L'acouphène enfin démasqué par l'IRM!

Publié le 20 mars 2013 par Harmonic777888 @phbarraque

Les chercheurs du Centre de Recherche du Cyclotron de l’Université de Liège ont pu observer et étudier les acouphènes grâce à l’imagerie par résonance magnétique nucléaire. Les dysfonctionnements constatés au niveau du cortex sont révélateurs de l’ampleur de ces bruits auditifs et des multiples interactions qui rendent leurs traitements si difficiles, car dépendants du vécu de chaque patient souffrant de ces symptômes plus ou moins gênants.

Parmi les personnes acouphéniques, 10 à 20% s'en plaignent et sont confrontées à une altération de leur qualité de vie. Dans ce cas, l'acouphène peut drainer dans son sillage des troubles psychiques plus ou moins importants.

Ces chercheurs ont entrepris d'enregistrer l'activité cérébrale de 28 sujets, dont 13 souffrant d'un acouphène unilatéral ou bilatéral. Cette acquisition se réalisa en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle alors que les sujets étaient au repos, c'est-à-dire allongés dans le scanner sans aucune tâche à effectuer et pouvant donc laisser vagabonder leurs pensées.

 Cette technique d’IRM permet de dégager l'activité « brute » du cerveau au repos et d'en extraire ensuite l'activité de divers réseaux particuliers liés notamment aux sens. L'objectif était de déterminer quelles différences de connectivité fonctionnelle pouvaient présenter le réseau auditif de patients avec acouphène par rapport aux autres sujets. L'expérience révéla que de telles différences existent bel et bien, ce qui corrobore les données d'études effectuées selon d'autres protocoles : électroencéphalogramme, tomographie.

Ces différences de connectivité concernent à la fois des régions corticales et sous-corticales et englobent les systèmes attentionnel, émotionnel et mnésique. En effet, les patients très focalisés sur leurs acouphènes ont leurs réseaux attentionnels et émotionnels qui s’activent davantage et interagissent avec les aires auditives.

Quant aux régions impliquées dans la mémoire, telle la région parahippocampique, on pense qu'elles "décident", après comparaison avec l'ensemble des sons répertoriés comme habituels, si un son subjectif comme l’acouphène doit être étouffé ou traité plus en profondeur, car reconnu comme un danger potentiel à mettre en évidence. Il est probable que cette mise au premier plan sonore s’accentue et monte en décibels puisque ce signal d’alerte n’est pas résolu, et pour cause.

Les acouphènes correspondent la plupart du temps à des bruits de 10 à 30 dB, mais ils peuvent monter jusqu’à 80 dB et plus, une conversation normale se situant à environ 55 dB. Chez les personnes qui « font avec » intervient un phénomène d'habituation : le cerveau filtre les informations parasites, de sorte que les acouphènes se circonscrivent au niveau de l'inconscient. C’est un mécanisme similaire au fait que notre attention n’est pas attirée en permanence sur le son du réfrigérateur ou le frottement de nos vêtements sur la peau.


 Sauf pour les acouphènes objectifs dont la cause est clairement identifiée (hypertension, neurinome, troubles vasculaires, surdité, etc.), il n'existe aucun paramètre clinique permettant de mesurer l'intensité d'un acouphène dit « subjectif », sans possibilité de diagnostic par le praticien. Dès lors, celui-ci n'a d'autre choix que de s'en remettre à l'évaluation subjective du sujet acouphénique. Si on demande à un patient de situer l'intensité de son acouphène sur une échelle allant de 0 à 10, son estimation reflétera plutôt la manière dont il le perçoit, sa capacité à l'éloigner ou non du champ de sa conscience, que son intensité sonore effective.  

Malheureusement, certaines personnes échappent au phénomène d'habituation et en viennent à considérer leur acouphène comme une déficience. Il n'est pas rare que ce bruit auditif se soit développé sur un terrain de fragilité préexistant fait d'anxiété, de stress ou de dépression, ce qui tend à en rendre sa perception plus négative. Dans certains cas son intensité est telle qu'il devient insupportable à vivre. Des sections chirurgicales du nerf auditif ont été tentées, mais sans résultat significatif. Initialement, on croyait en effet que les acouphènes résultaient exclusivement d'un dysfonctionnement localisé au niveau de l'oreille, alors que tout indique aujourd'hui que le problème est essentiellement neuronal.
Les acouphènes chroniques sont malaisés à traiter, d'autant, rappelons-le, que leur étiologie est souvent incertaine. En cas de perte auditive conjointe, le port d'un appareil auditif peut améliorer la situation de façon substantielle parce que la transmission d'une meilleure information sonore restimule les processus d'inhibition au niveau du cortex cérébral.


Les prises en charge globalement les plus efficaces des acouphènes et de l’hyperacousie sont en premier la thérapie sonore (bruits blanc, rose, brown) et les thérapies cognitives comportementales dont le but est de transformer la perception consciente des parasites en une perception inconsciente.


Une autre technique très prisée est l'autohypnose (par ex. le CD Stop Acouphènes™, tome2), qui a pour objectif de permettre au sujet de moduler ses sensations, de les maîtriser et de parvenir ainsi à rejeter l'acouphène dans l'inconscient.


Une autre constatation : le silence est un des principaux ennemis de la personne souffrant d'acouphène. Il faut donc éviter ce type de confrontation lié à l'isolement par la diffusion en continu et en fond sonore de bruits thérapeutiques, afin de faire obstacle à une focalisation sur les sons parasites. Leur prêter une attention de tous les instants n'a d'autre effet que d'en accroître les désagréments.

 CD de thérapie sonore : www.stop-acouphenes.fr

Philippe Barraqué

musicothérapeute

docteur en musicologie

Le blog des acouphéniens

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