Qui peut me prêter un titre ? je n'en trouve pas.

Publié le 27 mars 2013 par Petistspavs

Hier, c'était la merveilleuse soirée Benjamin Biolay au Casino de Paris. La superbe. Comme j'ai aimé l'aimer. Tout en BB me plait, je suis un inconditionnel et je me pacserais volontiers avec. L'allure, la douceur, la richesse des sentiments et des sensations, le velouté de la voix, des choses dites. Au delà des oripeaux du star-system qui m'écoeure, voici une belle et bonne personne qui sait embellir par sa présence une soirée, une vie, qui sait en vous touchant l'oreille, vous caresser le coeur.
Un des (très nombreux) titres  de cette histoire très sentimentale avec BB qui, ce mardi, m'a bouleversé (aurai-je le ridicule de dire Jusqu'aux larmes ? BB sait revenir, caresser votre oreille et votre coeur et vous donner envie (une envie joyeuse) de revenir à ces paroles, à ces accords parfaits, comme on dit dans la théorie musicale.

Ciné musique.

Ce vendredi, nous sommes allés à la Cité de la Musiquepour un ciné-concert de luxe, soirée en lien avec l'expo Musique et cinéma. Ce soir-là, la Cité a vraiment assuré, présentant une réorchestration par Michael Nyman du presque trop notoire Le Cuirassé Potemkine, le Grand film malade (on peut plaisanter, non ?) de Sergei Michailovitch Eisenstein. Etaient confrontés LE film par excellence et une partition puissante, inspirée et nullement effarouchée par la musicalité extrème du film chef d'oeuvre lui-même. E. a admis que la partition était trop puissante pour ne pas écraser le film, projeté dans son format carré d'origine.
Il est vrai que la musique, interprétée sous l'écran par une formation survitaminée, pouvait avoir un effet écrasant sur LE plus grand film du monde, mais qui n'est, en fait, que le seul extrait existant d'un projet plus vaste confié à Eisenstein pour célébrer (on est en 1925) l'anniversaire de la révolution (avortée et réprimée dans le sang) de 1905, évidemment révérée par les Bolchéviques d'alors en tant que répétition générale de la Grande Révolution Prolétarienne de 1917.


J'avais vu Potemkine plusieurs fois. Comme les autres films d'Eisenstein, quand on aime le cinéma, on ne mégote pas avec ge genre de monument. Les images en sont simples, pas encore marquées par l'expressionisme du grand cinéma de la fin des années vingt, du début des années trente (Allemagne, France, USA ici confondus dans une esthétique qui semblait aller de soi). Quand bien même je préférerai toujours Alexandre Nevski (avec l'extraordinaire Nicolaï Tcherkassov), film expressionniste s'il en est, découvert comme à la maison, dans un ciné-club que j'animais, Potemkine est dans l'histoire du cinéma un moment unique, donc non reproductible.
Vous avez remarqué qu'il n'y a pas de cinéma russe avant la Révolution ? Cette révolution, conduite par des intellectuels comme V. Lénine et L. Trotski, sans oublier Kamenev, Zinoviev et tous les autres, qui seront fusillés à l'issue de procès à la Ubu dans les années trente, avait voulu faire entrer la vieille et éternelle Russie (aussi figée dans un glorieux passé qu'un feuilleton anglais actuel) dans la modernité. Le cinéma, donc. (comme, il faut l'admettre, l'art en général, le théâtre et la littérature, mais de tous, le cinéma était le concept  de la plus grande modernité). Et ce sera, certes Eisenstein, mais également Dovjenko, Dziga Vertov et autres (dont Mikhail Kalatozov qui survivra suffisamment pour réaliser entre 1960 et 1963 Soy Cuba, un des plus beaux films que j'ai eu la chance de voir, après avoir su toucher le public, notamment féminin, avec Quand passent les cigognes, chef d'oeuvre primé à Cannes dont certain(e)s se souviennent peut-être) qui vont révéler au monde que le cinéma est autre chose qu'un phénomène de foire et la jeune république soviétique, autre chose qu'un ennemi à abattre.


L'apport essentiel (car il y en a eu d'autres) de SM Eisenstein a été d'imposer le montage comme un art, comme le geste créatif par excellence du cinéaste. Et le montage incroyablement précis et rapide de Potemkine (n'oublions pas qu'en 1925 les caméras pesaient des tonnes et étaient aussi mobiles que la Tour Eiffel), quand on en revoit le résultat, ringardise le montage souvent hystérique d'Hollywood aujourd'hui, fondé sur les concepts  techno les plus avancés et selon lequel, au-delà d'un plan de 4 secondes, le spectateur s'endort sur des sucreries dégueulasses et le téléspectateur zappe en rotant sa bière. Pourquoi, en 1925, le montage d'Eisenstein est aussi rapide ? Je n'en sais rien, mais je pense qu'il avait compris, avant les américains, que le cinéma est mouvement, vélocité, et qu'un plan rapide doit être la conséquence logique de celui qui précède, le film avançant, comme le dira si joliment Truffaut (La nuit américaine), comme un train dans la nuit.
Moins abouti que les chefs d'oeuvre qui allaient suivre (notamment, le scénario est assez difficile à suivre pour le (la ?) néophyte), Potemkine en est le génial brouillon.
Et, je le répète, la partition de Michael Nyman, ce soir, magnifiait l'image, son mouvement, ses effets de dramatisation. Nerveuse mise en son d'un film nerveux auquel la Nouvelle Vague française est redevable.
Sans faire de pub, si vous souhaitez vous familiariser avec ce film fondateur, prenez le DVD de MK2 (version allemande de 2005, celle diffusée à la Cité de la Musique) plutôt que tout autre. La version orchestrée par le, par ailleurs, très honorable Chostakovitch, validée par les autorités soviétiques en 1976, est une sorte d'arnaque politique et esthétique (que je possède dans ma vidéothèque, je m'en exdcuse vivement).

Nous, on est pas des Charlots.

Toutes les semaines on voit des films, on aime, on aime pas, on distribue des étoiles aux films qu'on a préférés et pas aux autres. Les  étoiles du cinéma, ici, sont des Charlots, qui ne sont pas comme nous, car nous on est pas des Charlots. Plus on a aimé, plus il y a d'étoiles (jusqu'à cinq, le Grand Jeu) et plus on vous invite à nous suivre dans le plaisir du film.


CAMILLE CLAUDEL 1915 de Bruno Dumont (France)

Chroniqué ici la semaine passée, ce film a fait dire à un des critiques du Masque et la plume,
Alain Rioux, qui n'est pas un tendre, que c'était peut-être la plus belle chose qu'il ait vue
de sa vie
. Dans le prolongement des interrogations sur la foi, le surnaturel,
les forces telluriques présentes dans le magnifique Hors-Satan,
Bruno Dumont épure, épure et donne à sa génération une leçon de cinéma.
Et la Binoche est éblouissante, comme au temps de Léos Carax.
Rater ce film est rater sa cinéphilie (du grec, etc.).

LA FILLE DE NULLE PART
de Jean-Claude Brisseau (France)

J'ai déjà dit le bien que je pensais de ce film qui peut encore être vu.
Brisseau aurait-il eu envie de faire son chef d'oeuvre ?

LES MISERABLES de Raymond Bernard (France, 1934)


J'ajoute aux films "Cinq Étoiles" de la semaine ce monument qui peut encore être vu
à La Filmothèque du Quartier Latin, à Paris, bien sûr, mais qui pourrait tourner dans les semaines
à venir dans les ciné-clubs, dans certaines salles d'art et essai, certains festivals.
On ne voit pas tous les jours une oeuvre alliant aussi harmonieusement
ambition esthétique et humanité sur grand écran.

QUEEN OF MONTREUIL de Solveig Anspach (France, Montreuil)


Il arrive que le cinéma soit réjouissant, qu'il transforme la tristesse en bonheur,
même en montrant une histoire triste, mais justement... Faire son deuil, c'est difficile,
mais à Montreuil, en tout cas, ça peut se transformer en fête.
Ce film est très largement l'oeuvre de ses acteurs, français ou islandais, ou autres.
J'éprouve une addiction particulière pour Florence Loiret-Caille, son drôle de nom
et sa drôle de frimousse. Mais pour qui ne connait pas Didda Jonsdottir, avec sa tronche
de Chet Baker junky, (qui a dit pléonasme ?), son blouson vert et son sourire à faire fondre
les neiges d'Islande, Il faut courir la découvrir. Ce film fait du bien.

LES COQUILLETTES de Sophie Letourneur (France)


Trois Charlots pour ce film qui est une vraie déception,
car, si Sophie Letourneur montre à nouveau une belle maîtrise du cinéma, cette fois
ça ne suffit vraiment pas. C'est à l'occasion de la présentation à Locarno
de son merveilleux court-métrage, Le marin masqué, qui semblait inventer
une nouvelle grammaire cinématographique faite d'auto-dérision, d'images faussement cheap,
très travaillées, de constantes contradictions entre l'histoire contée par une voix-off genre
Nouvelle vague et le récit révêlé par l'image noire et blanche,
genre : ne croyez pas tout ce qu'on vous raconte,
vous êtes au cinéma. Or le cinéma doit montrer, pas raconter.
Les coquillettes reprend les mêmes principes que le marin squéma, mais en couleurs criardes et m'évoquent
ces paroles de Marx, à l'ironie cruelle : l'histoire ne se répète jamais qu'en farce.
Là où Le marin masqué était éblouissant (on n'avait plus montré au cinéma
des pouffes aussi empathiques depuis Les bonnes femmes de Chabrol),
Les coquillettes se borne à exhiber des poupées girly manucurées, dont la lose constante
est sans doute sympathique, mais dont le pathétique peine à émouvoir.
Une sorte de grand rien du tout masturbatoire. Sophie, tu as du talent, reviens.
Mais écris un scénario avant de le filmer. On t'aime.

Toute pour la musique (bis)

J'évoquais dans le dernier billet la chanteuse de jazz coréenne Youn Sun Nah dont je savais bien peu de choses. La critique publiée par Télérama de son nouvel album, Lento (ma dernière et enthousiasmante acquisition musicale) m'en a appris beaucoup. Je vous la mets en lien ICI. Elle est signée Michel Contat.
J'ai le disque, il tourne en permanence sur mon pick-up. Enfin, le machin bourré d'électronique qui complète ma télé et auquel je ne comprends rien. C'est juste aussi beau et tranquille que le silence.

Mon petit salon du livre : Les indécidables (bis)

A propos de la publication du deuxième roman de Sophie Maurer, Les indécidables (Fiction & cie, Le Seuil, 2013), je m'étonnais mercredi dernier que la presse qui sait lire ne s'en soit pas faite l'écho, mettant en cause, notamment, Le Monde. Mea culpa, Le Monde des Livres avait publié le 15 mars l'article que vous trouverez ICI en lien (merci S. et mes excuses au Monde). Pas grand chose depuis dans la presse, je vous tiens au courant.

Je commence la lecture des indécidables et j'avoue être, immédiatement, sous le charme. Ce texte suppose une lecture au rythme lent, apaisé, je ne m'imagine pas le parcourir dans le métro. J'y consacre des moments où l'abandon du corps et de l'esprit est possible, me laissant gagner par une sorte d'harmonie hypnotique. On est dans le réel, dans le questionnement, mais aussi dans une sorte d'absence, d'imaginaire très musical, très mélodieux. Sophie Maurer réinventerait-elle un réalisme poétique pour notre temps ?
Ca commence comme ça : "Nous nous disions alors : à eux l'ordinaire des choses, à nous leur éclat. A eux la platitude, la matité, le mur du fond, à nous les reliefs et les reflets, la perspective infinie, ni sol ni plafond, toutes les réverbérations.  À eux  l'univers en parcelles, en secteurs en tableaux, à nous la vue d'ensemble, le monde dans sa totalité ni appauvri ni condensé, entièrement là, intégralement au bout des doigts."

Je poursuis ma lecture et vous tiens au courant.

Trois jours à la Cinémathèque française avec Christine Pascal


Trois jours, c'est un peu court, surtout coincés dans un week-end... disons prolongé, où les occasions de faire autre chose que voir des films ne manqueront pas. Mais revoir Christine Pascal, revoir sa fragilité, la douceur de son visage, ses yeux rieurs, ses yeux ouverts. Revoir aussi son énergie, sa détermination, son courage de femme, d'actrice et de cinéaste. Je pense à une certaine scène des Enfants gâtés de Bertrand Tavernier où elle semble tout donner. Je pense à son personnage émouvant de jeune catin du Régent dans Que la fête cpmmence, du même Tavernier (qui, malheureusement ne sera pas diffusé au cours de ces journées). Je les revois, Elle et la Huppert, presque gamines, à l'âge où Les indiens sont encore loin. Je me souviens avoir trouvé injuste qu'elle soit mise en prison dans L'horloger de Saint-Paul (Tavernier encore). Et de sa sereine dignité face aux provocations machistes un peu cruches de Patrick Dewaere dans La meilleure façon de marcher (Claude Miller).
J'ai curieusement peu de souvenirs de ses propres réalisations, ayant vu ces films à leur sortie mais plus depuis sauf, bien entendu, Le petit prince a dit, revu à la télévision.

La meilleure façon de marcher de Claude Miller

La mise au jour d'un film resté inédit, "Adultère (Mode d'emploi) : Journal d'un tournage" est apparemment le prétexte à cet hommage un peu court, mais qui a le mérite d'exister. Je vous conseille la lecture in-extenso du billet que Serge Toubiana a consacré à ce film sur son blog, à l'occasion d'une première projection au Saint-Germain des Prés. Je vous conseille même la lecture des commentaires, parfois instructifs, souvent émouvants, de proches de l'actrice-réalisatrices ou d'anonymes.

Bonne semaine et joyeuses Pâques. Moi je passerai Paques en famille. Ce qui ne me fait en rien oublier le concert de BB.