Des hommes, des vrais !

Publié le 12 mars 2013 par Richardb

Fortune carrée – Le Lion – Les cavaliers – L’Armée des ombres –  Les coeurs purs –  La passante du Sans-Souci – Belle de jour –  La rage au ventre - 

Même si vous ne l’avez jamais lu, vous connaissez sans doute ces titres de l’oeuvre de Joseph Kessel

Le cinéma s’en est souvent accaparé les personnages, avec bonheur tant la matière en était riche. Ses écrits hors fiction et ses reportages sont la référence de la littérature de reportage et du journalisme d’aventures typiques de la fin du XIXe et début du XXe siècle.

C’est dans cette veine que Kessel a écrit « Tous n’étaient pas des anges » Ed. Les Belles lettres. Chaque récit nous transporte dans un monde bien réel mais aux antipodes de nos réalités quotidiennes. Aucun des hommes rencontrés par le reporter ne furent en effet des anges, loin de là. Souvent pas très honnêtes, parfois hors-la-loi ou sans morale, voire criminels en puissance. Mais tous vécurent une vie hors du commun, une vie où se mêlaient « noblesse de la sauvagerie, pureté du désert et reflet de la grande aventure. » Qu’ils se nomment Monfreid le contrebandier, Savine le cruel Cosaque, Moussa, le tueur aux dents blanches, Mourad le Moscovite (l’un des personnages de Fortune carrée), John Philby, l’homme aux singes, ou Cadi Rahïb*, le Talleyrand du Yémen (comparaison personnelle), tous traversèrent et se mêlèrent aux grands changements de l’Histoire, parfois même les provoquant, toujours les subissant. Beaucoup, comme Kessel, étaient des hommes  »tumultueux, aimant le jeu, les femmes, l’alcool, l’aventure« , mais aussi des êtres aux valeurs de respect et d’amitié exacerbées par le danger, la solitude et la mort. Tous erraient au croisement de ces deux siècles dans une modernité naissante et des civilisations se confrontant, s’affrontant, dans une pré-mondialisation. Une période floue ou seuls les plus hardis, ou les moins scrupuleux, pouvaient éviter les pièges de l’aventure. »

*Cadi Rahib, extraits de Tous n’étaient pas des anges : « Ancien dignitaire turc, conseiller pour l’extérieur de l’Imam yéménite. Il avait vu le jour à Constantinople. Il avait servi Abdul Hamid, le Sultan Rouge. Attaché d’ambassade à Saint-Pétersbourg et à Paris, il avait, à la fin du XIXe siècle, dansé avec l’Impératrice de toutes les Russies et avec Madame Steinheil, maîtresse du président Faure. Quand éclata la guerre qui devait démembrer l’immense empire Ottoman, il était gouverneur de Hodeïdah. Quand les Yéménites se révoltèrent, il avait flairé le vent et pris leur parti. Comme dans tout le pays, il était le seul homme à connaître l’Europe, cette trahison lui valut les fonctions de ministre des Affaires étrangères. Il portait avec lui un demi siècle d’intrigues subtiles, de révolutions de palais, de cruauté aimable et de courtoisie sans pareille. »

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