Eglise catholique

Par Rolandbosquet

   Il est de bon ton de brocarder l’église catholique, ses serviteurs, ses fidèles et celui qui se présente comme le successeur de Pierre qui en fut l’un des premiers et plus importants bâtisseurs. Outre que la "pensée unique" et soi-disant libertaire se garde bien de brocarder avec autant de vulgarité les adorateurs d’Allah, elle oublie l’Histoire et ce qu’elle lui doit. La chrétienté s’est d’abord répandue dans l’empire romain au prix du sang de ses martyrs. Ils croyaient qu’aimer son prochain comme soi-même permettrait d’accéder au paradis. Lorsque le pouvoir de Rome inclina lui-aussi à partager cette foi, la petite organisation des chrétiens sortit des catacombes où elle se réfugiait pour la survie de ses adeptes et s’installa au grand jour. Ces derniers étaient des hommes et des femmes comme vous et moi, des riches et des pauvres, des gros et des maigres, des lettrés et des ignares, comme dans toute société humaine. Cette nouvelle église acquit bientôt assez d’envergure pour exercer une réelle influence sur les mœurs plutôt rudes de l’époque, mœurs héritées des guerres continuelles pour l’accession au trône, pour la conquête d’un lopin de terre plus conséquent ou plus prosaïquement pour  l’acquisition de la femme du voisin plus riche, plus belle et plus prolifique. Comme le prescrivent les enseignements où elle puise ses origines, l’église des chrétiens s’employa au premier chef à défendre les plus faibles en imposant peu à peu de nouveaux usages. Ainsi de la suppression de la polygamie et de la création l’institution du mariage indissoluble pour éviter aux femmes la répudiation et aux enfants l’abandon. Ainsi des innombrables fêtes de saints, de carêmes et autres interdictions faites aux rois, nobles puis aux seigneurs de guerroyer. Des vies furent épargnées. Ainsi de la règle du poisson du vendredi pour inciter les riches à moins ripailler de viande prélevée sur les réserves des paysans et les forêts avoisinantes et à laisser plus de miettes aux pauvres. Ainsi du célibat des prêtres par une charte qui mit presque mille ans à être effective pour limiter les abus de mœurs des ecclésiastiques qui étaient et sont aussi des hommes. Ainsi des monastères dont on s’offusque aujourd’hui qu’ils soient vides doivent d’abord leur prospérité au travail des moines défricheurs et laboureurs. On leur doit nombre de progrès intervenus dans les pratiques paysannes comme l’assolement triennal, les amendements, l’araire puis la charrue, la sélection des animaux domestiques et des semis. Ces monastères s’enrichissent bientôt par les  dons des seigneurs soucieux d’expier leurs On pourrait multiplier les exemples. Or on ne change pas les mentalités en quelques quinquennats. L’église s’opposait à trop d’avantages acquis, trop d’habitudes, trop d’ambitions. Elle dut négocier, tergiverser, troquer, monnayer. En un mot, l’église chrétienne, constituée d’hommes et de femmes comme vous et moi, avec leurs qualités mais aussi leurs défauts, devint peu à peu une puissance civile, financière et politique tout autant que morale. Toutes les dérives étaient en place pour conduire à la Révolution. Pourtant, s’il ne faut pas ignorer les excès de toutes sortes  comme la funeste inquisition, il ne faut pas non plus jeter aux oubliettes le rôle civilisateur qu’elle joua alors. Ne vivons-nous pas aujourd’hui encore sur les bases  de ce cadre vieux de deux mille ans, depuis nos longs week-ends de transhumance jusqu’aux préceptes des Droits de l’Homme ? L’enseignement du livre, les Évangiles, que prêchèrent Pierre et ses successeurs portait en lui l’individualisme qui structure aujourd’hui notre société. Aussi, nombre des règles établies il y a mille ans et plus sont-elles naturellement  tombées en désuétudes. Il appartiendra à cette église de s’adapter si elle veut perdurer. Nombres de changements pourraient intervenir sans toucher en rien à sa raison d’être : aimez-vous les uns les autres. On parlera d’utopie ? Peut-être ! Mais l’Histoire montre que les civilisations qui oublient leur passé et perdent leurs rêves égarent leur âme et disparaissent ! (© Roland bosquet)

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