Japon 311 : dans le silence, la vie et la mort

Par Kaeru @Kaeru


C'était il y a deux ans aujourd'hui. D'abord les craquements de la terre puis le grondement des eaux. Deux ravages naturels, deux catastrophes qui touchent l'archipel du Japon et laissent dans leur sillage des paysages dévastés dans le Tôhoku et des morts, des blessés et beaucoup de sinistrés.
L'homme ne peut rien faire contre les hoquets de la terre et de l'océan. Nos tentatives pour des constructions solides et des communications rapides limitent un peu. Mais il y a quand même tant de morts.
Tant de tristesse.
Un désarrois et une perte qui touchent tous ceux avec un peu d'empathie. Nous sommes solidaires et concernés. Le tremblement de terre et le tsunami font l'unanimité dans l'horreur.
C'était il y a deux ans aujourd'hui. Et c'est toujours là. Encore. Chaque jour, chaque seconde.
La troisième catastrophe. L'accident nucléaire de Fukushima. Ce n'est pas la planète qui vit, ce n'est pas la fatalité. Les actions des hommes sont directement responsables de cette monstruosité qui continue toujours, dans le silence. Invisible, la radioactivité continue de détruire et d'affoler les cellules.
La centrale continue de fuir. Toujours.
Et les victimes contaminées commencent à mourir. Mais cela ne s'arrête pas là. Dans leur avidité et leur matérialisme, les hommes ont menti, dissimulé la gravité, refusé l'aide, refusé d'évacuer les populations innocentes. Le gouvernement et les industriels, Tepco en tête, n'ont pas comme priorité de sauver des vies mais de sauver l'économie du pays. La complexité scientifique de la contamination sert à embrouiller les gens, à faire croire qu'on peut vivre dans des zones contaminés. À faire croire que la radioactivé et surtout l'énergie nucléaire sont compatibles avec la vie.
Aujourd'hui, à Fukushima, des enfants meurent. Et les responsables sont des hommes.
Aujourd'hui, au Japon ce n'est ni la terre, ni l'océan qui tue. Mais des hommes.
Parfois, le silence rime avec mort, oubli, indifférence.
Parfois le silence est ce qu'il reste pour exprimer son soutient, son respect, son recueillement mais aussi sa colère, son refus, quand on a épuisé tous les mots. Quand on a crié sa peine à en perdre la voix.
Parfois, le silence est tout ce qu'il reste pour se faire entendre de ceux qui ne respectent pas la vie.
Voici des photos prises lors de la minute de silence dans la chaîne humaine contre le nucléaire (sur la section à Opéra) qui a rassemblé à Paris des milliers d'humains dotés de conscience, d'empathie et de respect.
Aujourd'hui, je vous laisse dans ce silence. 
Copyright : Marianne Ciaudo