Art en chemin kanak par Michèle-Baj Strobel

Publié le 27 mars 2013 par Aicasc @aica_sc

ART EN CHEMIN KANAK

« Leur scepticisme n’est pas feint, il n’a rien à voir avec le cynisme de la modernité. Sur leurs visages lointains sont venus mourir les vagues de toutes les tempêtes qui ont balayé les consciences. Leur innocence n’est pas une inconscience » J.M.G. Le Clézio, Raga.

Sur le chemin , vers Tuho

CHEMINER EN KANAKY – NOUVELLE CALEDONIE

Les gens de la Grande Terre aiment s’asseoir sur une natte et c’est souvent ainsi qu’ils savourent le temps qui passe. Tout alentour, les grands arbres, la mer proche, la rivière, les bambous et les fleurs de la haie bruissent de mille signes de vie. Un même principe vital parcourt le temps du jour et, même si chaque chose semble exister séparément, les gens de la natte les sentent vibrer à l’unisson. Lorsqu’un étranger vient à passer, ils le saluent mais dans leur regard, une question qui voudrait lui dire : « As-tu ton arbre ici, d’où viens-tu, l’étranger » ? Qui a son arbre a son lieu, sa demeure, son ancêtre, son oncle ou son cousin. Sur la natte, les femmes tressent parfois les fibres de pandanus en des formes d’oiseau, de chapeau, de paniers minuscules ou d’éventails. Les paysages alentour sont habités, identifiés de longue date, parfois hantés par des défunts ou des esprits malveillants qui parcourent les lieux, en s’insinuant sous les roches, les souches mortes, aux franges de la nuit étoilée. Les esprits veillent, on ressent ainsi l’attention des humains, dans leur silence.
Apparemment aucune trace du monde moderne le long des sentiers verts aux voûtes épaisses. Tout nous invite à croire que la terre est un bien donné en un partage qui scelle un accord mystique entre les habitants des lieux et les esprits des ancêtres qui leur ont ouvert les voies. Est-il possible que ce soit précisément à travers cette force naturelle qu’ils se comprennent, s’échangent des signes et que c’est ainsi qu’ont été élaborées des manières de penser, de cohabiter ? Ces peuples installés sur cette île, parlant diverses langues, n’ont pas cessé de guerroyer entre eux, puis contre les envahisseurs blancs et ils continuent de lutter pour leur autonomie. Quel chemin ! Quel destin ! Que de drames sur cette grande terre où règne aujourd’hui ce calme, ce silence, ce vide parfois …
Il est d’usage de saluer ceux que l’on croise d’un geste de la main. Cette salutation de rigueur, quasi mécanique, est aussi une pratique d’évitement, une manière de tenir l’autre à distance, de lui signifier qu’il peut passer son chemin, étant reconnu comme familier ou comme étranger. Se déplacer, marcher le long de la voie est d’abord une manière d’être identifié par autrui. Par contre, peu de traces laissées de la main des humains. On apprécie particulièrement l’absence totale de publicités commerciales le long des routes. Mais ces dernières parlent pourtant de drames et de violence, car rares sont celles où l’on ne trouve pas de voiture abandonnée, brûlée, détruite, à moitié engloutie par les hautes herbes. Ces carcasses lamentables et rouillées défigurant les abords des chemins, signifient la violence des accidents, des blessures, des morts peut-être, la collusion, le drame en pleine quiétude végétale.

La force de la nature domestiquée, bien que foisonnante, semble dessiner la toile de fond de leur pensée profonde. N’y ont-ils pas inscrit leurs signes de fondation et les marques de leur identité ?

Rosée du chemin
Quand tu lèches le grand matin
Gonfle nos vies entre tes mains
Nous t’aimons libre

Rosée du chemin
Sans cesse tu renais
Dans la magie du monde aîné
Amour et longue nuit

Denis Pourawa, Entre Voir, les mots des murs, (Extraits)

La mer, première à ouvrir l’horizon, est parfois secouée d’une forte houle et les vagues engloutissent les eaux troubles et terreuses qui se jettent en elle, coulent en cascades des hauteurs ou serpentent le long des vallées. Puis vient la route, un long ruban noir parcourant l’île du nord au sud et parfois en traversée. D’évidence, cet asphalte si lisse, perturbe la densité des abords verts ; un ruban qui néglige les sites consacrés aux relations avec les invisibles, mais plus encore, il rompt l’unité ancienne et incise, en une brèche aigüe, cette masse compacte du temps végétal. Il se fraye un passage entre les jardins, bordés de haies sinueuses de crotons aux couleurs vives. Les espaces soignés, « débroussés au ras », les fleurs en bordure, quelques fruitiers et, nichés en leur secret, les demeures des humains. On les aperçoit à peine, le végétal fait écran, les maisons basses se devinent mais ne s’ouvrent jamais de front vers la route, elles sont repliées sur leur entour. Quelque chose dit que l’on se cache, que l’on cherche le retrait, l’évitement, l’abandon, la solitude :

« Cruelle
Nous voulons vivre de cruauté
Cruelle
Notre hymne à la vie
Cruelle
Nous désirons
Qu’est-ce que tu crois
Que nous sommes là pour t’apporter du bonheur… »

Denis Pourawa, Monde, La tarodière. (Extrait).

Par ci par là, le long de l’asphalte, un abri sommaire, appelé « petit marché » offre quelques fruits ou des coquillages à la vente ; pourtant personne n’est présent ; on vend par hasard, selon la cueillette : deux ou trois papayes, des citrons, des pommes lianes, sans doute parce qu’on en a trop… On ne vend ni taro, ni patate, ni igname. Ce n’est jamais la saison des racines pour l’étranger qui passe. On les garde pour soi. Pourquoi d’ailleurs échanger avec l’autre, qui n’a pas son arbre ici ? C’est entre soi que demeure l’échange :

A quoi me servent le respect et le partage ?
Mon peuple se meurt de mépris et d’insulte
Mon peuple se meurt de son magnifique rêve de
Paix et d’épanouissement
Adieu… »
Denis Pourawa, Névaréna, La tarodière. (Extrait).

Le long du chemin, un nom de « tribu » est indiqué sur un panneau en bois et l’on devine alors des maisonnettes à la dérobée, cachées, embusquées. Un étroit chemin y mène et le sol est un gazon ras ; il faut souvent grimper un léger talus, l’accès de la maison paraît sous contrôle de celui qui y habite, il voit venir. Les familles, installées de manière éparse dans les villages, disposent de terres et de ressources pour vivre quasiment en autosubsistance. Elles se rattachent à un ancêtre commun et sont liées entre elles au sein de groupes de filiation (lignage, clan) ; le site d’origine de l’ancêtre du clan est le plus souvent un tertre ou un terroir vénéré. Il est important de pouvoir circuler le long de la route et le long des sentiers car les trajets parcourus sont des marques d’alliance, des signes identitaires, et des références relationnelles qui fixent et élargissent le groupe sur son terroir. Plus haut, commencent les champs, les tarodières, les billons d’ignames, puis les savanes, les grands bois de pins colonnaires, les montagnes couvertes du velours ondulant des fougères et des lianes grimpantes, et plus haut encore, les terres sèches et nues des sommets inaccessibles.

« Les paysages appartiennent aux ancêtres, aux dieux innombrables ou aux défunts anonymes. » (Leenhardt, 1971: 117)

Avec quelques lectures, quelques regards et paroles échangés, l’étrangère comprend que ce paysage n’est qu’une partie visible de ce qui se joue ailleurs, dans une autre dimension. Le silence, une qualité de répartition des végétaux, l’alternance des grands arbres, des tombes fleuries, des haies colorées, invitent à comprendre que le chemin si bien domestiqué est aussi emprunté par des forces et des puissances qui viennent d’ailleurs, d’un autre monde.
Ce que Maurice Leenhardt appelle une « vision cosmomorphique » est perceptible dans cette faculté de faire corps avec une totalité du vivant :
« Les dieux dansent parfois dans le séjour souterrain, mais ils continuent toujours leur ronde avec les pierres et les arbres, dans les lieux arides, la nuit… » (Leenhardt, 1971 :117)

Il faudrait essayer de décrypter ce qui se ressent le long de ce chemin kanak. Deux mondes peuvent se côtoyer, celui des choses visibles, et tangibles qui sont à proximité, mais bien des phénomènes demeurent invisibles, lointains et pourtant efficients ; ils forment les deux versants du réel, car l’autre monde côtoie celui-ci sans se confondre avec lui. Ce qui nous dépasse est aussi ce qui nous entoure au plus proche ; nous avons besoin, disent-ils, du rôle des génies, des défunts, des ancêtres ; ils organisent notre vécu.

SOUS LE CHOC COLONIAL : LES DEUX FACES D’UNE GRANDE ILE

« Reconnaissez le peuple kanak pour qu’à son tour il vous reconnaisse »
Jean-Marie Tjibaou, in Bensa Chroniques Kanak, p. 319

On peut dire, avec Alban Bensa, que la colonie française de Nouvelle Calédonie s’est construite contre la société kanak autochtone. Elle est venue se plaquer de manière violente, à partir de 1853, sur une terre qui n’en voulait nullement. Le choc de la colonisation a apporté, selon le mot de Leenhardt « la désagrégation du groupe. La société indigène va connaître ce qu’elle avait toujours ignoré : le découragement. » (Leenhardt, 1971 :93)

Encore aujourd’hui, on peut mesurer l’étrange contraste entre la ville blanche de Nouméa, et le reste de la Grande Terre (ne comprenant pas les îles Loyauté qui font pourtant partie de l’archipel calédonien). Dès son origine, vers le milieu du XIXème siècle, Nouméa avait accueilli une humanité blanche d’indésirables, de déportés du bagne qui, une fois libérés, s’installèrent comme petits fermiers dans l’intérieur qui comptait des espaces propices à l’élevage. Par la suite, de nombreuses familles rurales françaises arrivèrent ; on avait découvert des gisements de minerais et l’on avait besoin de main-d’œuvre…
Avant la colonisation, les Kanak ne connaissaient aucune tradition d’urbanisme ; ils se répartissaient en petits hameaux de taille variable dans les vallées des nombreuses rivières et sur le littoral. L’arrivée des colons, des bagnards, des étrangers, mit un terme à cette répartition originelle et les autochtones furent obligés de se regrouper dans des « réserves », constituant un dixième de leur territoire d’antan, appelées aujourd’hui « tribus », selon le vocabulaire colonial. Par contre, les terres attribuées aux éleveurs de bétail, principalement sur la côte ouest, ne cessèrent de s’agrandir et de prospérer. « Les Kanak ont subi ce qu’on peut appeler un racisme d’anéantissement. L’espoir caché des Européens a été de voir la civilisation autochtone purement et simplement disparaître » (Bensa, 1995:48).

Faisant suite à cette conquête, l’entrée en vigueur du Code de l’Indigénat en 1887, a contraint pendant un demi siècle les Kanak à des travaux forcés, au paiement d’un impôt et à l’interdiction de sortir des réserves ou de circuler librement sans autorisation préalable. Ce n’est qu’après 1946, en accédant à la citoyenneté française, qu’ils purent à nouveau circuler sur leur terre. Aujourd’hui la population Kanak représente environ 45% de la population totale du territoire.

Reconstitution d’une grand case vers Poindimié

PROJET COLONIAL ET REPONSE INDIGENE

L’idéologie coloniale en Nouvelle Calédonie a été profondément anti kanak et, selon certains, n’est aucunement résiduelle ou marginale, mais reste au contraire, dominante et active. Si l’enfermement dans les tribus a probablement préservé la culture (puisque 28 langues sont encore parlées sur tout le territoire) et que perdurent une économie tournée vers l’autosubsistance, le refus de l’ingérence étrangère, les luttes politiques incessantes et la constante revendication de dignité et de respect restent fondamentales et toujours vivaces.

Deux citations suffisent à évoquer la question cruciale qui taraude chaque conscience. La première émane d’un pur produit de l’école coloniale française, Yves Person. Son amer constat, datant de 1953, résume le point de vue de l’état, des colons et des gouverneurs depuis la prise de possession du territoire en 1853 :

« Ces gens sont condamnés à mourir. Le canaque ne travaille guère pour les Blancs. Retranchée derrière son orgueil silencieux et farouche, la tribu, chaque année moins nombreuse, se retire vers les montagnes, loin des plaines usurpées par la race étrangère. Parfois les descentes sanglantes se produisent et alors on aide la fatale évolution par quelques massacres et déportations collectives. Inutile de s’en occuper, quand tout sera fini, toutes les terres seront disponibles. » (Yves Person, 1953, in Bensa, 1995:117)

En guise de réponse indigène on peut rappeler ces quelques paroles de Jean-Marie Tjibaou :

« Les Européens nous ont empêché d’être ».

On peut y ajouter cette opinion de James Clifford qui exprime parfaitement ce que l’on constate encore aujourd’hui :

« Les gens avaient besoin de trouver de nouvelles façons de ne pas être blanc ».
(Clifford 1987: 54)

L’ENRACINEMENT ET L’ITINERAIRE.

« La société mélanésienne s’affirme comme une société de racines autant que de voyages. Ses arbres sont des pirogues et ses pirogues sont des arbres. Les territoires sont des réseaux de lieux connectés par des ‘chemins d’alliance’ ».
Joël Bonnemaison, 1996

Les Kanak, horticulteurs avant tout, ont développé une tradition mémorable de la culture de l’igname et du taro. Ces plantes se reproduisent par bouturage se multiplient sans fruit ni graine. On a pu comparer la structure du clan à celle de l’igname, il est le corps social qui se survit à lui-même par ‘bouturage’, car ses membres sont comme les clones d’un même individu. C’est ce qui fonde l’égalité respectée et rend les individus équivalents et identiques les uns aux autres. Le clan peut se scinder et se disperser, comme l’igname. (Gaudin, Kasarhérou, 1990)

La grande case peinte : forme ronde, flèche faîtière, pins colonnaires

La maîtrise de l’espace est vitale pour les Kanak et malgré la mise en réserves, les jeunes générations n’ont pas oublié la mémoire des sites occupés avant la colonisation. A proximité des anciens habitats se trouvent des billons d’igname et de tarodières, souvenirs de la plantation ancienne que l’on peut encore remettre en activité. La mobilité des groupes est un phénomène ancien, resté essentiel car elle demeure une manière de tisser l’identité. Les gens de la natte tissent ainsi les chemins de leur passé et de leur avenir.

Témoin
Chacun l’a vécue
Une histoire de terre revendiquée
De rêve désemparé
D’habitation carbonisée
D’effort blessé.

Denis Pourawa, Entre voir, les mots des murs. (Extrait).

L’ancrage dans un territoire est donc aussi important que l’itinéraire et le déplacement sur cette bande de terre. Si le premier semble être leur valeur suprême, ce sont les routes et les chemins qui signifient l’accès aux lieux car cette liberté de se déplacer est primordiale, encore de nos jours.

UNE JEUNESSE EN APPEL D’AVENIR

Les jeunes Kanak ont certainement une relation mouvante avec leur espace, seule manière de composer avec l’enfermement insulaire, la culture française, l’oppression raciale, le tout marqué par le sceau des anciennes « réserves ».
Il est frappant de voir les adolescents marcher en groupe le long des routes ou même à Poindimié ou Ponérihouen, ces petits sites administratifs qui suintent l’ennui et le désœuvrement. La jeunesse aime se vêtir de sombre, ou de couleurs de treillis militaire. Les jeunes filles ne portent guère de signe de maquillage ou de mise en valeur vestimentaire. Leur tenue est conforme à un code, sans accent individuel ou fantaisiste. Au contraire, les jeunes, très souvent encagoulés, baissant la tête quand on les croise, semblent se complaire à vouloir accentuer leurs airs farouches et distants pour se conformer à une sorte d’uniforme de la révolte adolescente. Mais quel monde composent-ils ? Où prend-il source ? Ne pas être Blanc ? certes, mais se conforment-ils pour autant aux jeunes beurs et noirs des banlieues françaises ou ceux du Gosier, de Fort de France, mais aussi de Colobane, au Sénégal ? Seraient-ils de connivence avec une planète intransigeante qui s’appelle révolte ?
Ce sont d’eux en tout cas que nous proviennent ces impressionnantes peintures murales des chemins de leur île.

« Rue déserte
Quartier sous haute surveillance
Violente grande terre

Toute une jeunesse fumigène contrôlée
Noir blanc jaune
Tous dans la même zone

Cagoulés à se bousiller la tête
De brutalités épisodiques
En propagande raciale
Bordel de bordel de bordel »

Extraits, Denis Pourawa, Entre Voir, les mots des murs. (Extrait)

L’ART EN CHEMIN KANAK

Flèche faîtière reprenant le shéma corporel

L’art kanak contemporain, hormis celui que l’on peut voir dans des galeries de Nouméa, fortement influencé par l’art occidental, est essentiellement représenté par la sculpture. On peut voir le long de la côte orientale de la grande terre un ou deux présentoirs où sont placés des masques sculptés à destination touristique et de facture assez sommaire ou encore visiter un atelier de sculpteur à quelques mètres de là.
On peut aussi apercevoir, au hasard d’une promenade le long de la mer, une sculpture taillée à même un tronc simplement posée près du rivage.

Traditionnellement, la sculpture kanak se concentre sur la grande case ronde construite autour d’un immense poteau dressé où la charpente vient s’arrimer tel un parasol. Située sur un tertre, au bout d’une allée, elle sert de lieu de réunion des hommes et constitue le pivot d’un espace sacralisé, symbole de la vie sociale qui s’organise alentour. L’ensemble de la construction, comprenant un petit muret de soutènement en pierres, est essentiellement à base végétale : toit de chaume, parois d’écorces de niaouli, bambous, bois divers sculptés.

Sculpture du bord de la plage

La plupart des ornements sculptés sont conçus comme des réceptacles de vie et de forces. Parmi ceux qui sont visibles de l’extérieur, mentionnons la flèche faîtière, les chambranles, le seuil ouvragés, les poteaux du tour de case et, à l’intérieur, les statues de gardiens et d’autres sculptures plus petites, réparties le long des parois. Tous les événements importants de la société sont en quelque sorte « archivés» en ce lieu et témoignent de la vitalité du groupe qui vit sous sa protection : sagaies, oriflammes, trophées divers (Boulay, 1990 : 102).

Sculpture à l’entrée d’un bâtiment communal vers Poindimié

Par extension, la plupart des bâtiments modernes et officiels portent des traces évidentes de cette prédilection marquée pour la décoration sculptée.

LES GUERITES PEINTES : ECRITURE ET PAYSAGE

C’est en allant du sud au nord du pays, le long de la côte Est, que l’attention est sollicitée à intervalles réguliers par de fréquents abris-bus en béton, (appelés aussi guérites) le plus souvent bariolés d’écritures, de peintures murales et de graffiti qui ponctuent le ruban d’asphalte.
Ces surfaces peintes, plafonds y compris, déclinent leurs fresques au grand jour, à la pluie, aux ardeurs du soleil, ce sont des visuels inédits, anonymes le plus souvent. Ils nous projettent, au même titre que les gens des nattes, au présent de la Kanaky, même s’il s’agit de l’intrusion d’un autre monde, bien présent lui aussi. On peut concevoir les guérites peintes comme de nouveaux tertres de rencontre ou d’expression identitaire. Elles jalonnent la route moderne en signalant des pôles de conscience.

Guérite peinte, vers Tuho, côte Est

« Commence par la gestuelle
Le mur est
La barrière qu’on insulte
Qu’on renvoie vers d’autres
Garniture bafouée
La barrière qui souille
Qui fige l’art premier
Ma gestuelle
Nous écrivons sur les murs
Nous mutons nos pensées
Vers d’autres murs
Regarde les murs
Et les phrases te regarderont
Fais l’aveugle
Et comme les murs tu porteras des traces
Vie.
Denis Pourawa, Entre Voir, les mots des murs, (Extraits).

En près de trois mois, j’ai parcouru la route de Pwarairiwa (Ponérihouen) à Poindimié plus d’une cinquantaine de fois et ne me suis jamais lassée de suivre ce chemin qui déroulait à la fois un décor luxuriant et cette évocation d’un monde bariolé, qui exprime en un langage étonnant la quête de soi et la soif d’une autre présence au monde. A intervalle régulier, le choc des couleurs et la beauté des représentations signifient que le pays ne dort pas dans une léthargie végétative mais qu’il est pleinement dans le « tout monde ». Ponctuellement, les guérites nous rappellent que « la route est ouverte » Nous sommes bien vos contemporains, engagés dans une histoire commune et devons rejoindre les chemins d’une pensée globale. Ne sommes-nous pas liés les uns aux autres dans le fracas d’un devenir incertain ?
Le rôle de la route prend de ce fait une dimension particulière. La parcourir, pour eux autant que pour moi, est une manière de prendre possession de la voie qui mène de soi à l’autre, non seulement en tant que familier ou ami, mais par rapport à ce que représente l’accès au vaste domaine où s’exerce le rayonnement des ancêtres, « maîtres de la terre » premiers défricheurs et fondateurs d’une lignée, de divinités, de parents, de totems… Une modernité s’installe donc auprès des anciens tertres, elle prend ses marques.

Le Pays et ses symboles

Certaines de ces guérites ont été peintes sur commande, d’autres spontanément décorées par les jeunes des tribus voisines.
La mairie de Ponérihouen, par exemple, a organisé vers les années 2000, un concours de décoration des guérites en tribu et le long de la route, sur l’ensemble de la commune. Un animateur s’est chargé de donner une formation aux jeunes et leur a fourni peintures et matériaux. Le thème proposé consistait à illustrer essentiellement la sauvegarde de l’environnement.On retrouve presque sur chaque décor peint une représentation du « drapeau kanak » qui reprend le schéma de la flèche qui surmonte le toit de la grande case (Voir Fig. 4). Cette flèche est classiquement une seule pièce de bois comprenant trois parties : un pied d’allure cylindrique qui sert de support à la sculpture fichée au sommet du poteau central, une partie corps et visage, sculptée en bas-relief de manière frontale et une aiguille sous forme de tige ronde qui est destinée à recevoir des coquillages enfilés de bas en haut.

Le mur latéral de cette guérite est composé à la manière de la façade d’une grande case avec les deux chambranles à figure humaine. Dans la partie supérieure est figuré un pigeon appelé notou, ou pigeon de forêt, oiseau endémique en Nouvelle Calédonie, et dont la capture aurait été enseignée aux hommes par les génies des premiers temps, comme l’attestent les récits de la tradition cemuhi. (Bensa, 1990 :133). Dans le registre principal, on reconnaît la Grande Terre accompagnée des trois îles Loyauté. Le « caillou » calédonien est entouré soit par un serpent appelé tricot rayé, comme semblent l’attester les rayures noires et blanches, ou encore une anguille qui est également un animal important de la mythologie kanak puisqu’il représenterait l’épouse d’un génie qui donnera naissance à une lignée d’humains formant un clan originel (Bensa, 2000 :134). Les animaux participent aux métamorphoses du vivant et les génies ou êtres surnaturels incarnent les forces du monde sauvage, apprivoisées puis données en partage aux humains. On remarquera la guirlande de lianes d’ignames qui entoure la partie supérieure de la scène, symbolisant une des plantes essentielles de la vie quotidienne et spirituelle kanak.

« L’igname est une chose humaine, née dans la terre où les ancêtres sont dissous, et comme à l’état diffus, elle est la chair des ancêtres… Elle fait la chair des hommes, leur force, leur virilité … elle est le sceau vivant des contrats. » (Leenhardt, 1971 :123.)

Ataï, chef de l’insurrection Kanak de 1878. Tambours et oiseau cagou

Sur cette guérite peinte et signée P. Wiciri, est représenté Ataï, le principal meneur de l’insurrection de 1878 qui eut lieu sur la côte ouest pour contrecarrer la présence trop massive des colons éleveurs de bétail. Il mourra cette même année-là, tué par un auxiliaire kanak. Ataï est figuré comme un héros désignant la voie à suivre. Il tient une conque marine à la main au-dessus d’un paysage montagneux entouré d’une flèche faîtière à droite et d’un chambranle où viennent s’enrouler des lianes d’ignames, à gauche. La tête d’Ataï aurait été retrouvée récemment en France où elle fut transportée et, de nos jours, elle est réclamée en terre kanak.

Ataï est reconnaissable à son turban et sa conque sur bien d’autres peintures murales.

Le requin, face latérale

Le requin remplit toute la surface du mur sur lequel l’inscription Kanaky 2014 fait référence au référendum qui devrait décider du sort du pays. L’écriture est venue se surajouter à l’image d’un puissant requin qui semble dévorer une proie, un oiseau marin ? Est-ce une allégorie d’une forme de dévoration de territoire ?

Le lion de Judée

Autre illustration qui couvre toute la surface, le lion fait référence au mouvement rastafari qui est souvent représenté sur les guérites.

L’IDENTITE KANAK

Nos pensées se taisent
Essuyant nos larmes invisibles
Chacun porte son ombre
Pour chaque goutte de conscience.

Denis Pourawa, Entre voir, les mots des murs. (Extrait)

« L’homme et la mer » est un des thèmes de prédilection des décorateurs. Les représentations mettent l’accent sur la valeur nourricière et écologique de l’eau et du lien entre l’homme et son rivage. Il est présenté ci-dessus dans sa tenue de naturel, soit en portant un casse tête. L’accent est mis sur l’abondante chevelure coiffée en tresses, la nudité et la force physique.

Les arbres

« L’essartage des jardins au cœur des brousses, le parcours des forêts à la recherche d’arbres utiles ou de plantes à cueillir ou à cultiver… autant d’habitudes nourrissant l’idée que la vie et la mort ne s’opposent pas mais forment un tout d’où les humains, les végétaux et les animaux tirent leur vigueur et leur capacité de renouvellement. (…) L’unité des pratiques ainsi définies explique l’incessante circulation de messages entre les esprits ancestraux et leurs descendants. » (Emmanuel Kasarhérou, 2000 : 155)

le pin colonnaire et le masque à la langue tirée

Ces deux figures illustrent la présence constante des arbres dont les plus célèbres sont le pin colonnaire de la famille des araucarias et le houp qui est utilisé dans la sculpture et la fabrication des canots. L’arbre sur pied est considéré comme un être vivant à qui l’on parle et à qui l’on demande son assentiment avant de l’abattre. Ici, le pin, représenté sur un montant, est transformé en masque à la langue tirée et dont le sommet devient une flèche faîtière de la grande case. Il figure plus exactement un chef dont la langue tirée porte, selon Leenhardt, les « vertus de la tradition, les décisions viriles et toute cette manifestation de la vie que la parole porte en soi. » (Leenhardt, 1971 :230).

Les hommes forts d’antan, une femme ailée, une cérémonie de l’échange ou du partage, autant d’images un peu naïves mais suggestives de l’importance symbolique de la représentation. L’allégorie de l’échange met en présence deux personnages dos à dos en costume de danseurs, portant chacun un taro ou une igname. Ils sont placés de part et d’autre d’une flèche faîtière au centre de la composition où l’on reconnaît aussi des feuilles de fruit à pain.
Comme l’arbre précédemment, l’igname est une chose humaine, vivante, née dans la terre où séjournent les ancêtres dont elle est la chair. Se renouvelant chaque année à partir d’une petite bouture, elle est la marque de la chaîne du vivant qui jamais ne s’éteint et de ce fait elle est aussi l’objet qui scelle les contrats et les dons. L’attitude déférente de l’homme de gauche qui saisit le tubercule montre combien il est attentionné et porte le tubercule avec précaution car c’est ainsi que l’on doit honorer l’igname.

FIGURES TOTEMIQUES

La grande case etle gecko

Cette série identitaire fait plus exactement référence aux assisses surnaturelles des croyances, représentées par des totems. Ce sont les symboles d’un clan, ou plutôt une forme animale ou végétale de l’esprit ancestral d’un clan, chacun se distinguant d’un autre par son ancêtre protecteur. De ce fait le totem est aussi l’élément premier de l’identité clanique et de sa localisation d’origine.

Le gecko et la case On voit bien la corrélation entre la grande case, le long tubercule d’igname, placé à sa droite, qui distribue ses lianes tout autour du toit et le gecko totémique. Mais en fait, le totem peut être une chose très simple comme une herbe du jardin, un fruit ou encore un serpent marin, son importance est relative à sa puissance symbolique. Selon Leenhardt, il préside à la fécondité des champs, de la vie organique et psychique des humains. Le gecko calédonien est, toujours selon lui, une espèce très ancienne et il est l’être vivant qui fait corps avec la forêt.

Le lézard

Le lézard est un autre animal lié à la fécondité des champs. « Pour ouvrir un chemin vers une plantation, les hommes débroussent une voie et suivent un tracé en zig zag pareil à une piste de lézard. Il est nécessaire au succès de la fécondité que le lézard vienne se promener dans le champ. » (Leenhardt, 1971 :126)

  

La roussette

La roussette, autre animal endémique et premier mammifère rencontré par les Kanak à leur arrivée sur l’île, fait partie intégrante de la « monnaie kanak » sous forme de poils ou d’os. Ces monnaies, qui scellent les dons et les échanges de richesses d’un clan, sont utilisées lors des mariages, des naissances ou d’un deuil. Sous toutes ses formes, le poil de roussette entre dans la ronde des échanges cérémoniels. (Gaudin, 2000 : 86).

REGGAE ET KANEKA

Il y avait du vaudoo
Du reggae, de la pop et de la soul…
Putain d’ghetto tu nous manques

Extraits, Denis Pourawa, Entre Voir, les mots des murs (Extrait)

Lorsque les jeunes se retrouvent au bord d’une plage et qu’ils écoutent la musique diffusée par les haut-parleurs hurlants d’une vieille voiture, c’est de la musique antillaise et internationale qu’ils écoutent. Leur airs du Kaneka, une variante mélanésienne du reggae, sont fortement inspirés des musiques antillaises, fusionnés avec des airs traditionnels kanak. Ils s’amusent, boivent des sodas ou des bières, se tressent mutuellement les cheveux, les filles tressant les garçons, et se retrouvent à flirter entre adolescents. On remarque parfois quelques images, posters ou sérigraphies sur T. shirts représentant Bob Marley. Selon certains, il aurait été kanak dans une vie antérieure et ils partagent la plupart des principes diffusés par sa musique et sa philosophie. Physiquement, les jeunes Kanak n’ont aucun mal à tresser leurs cheveux, à laisser pousser leurs dreadlocks et ils apprécient l’imagerie populaire rastafari comme on le voit sur l’image du lion de Judée, mais ils ont aussi le goût pour le végétarisme, le cannabis et la vie communautaire.

Chanteur Kanak incarnant Bob Marley

BOB Marley

Robert Nesta Marley
Entendre ton nom
Attise en nous la flamme d’un pur rebelle ailé
Robert Nesta Marley
Descendant du lion
La musique nous livre d’ombreuses vérités

Par génération
Frappe du pied ton amertume
Choisi avec vigueur les sentiments au galop
Brise la crainte qui sans faute te punit
Et nourris ton fardeau
D’actions propices.

Extraits, Denis Pourawa, Entre Voir, les mots des murs, (Extraits)

Il est certain qu’il existe un malaise des jeunes dont les indices sont les suivants : augmentation des suicides chez les adolescents, recrudescence de la violence intra et interfamiliale, consommation de cannabis et de kava, un breuvage lénifiant, échecs scolaires, recul de l’agriculture vivrière au profit de la consommation commercialisée… De plus, on peut mentionner l’absence et l’échec relatif des projets économiques individuels ou collectifs qui alarment tous les observateurs. Un mal être et les signes d’un ennui larvé, de désœuvrement paraissent évidents. Beaucoup de jeunes quittent l’école avant 16 ans alors que plus de la moitié de la population a moins de 30 ans.
Seraient-ils seulement tiraillés entre tradition et modernité ? Bien des éléments indiquent qu’ils trouvent peu de sens à un mode de vie sans grande perspective. En fait, ils sont tiraillés entre la tribu où ils n’ont pas droit à la parole, où ils sentent le poids des tabous, des silences, de la coutume, des contraintes et ce que leur propose la société de consommation, l’école de la République. Que leur proposent-elles ? Elles leur fournissent une citoyenneté qu’ils ne veulent pas, dans une langue qu’ils apprennent mais qui n’est pas de leur univers océanien. Ils n’ont aucun pidgin à échanger avec les jeunes du Vanuatu, des Salomon, de Papouasie, et d’autres foyers mélanésiens, et ils le savent. Ils ne sont pas ouverts au vrai monde qui les entoure mais cantonnés dans un univers d’emprunt qui les gave de ce qu’ils rejettent. Jeunes à la dérive dans une grande terre qu’ils illustrent alors sans conviction. Ont-ils un espace de créativité ? Ces murs font semblant de le leur offrir, mais ils ne s’y donnent pas. Ils reproduisent alors des images conventionnelles, idylliques presque. On leur propose des formations, des stages, des concours, ils n’en veulent pas, alors ils choisissent de se dérober, s’engouffrer dans une uniformité de groupe et de survie. La culture des pères est inefficace à les structurer et la culture blanche est impossible à assumer. Ils en sont trop éloignés, de corps, de statut, de volonté, d’identité.
C’est d’ailleurs ainsi que l’on peut interpréter leurs sages mises-en- scène sur les murs des chemins. Ce sont autant de clichés et de stéréotypes, de belles illustrations conformistes qui s’adressent à leur frustration, à un monde qu’ils ne connaissent plus, mais qu’ils souhaiteraient peut-être retrouver. Les figurations conventionnelles sont intéressantes parce qu’elle dévoilent l’envers de ce qu’ils vivent. Ils y placent peut-être un refuge possible, comme pour faire semblant, mais ils n’y croient guère.

Jeune Kanak vu par lui même

UDJO
Union des jeunes oubliés
Il y a deux armures
Le ghetto, la tribu
Il y a deux armes
La haine
Le respect
Une fatalité
Le combat.
Extraits, Denis Pourawa, Entre Voir, les mots des murs, (Extrait).

La Kanaky n’a pas connu son Paul Gauguin ou son Pierre Loti ; les Kanaks envoyés à Paris en 1931 pour l’exposition coloniale (voir le roman Cannibales de P. Daeninckx) n’ont pas rencontré de vif succès. Ils furent même ramenés au bas de l’échelle de l’exotisme colonial :
« Ceux que l’on croyait encore à l’âge de pierre, emprisonnés dans des cultes obscurantistes n’étaient que de paisibles cultivateurs, costumés pour l’occasion en de « véritables sauvages » (Sylviane Jacquemin, 2000 : 235)
Il reste bien sûr aujourd’hui la question politique de l’indépendance et celle de la confrontation entre un système de valeurs mélanésiennes et des institutions démocratiques fondées sur le suffrage universel alors que dans les anciennes colonies, le droit métropolitain a souvent été dévoyé au profit des intérêts des colons.
On peut supposer qu’une nouvelle dynamique sera impulsée par le projet de décolonisation et de souveraineté retrouvée.

Entre ghetto et tribu

En suivant le chemin kanak on est sans cesse préoccupé par la lancinante question du rapport que l’occident a noué avec les sociétés qu’il a dépossédées de leur propre relation à la nature, au corps, au temps, à l’art et à leurs modèles d’avenir. Les Kanak, comme bien d’autres peuples, ont été contraints de composer leur monde avec les formules d’un autre univers et de produire leur histoire en se moulant dans des formes empruntées.
Il m’a semblé que ce recueil d’images était une manière de mettre en évidence une expression autochtone de la créativité, ouverte sur des passages, des liens allant de tribu en tribu, ou allant de leur monde à celui des étrangers de passage… Ce qui se révèle dans cet ensemble décoratif est encore plus dramatique que s’il s’agissait de violents graffs et de cris de révolte. Cette douceur, cette air conventionnel traduisent un mal être plus grave que simplement la révolte. Seraient-ils résignés ?
Encore faut-il s’interroger sur notre manière de composer avec leur art. Quel est notre projet ou notre intérêt essentiel pour mieux partager l’art des Kanak ? Ils nous disent d’abord que même si nous parlons la même langue, nous avons des arrière-pays différents et nous tenons, nous Kanak, à garder nos chemins d’alliance et de guerres. Pourquoi les arts devraient-ils tous parler la même langue, une sorte de charabia universel dont les occidentaux seraient les seuls à connaître la syntaxe et le verbe justes? N’avons-nous pas volé le cheminement de bien des âmes en monopolisant l’universel ?

On trouve sur le chemin de Hienghène quelques peintures sur guérites qui évoquent Eloi Machoro et Jean Marie Tjibaou. Cet homme avait su trouver une belle formule pour expliquer le malaise rampant de ces sociétés marginalisées, méprisées souvent, et de toute évidence spoliées :
« Si je peux aujourd’hui partager avec un non kanak de ce pays ce que je possède de culture française, il lui est impossible de partager avec moi la part d’universel contenue dans ma culture » (Cité par Bensa 1995 :327)

Il ne s’agit pas d’un montage, mais d’un détail d’une peinture, elle nous parle du présent et de la vérité de ce que l’on ressent, même en passant rapidement, sur le chemin de Kanaky.

Michèle-Baj Strobel, janvier-mars 2013
A Julia, Rossen et Boris qui m’ont fait découvrir leur île temporaire.

Remerciements au personnel de la Médiathèque de Poindimié qui possède un beau fonds de documentation sur la Mélanésie et ses sociétés diverses et passionnantes.

Bibliographie

BENSA, ALBAN, Chroniques Kanak, l’Ethnologie en marche, Ethnies, n° 18-19, Documents, Paris, Décembre 1995

BENSA, ALBAN, Des ancêtres et des hommes, Introduction aux théories kanak de la nature, de l’action et de l’histoire, De Jade et de nacre, Patrimoine artistique kanak , RNM, Paris, 1990

BONNEMAISON, JOËL, La métaphore de l’arbre et de la pirogue, Vanuatu Océanie, cat. expo. RNM, Paris, 1996

ROGER BOULAY, La Grande Case, célébration de la société kanak, De Jade et de nacre, Patrimoine artistique kanak, cat. expo. RNM, Paris, 1990

CLIFFORD, JAMES, Maurice Leenhardt, Personne et mythe en Nouvelle Calédonie, Jean Michel Place, Paris 1987

GAUDIN, PATRICE, Maisons, chemins et autels, De Jade et de nacre, Patrimoine artistique kanak, cat. expo. RNM, Paris, 1990

GAUDIN, PATRICE, Tami Tok, L’année igname en pays kanak, Edition Province nord, Poindimié, 2009.

JAQUEMIN, SYLVIANE, Une journée en Nouvelle-Calédonie à Paris, De Jade et de nacre, Patrimoine artistique kanak, cat. expo. RNM, Paris, 1990 : 235-36.

KASARHEROU, EMMANUEL, Les saisons et les jardins, De Jade et de nacre, Patrimoine artistique kanak, RNM, Paris, 1990

LEENHARDT, MAURICE, Do Kamo, la personne et le mythe dans le monde mélanésien, Tel Gallimard, Paris, 1971.

POURAWA, DENIS, Les mots des murs, Poèmes, Edition Grain de sable, Nouméa 2006.

POURAWA, DENIS, La tarodière, poèmes, Editions Vents d’ailleurs, La Roque d’Antéron, 2007