La bataille pour l'industrie

Publié le 09 mars 2013 par Jplegrand

L'industrie ne peut être sauvée que par la classe laborieuse

  1. De mon point de vue la question n'est pas seulement d'interpeller le gouvernement et les pouvoirs publics face aux agissements des patrons dits "voyous" mais de proposer des politiques alternatives de redressement industriel qui prennent en compte les réalités du territoire. Les travailleurs n'ont rien à attendre d'actionnaires ou de dirigeants qui ne considèrent les entreprises que sous l'angle de leur rentabilité immédiate du point de vue de l'accumulation du capital. Cela fait des années que les batailles ouvrières se placent sur un terrain défensif et très peu se situent dans la construction d'alternative économique. Que les élus locaux interpellent les responsables est une bonne chose mais cela ne suffit pas. Il y a nécessité pour les travailleurs, les citoyens, les élus d'élaborer un plan de relance industrielle du territoire qui à ce jour n'existe pas. Les forces politiques sont trop préoccupées par leur compétition politicienne et par la nécessité de reproduire leur pouvoir aux échéances électorales, pour travailler sérieusement à un tel plan. Il est donc nécessaire que les citoyens, les salariés puissent tenter de se positionner sur le terrain d'une offensive économique par exemple de récupération ouvrière des usines avec des plans de gestion et de commercialisation, de mobilisation du crédit bancaire. Mais pour cela il faut une volonté des travailleurs eux-mêmes. L'enjeu est à cette hauteur sinon le pays deviendra exsangue sur le plan de l'industrie.

    Je publie l'article paru dans l'Humanité à propos des Ex STILL de Montataire :

    Social-Eco
    PMI achève les Still Montataire

    Il aura fallu à Guido Dumarey, milliardaire belge à la tête du groupe Punch Metal International (PMI), six mois seulement pour saborder le site de l’ex-usine Still à Montataire (Oise). En juillet dernier, pour un euro symbolique et le renfort d’une aide publique de 3,5millions d’euros, PMI rachète l’usine de Montataire, auparavant propriété du groupe Kion (dont les actionnaires principaux sont la banque Goldman Sachs et le fonds de pension KKR). Un an plus tôt, Kion avait annoncé la fermeture du site. PMI s’est engagé à reprendre, dans un premier temps, 65 des 235 salariés. Mais vendredi, la direction a signifié aux 60 ex-salariés de Still repris par PMI l’arrêt de leur période d’essai, et donc la rupture de leur contrat. Pour Jean-Pierre Bosino, «c’est symbolique de ce qui se passe actuellement dans le pays». Le maire PCF de Montataire, qui se bat aux côtés des salariés, en appelle à une solution industrielle pérenne pour l’ensemble du bassin creillois. Car en dehors du site de Montataire, PMI a racheté l’an dernier l’usine Juy de Crépy-en-Valois (Oise) et ses 120 emplois. À même fin, même méthode. Actuellement en redressement judiciaire, le site de Crépy-en-Valois passera devant le tribunal de commerce le 13mars prochain.
    Hier matin, une réunion en sous-préfecture a rassemblé élus, représentants des salariés des sites de Montataire et de Crépy-en-Valois, et commissaire au redressement productif sur le dossier, sans qu’aucun représentant de PMI n’ait daigné y assister. «Nous avons une nouvelle fois exigé que se tienne une rencontre avec la direction de PMI», souligne Jean-Pierre Bosino, ajoutant que, «lors de la réunion d’hier, l’État avait considéré la page Dumarey définitivement tournée» et que «demande lui serait faite de rembourser les aides publiques perçues». Reste la question du site, que PMI ne semble pas prêt à vendre, et pour les ex-salariés de Still, remis d’office en congés de reclassement, la possibilité de contester collectivement l’arrêt brutal de leur période d’essai. Hier en fin de journée, un débat public était prévu, à Montataire, en présence du député européen du Front de gauche Jacky Henin, sur la question fondamentale de l’avenir de l’industrie.
    Marion d’Allard