Mais c'est de l'Hexagone dont je veux vous parler.
En 1992, l'ancien pilote de course, chanteur, dirigeant d'un groupe d'entreprises (notamment sportives), dirigeant d'un club de football, animateur de télévision, écrivain, homme politique, acteur et actuel homme d'affaires, gérant du Groupe Bernard Tapie, Bernard Tapie est ruiné.
Les recours de Bernard Tapie ne donnent dans un premier temps aucun résultat. Tous ses biens sont saisis et il est mis en faillite personnelle, entraînant immédiatement son inéligibilité pour sept ans.
Alors que le Crédit lyonnais tente de récupérer tous les titres de Bernard Tapie Finance, dans le milieu parisien des affaires se répand l’information selon laquelle Robert Louis-Dreyfus, le nouveau propriétaire d’Adidas, aurait fait une superbe opération en rachetant Adidas avec l’aide du Crédit lyonnais. S’intéressant à la transaction, Bernard Tapie découvre que Robert Louis-Dreyfus a fait l’acquisition d’Adidas selon un montage tout à fait curieux de prêts à recours limités et à taux d’intérêt quasi nul : c’est le Crédit lyonnais qui finance l’acquisition en prêtant les sommes requises à Robert Louis-Dreyfus avec un taux d’intérêt symbolique, et qui assume le risque financier, Robert Louis-Dreyfus ayant la faculté de finaliser l’achat (lever l’option) auprès des fonds offshore à qui Adidas appartient désormais pour plus de quatre milliards de francs en cas de confirmation du redressement de l’affaire.
Bernard Tapie, dont l’expérience des affaires est longue, comprend immédiatement à la lecture de ce montage qu’il s’est fait berner : jamais le Crédit lyonnais n’assumerait seul un risque financier de deux milliards de francs, surtout pour ne gagner que des intérêts symboliques, s’il ne profitait pas de la revente elle-même : selon lui, le Crédit lyonnais a donc en réalité porté les titres Adidas à travers les structures offshore à qui la société appartient désormais, et c’est lui qui encaissera la plus-value réalisée entre les deux milliards de francs donnés à Bernard Tapie Finance et les quatre milliards de francs payés par Robert Louis-Dreyfus.
Bernard Tapie engage donc des avocats pour porter l’affaire devant les tribunaux, mais comme l’avait prévu le Crédit lyonnais, il n’a plus de prise sur l’affaire : c’est le Crédit lyonnais qui a récupéré ses actions de Bernard Tapie Finance ; or, seule Bernard Tapie Finance ou ses actionnaires peut porter plainte.
Plusieurs y ont vu un retour d'ascenceur de la part de Nicolas Sarkozy par rapport au soutien de Bernard Tapie lors des Présidentielles 2007.
A l'issue de l'audience, l'actuelle directrice générale du FMI pourrait être mise en examen.
C'est-à-dire être inculpée.
Son ami Sarko vient de l'être vendredi dernier.