L'orchestre jouait une mélodie aussi mielleuse que pompeuse, censée exprimer tout le tragique de l'instant. Le décor figurait la cour d'une forteresse ; il y avait au fond un rempart du haut duquel la tonitruante esseulée finirait par se jeter. :))En résumé, un récit enchanteur, un décor féerique, une histoire palpitante, des personnages charmants, le tout emballé avec l'humour si délicat de Pierre Pevel, que demander de plus ? La suite bien sûr, et ce sera bientôt chose faite grâce à une amie qui a bien voulu me prêter ce tome 2 épuisé depuis longtemps. En tout cas, ce tome 1 est à lire absolument !