Allô patients allogreffés ? – Webzine de l’AP-HP

Publié le 23 mars 2013 par Santelog @santelog

À compter du printemps 2013, le service d’hématologie de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), dirigé par le Pr Mohamad Mohty, mènera une expérience novatrice : offrir à des patients de retour à domicile après une greffe de moelle osseuse la possibilité d’avoir un suivi téléphonique post-greffe. Le procédé est soutenu par une subvention unique de la Ligue contre le cancer d’Île-de-France.

En quoi ce service est-il innovant et quels en seront les bénéfices pour le patient ?

Après une hospitalisation d’un mois environ pour la greffe elle-même, le patient allogreffé (c’est-à-dire qui a reçu un greffon d’un autre donneur) nécessite un suivi en ambulatoire pour surveiller son état de santé et prévenir les risques graves comme les infections, le rejet et les autres complications telles que l’insuffisance rénale ou les troubles nutritionnels. « Jusqu’à deux ou trois fois par semaine alors qu’ils habitent loin pour certains », rappelle le Professeur Mohty, « ces malades sont obligés d’aller à l’hôpital. Rien jusqu’alors ne leur permettait de limiter leurs déplacements et de profiter dans le même temps d’un suivi de qualité ». Pour autant, il n’y a pas de logique de substitution et le patient peut être rassuré. Mohamad Mohty confirme que « le suivi téléphonique sera proposé en complément de visites régulières en hôpital de jour. Moins nombreuses, certaines de ces visites seront maintenues pour conserver le contact avec les soignants et réaliser les examens cliniques et biologiques nécessaires ».

Quels seront les malades concernés ?

Le professeur Mohty insiste : « rien ne sera imposé au malade ». Au cours d’un entretien préliminaire à l’intervention pour la greffe, le consentement du patient sera recueilli et le suivi sera adapté au cas par cas. Mais tous les patients ne seront pas concernés. « À ce stade encore expérimental, grâce à son expertise, le corps médical devra s’assurer qu’un suivi téléphonique est bien indiqué. Il devra sélectionner les patients selon certains critères médicaux et non-médicaux, comme la maîtrise de la langue française, indispensable à l’opération telle qu’elle est conçue pour l’instant », ajoute le chef de service. Au total, une trentaine de patients devraient être inclus. En complément de l’évaluation médicale qui sera réalisée par l’équipe soignante (sur le taux de complications notamment), ces malades seront rapidement sollicités pour évaluer leurs bénéfices par le biais d’un questionnaire de satisfaction. « L’amélioration de leur qualité de vie ou la diminution de leur niveau de fatigue seront des éléments essentiels de cette évaluation », précise Mohamad Mohty en ajoutant qu’« une évaluation précoce du suivi est capitale pour en améliorer la performance ».

Comment ce suivi s’intègre-t-il dans le dispositif de soins existant ?

Sous l’égide du docteur Marie-Thérèse Rubio, responsable de l’activité greffe du service, le suivi téléphonique trouvera sa place dans le dispositif existant sans le remplacer. « Une infirmière référente, ayant une bonne connaissance des problématiques spécifiques aux allogreffes de moelle osseuse, sera désignée pour assurer ce suivi téléphonique sous la responsabilité de l’équipe médicale », explique le Professeur Mohty. Un questionnaire comportant des critères médicaux, psychologiques, sociaux et portant sur la qualité de vie lui permettra de juger à distance si l’état de santé du patient est satisfaisant ou s’il nécessite un retour à l’hôpital. Au-delà du premier trimestre post-intervention, qui est « la période potentiellement la plus risquée pour le patient », rappelle Mohamad Mohty, le suivi traditionnel reprendra son cours. « Ainsi transformé, le suivi du patient allogreffé devrait libérer du temps et des ressources pour d’autres patients en attente de soins et alléger les coûts pour la collectivité et certains malades », espère le chef de service. Si le projet est un succès, sa pérennisation sera conditionnée par l’obtention de nouvelles sources de financement internes et/ou externes.

Auteur : Anne PERETTE-FICAJA

Source : Allô patients allogreffés ?

Contact: service.presse@sap.aphp.fr

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