Les dormants - Jonathan Munoz

Publié le 20 mars 2013 par Litterature_blog
Une BD qui met en scène un personnage en manque de sommeil, je ne pouvais pas passer à coté. Bon, lui est victime d’insomnies et moi d’un petit bout de bonne femme de 3,5 kg mais le résultat est le même. Quand l’histoire commence, notre héros est donc à la recherche de tranquillité. Des jours, peut-être des mois ou des années qu’il n’a pas dormi. L’origine de son mal lui est inconnue. Il faut dire qu’en plus il est amnésique… Bref, quand il débarque à Bouddumonde, il pense enfin avoir trouvé un havre de paix. Manque de bol, les autochtones n’aiment pas, mais alors pas du tout les étrangers. Résultat, l’insomniaque est arrêté et emprisonné sans raison par le shérif local. Il devra son salut à une étrange gamine qui endort instantanément toutes les personnes dont elle s’approche. Toutes les personnes sauf lui, forcément, puisqu’il ne dort jamais. Du pain béni pour la gamine. Enfin quelqu’un avec qui elle peut parler ! Ce drôle de duo s’installe dans une cabane perchée en haut d’une colline. La jeune fille tente de faire retrouver la mémoire à l'insomniaque, mais les souvenirs qui remontent peu à peu sont des plus douloureux… 

Quelle étrange atmosphère ! Déjà remarqué avec Un léger bruit dans le moteur, Jonathan Munoz récidive avec cet album pour le moins surprenant. La narration laisse planer un voile de mystère qui ne se dissipe qu’à la toute fin. C’est sombre, brumeux, parfois angoissant. Belle trouvaille que cette étrange localité appelée Bouddumonde dont les habitants ne sont pas sans rappeler les bouseux que l’on croise dans les romans américains se déroulant au fin fond du Texas ou de la Louisiane. Certains trouveront sans doute la fin un peu trop ouverte et manquant de clarté mais il me semble au contraire que cette « opacité » ouvre la porte à différentes interprétations, ce qui n’est pas pour me déplaire.


Le trait de Munoz est nerveux, parfois proche du crayonné. Le travail sur la couleur magnifie l’ambiance générale, les tons gris, bleu et ocre faisant peser une chape de plomb sur un décor privé la plupart du temps de luminosité.
Je suis ravi d’avoir découvert l’univers quelque peu torturé de ce jeune auteur. Et même si je conçois tout à fait qu'un tel album puisse laisser plus d’un lecteur de marbre, j’ai de mon coté grandement apprécié cette histoire que je qualifierais volontiers d’« envoutante ».
Les dormants de Jonathan Munoz. Cleopas, 2013. 102 pages. 19,85 euros.