Pas de bilan cette semaine, plutôt une grosse confession

Publié le 24 mars 2013 par Lheureuseimparfaite @LImparfaite

▲Depuis une semaine, je suis à la fois soulagée et en même temps angoissée.

J’ai enfin rendez-vous chez le médecin expert.

Et le mois prochain la commission va enfin statuer sur mon sort.

C’est bien, j’ai besoin de savoir et d’être fixée.

Et en même temps ça me fait mal au ventre.

Je n’ai pas envie de raconter à un inconnu par le menu toutes les phases par lesquelles je viens de passer et celles que je traverse encore.

J’ai l‘impression de devoir justifier le mal être et les tourments que j’ai pu traverser. Comme si j’avais à justifier de ma détresse et des moments pénibles que j’ai pu connaître.

Bref en fait je suis morte de trouille. Ça me tétanise et m’empêche d’écrire. En panne totale d’inspiration ces jours-ci et en manque d’élan et d’allant.

Je suis comme bloquée en attendant d’être fixée sur mon sort.

Ces inconnus qui vont décider, sans me connaître vraiment, si mon arrêt de travail était légitime ou non.

▲ Je ne vous en ai pas parlé jusqu’ici puisque j’estime que cet espace est avant tout réservé aux petits et aux grands bonheurs de la vie…

Ce blog c’est ma meilleure thérapie, l’endroit où je peux rencontrer des gens formidables, des talents de toutes les origines, des amitiés épistolaires et sincères.

Je vous ai déjà confié que j’avais connu de longues années de troubles alimentaires (d’ailleurs il y a des jours où je me demande « boulimique un jour, boulimique toujours ? » car même si je ne connais plus de crise de gavage alimentaire, j’ai toujours cet immense besoin, cette immense faim de me remplir que ce soit avec des mots, des images, des sons, des émotions et des bricolages diverses, il faut toujours que je me remplisse et que je comble un certain vide intérieur).

Je crois que je suis à la fois quelqu’un de très équilibré et de beaucoup trop sensible, je peux être forte dans des situations difficiles, dans des situations de crises et pourtant je reste aussi très fragile et prompte à m’effondrer face à des désagréments mineurs…

Je vous ai aussi déjà confié de façon superficielle ma peur de ne pas être la hauteur dans mon travail et de l’image de respectabilité que je me dois d’avoir (et donc la difficulté qui se pose face aux tatouages qui pourraient être visibles)…

Cette année j’ai dû arrêter de travailler. Voilà c’est dit. Je n’étais plus capable de travailler. J’avais trop honte de mon travail et je ne voulais pas rester en poste et ne pas délivrer aux élèves un travail de bonne qualité, je ne me sentais plus en mesure d’exercer correctement la tâche qui m’incombait

Au moins de juillet dernier je me suis mise à grincer des dents. Terriblement. De jour comme de nuit. Au point que je me réveillais chaque jour avec la mâchoire douloureuse d’avoir trop serré la mâchoire la nuit… Cela s’appelle le bruxisme. Charmant. Mais surtout signe de stress.

Et puis les choses ne sont pas allées en s’arrangeant. Au mois d’août je me suis mise à avoir des crises de larmes et des montées de tristesse inopinées qui se produisaient à tout moment de la journée, sans raison particulière, sans prévenir. Sans parler de la fatigue. Une fatigue immense, incapable de me lever le matin alors qu’on ne pouvait pas être plus en vacances que je ne l’étais !

Septembre, la rentrée scolaire. Pleine de bonnes résolutions et contente de retourner en cours… Sauf que les crises de larmes se sont poursuivies, que les insomnies se sont installées et que tout cela à redoublé d’intensité le mois suivant.

J’avais des petites plaques rouges et sèches sur le visage qui étaient apparues pendant l’été. Elles se sont étendues et ont perduré pendant plus de cinq long mois. Il a fallu un traitement aux antibiotiques (pendant 1 mois) et une crème contre la rosacée pour en venir à bout… Encore une charmante conséquence du stress.

▲J’avais besoin d’aide pour tenir le coup. Ce qui m’a amenée à retourner consulter un nouveau psy, ce qui m’a aussi amenée pour la première fois de ma vie à demander de l’aide à une assistante sociale…

Je ne voulais pas et puis finalement j’ai accepté de reprendre un traitement antidépresseur. Parfois j’en ai honte. Je me trouve trop faible et pas assez courageuse. Et puis j’ai peur aussi. Peur de ne jamais arriver à m’en passer, peur que ça me suive toute ma vie. Parce que j’en ai pris pour la première fois à l’âge de 17 ans et que j’en ai le double aujourd’hui et que j’en ai de nouveau besoin. Peur aussi que cela inscrit dans mes gènes, peur de ressembler aux mauvais côtés de mon géniteur (dépressif et alcoolique)… Peur que ça me colle la peau et de ne pas arriver à être heureuse sans.

La reprise d’un traitement et les consultations n’ont pas suffi… L’hiver arrivant, le stress a juste continué à enfler à l’intérieur et ma confiance en moi a elle juste continué à s’effondrer. Sans parler du deuil que je n’ai pas encore réussi à faire de cet enfant que j’ai avorté. Je déteste ce mot et je déteste ce souvenir. Il paraît qu’une femme sur deux connaît ou connaîtra au cours de sa vie une IVG. Ce chiffre me froid dans le dos. Et je ne sais pas comment elles arrivent à surmonter cet épisode là de leur vie

▲Avant je croyais que mon pire souvenir resterait lié à des TS et à leurs réveils douloureux à l’hôpital. Perdu. Ce n’était rien face à la difficulté d’accepter ce geste. Je me suis traitée intérieurement de tous les noms quand c’est arrivé. De meurtrière, d’assassin. Je me suis haïs au plus haut point. Et là j’ai encore la gorge nouée en y repensant.

Il paraît aussi qu‘il ne faut pas avoir de regret. Pourtant je ne peux pas m’empêcher de regretter ce geste, cette décision. Même si c’était la chose la plus raisonnable à faire. J’aurais voulu, une fois de plus, être plus courageuse…

▲Alors voilà. J’ai arrêté de travailler. Sur le conseil de l’assistante sociale. Avec l’appui de mes médecins. J’ai fait au mois de décembre ce que l’on appelle une demande de congé longue maladie. Je ne l’ai pas accepté tout de suite. Pas envie d’être une feignasse ni une profiteuse ou un quelconque parasite…

  • Depuis je ne pleure plus tous les jours.
  • Il m’arrive même de sourire et c’est très agréable mais encore bien rare.
  • Les insomnies sont toujours présentes mais nettement moins fréquentes et moins intenses.
  • Le bruxisme fait des allers et retours. Des petits coups de reviens-y de temps en temps.
  • Et surtout je suis un peu sortie de mon isolement et de ma solitude. J’irais jusqu’à dire que j’ai progressé en matière de sociabilité…

Quatre mois que je ne bosse plus, on pourrait donc légitimement s’attendre à ce que je sois en pleine forme. D’ailleurs je ne demanderais pas mieux.

Je reprends dans deux mois et je me demande si je serai prête.

J’ai envie de faire mon travail correctement.

Je rêve d’être à la hauteur, de produire des cours motivants, intéressants. De gérer correctement mes progressions. De ne plus rentrer totalement vidée et épuisée à la maison en ne pensant qu’à aller me coucher au plus vite.

▲Et avant de reprendre j’attends donc le verdict de la commission… Verdict qui va déterminer ce qui m’attend financièrement.

Deux options se présentent à moi.

Soit je me retrouve dans une jolie m*** noire avec grosso modo 900€ par mois (ce qui représente un peu moins que mes frais fixes mensuels) soit l’amputation réalisée sur mon salaire me sera restituée et donc je n’ai qu’à bien serrer les fesses pendant quelques mois avant que la situation s’arrange…

Ce qui m’ennuie doublement dans le cas où la commission me refuse cette demande de congé longue maladie, c’est que non seulement je le sens gros comme une maison, je risque de me sentir encore bien nulle et minable mais en plus j’aurai gagné de sympathiques soucis financiers.

▲Donc en fait je m’en fous juste pas mal d’être canon ou non cet été. C’est plus un objectif bidon pour m’empêcher de penser à ce qui me préoccupe vraiment sincèrement.

Au plus profond de moi, s’il y avait un défi que j’aimerais vraiment relever c’est d‘être un professeur à la hauteur. Je rêverai aussi d’avoir l’énergie et la motivation nécessaire pour être capable de présenter sérieusement l’agrégation de SVTU…

Quant à fonder un jour une famille, j’ai souvent peur qu’il soit trop tard pour cela et d’être définitivement irrécupérable et trop encline à la dépression pour plaire à un mec vraiment bien…