Tiny Bang Story, mode d’emploi

Publié le 26 juin 2011 par Daidy

Le monde est un puzzle. Pas une scène, un puzzle. C’est sur ce fil ténu qu’est bâti the Tiny Bang Story, un petit jeu indie sans prétention, mais, une fois de plus, fort rafraîchissant.

Le gameplay est très basique : il s’agit de trouver des objets permettant de résoudre des problèmes ou des énigmes, et, ainsi, d’avancer à travers les niveaux. Ah et aussi, en passant, il est fortement conseillé obligatoire essentiel de récolter des pièces de puzzle pour reconstituer Tiny Planet, qui ressemble fortement à celles de Spore. Jugez plutôt :

L’originalité du jeu émane avant tout de son univers graphique, peint avec amour et avec gouache par mamie et de son humour discret mais omniprésent. La bande-son est essentielle et remplace bien des dialogues inutiles. Cette pépite muette a beaucoup à dire ! Ah, le bzzz de la mouche rechargeuse d’indice…

En fait, ce qui m’a frappé dans ce jeu qui, si l’on fait abstraction de son univers graphique, se rapproche assez d’un Machinarium ou d’un autre point and click dans le principe, c’est qu’il m’a rappelé le « romans » de Georges Pérec, La Vie mode d’emploi.

De très loin, mais tout de même : dans l’approche du monde qu’il faut reconstruire comme si c’était un puzzle. Alors bien sûr, les gars de Colibri Games n’ont sans doute jamais lu Perec, mais, en cherchant certaines pièces de puzzle planquées de manière particulièrement vicelarde ou en cherchant où mettre ce coin de ciel lambda, j’ai pensé à la quête de Bartlebooth. Ce milliardaire anglais, fou de puzzles et d’aquarelles, peint des marines, qu’il fait transformer en puzzles ultra-compliqués, reconstitue à grand-peine, puis retourne détruire sur le lieu où il a peint le tableau d’origine.

Le jeu vidéo et son univers virtuel, c’est un peu ça, finalement. Quand on clique sur « Quitter », on détruit le monde et il ne reste rien d’autre qu’une expérience à partager, un puzzle à décrire. L’édition collector de The Tiny Bang Story contient un puzzle de Tiny Planet, soulignant l’importance de ce jeu dans le jeu !

Alors sans doute, la pure expérience littéraire de Perec l’intello est-elle bien plus imbriquée, alambiquée (et bien plus chiante, évidemment) que The Tiny Bang Story, mais l’approche puzzlesque et le jeu artistique sont assez originaux dans les deux oeuvres pour que, dans la galaxie des créations du génie humain, on ne mentionne pas l’atome de pixel qu’ils ont en commun !

Farpaitement !