Everything But The Girl ‘ Temperamental

Publié le 30 mars 2013 par Heepro Music @heepro

Consécutivement au succès énorme du tube planétaire que fut « Missing », grâce au coup de main de Todd Terry avec son remix imparable (assurément l’un des meilleurs remixes de tous les temps), et le vent en poupe dû également à la participation de Tracey Thorn sur le deuxième album de Massive Attack, notamment le magnifique single « Protection » (mis en vidéo par Michel Gondry), le duo anglais avait très logiquement pris le chemin de la musique électronique, au détriment de la pop folk acoustique qui les avait déjà rendus célèbres auparavant. À ce sujet, vous n’aurez qu’à comparer la version remixée et l’originale de « Missing », ou alors écouter n’importe lequel de leurs albums précédant Walking Wounded.
Au milieu des années 90, Everything But The Girl était ainsi devenu un nom incontournable de la scène internationale, même si uniquement sur la scène électro pour les néophytes. Avec leur dixième album Walking Wounded, il était évident que le duo voulait continuer à surfer sur la vague de leur succès nouveau, et ce fut aux premiers abords une claire déception. Mais passé cette déception non méritée car elle ne reposait que sur l’ombre envahissante et pesante de « Missing » (voilà bien l’énorme défaut des tubes), on se faisait petit à petit à la simplicité des neuf titres. Simplicité certes, sans pour autant renier l’efficacité qui apparaît à chaque écoute plus évidente. En effet, Ben Watt n’avait assurément rien perdu de sa superbe au moment d’écrire de nouvelles chansons, et ce n’est pas les rythmes électroniques qui semblent l’avoir gêner. Il a gardé sa guitare, y a ajouté des beats et d’autres sons clairement électroniques, qui penchaient notamment du côté de la drum’n’bass alors en pleine émulsion.
Trois ans plus tard, pour leur dernier opus en tant que groupe, Everything But The Girl signait une seconde fois un album sur lequel les rythmes donnaient autant envie de danser que les paroles et la voix de se laisser porter vers les songes.
Ainsi, sur Temperamental, la voix de Tracey ne change définitivement pas : son impact demeure tout aussi fulgurant, malgré son habituelle légèreté. Son atout majeur est la parfaite symbiose entre son chant doux et sulfureux et les paroles, aussi personnelles que touchantes. Quant aux musiques de Ben, elles s’affinent sans pour autant prendre leur envol : il réussit à concilier encore une fois simplicité et efficacité, atteignant même un sommet sur « No difference ». Comme quoi, pas besoin de frimer pour se faire remarquer à sa juste valeur.
Pour conclure, s’il n’y a en fin de compte aucune faiblesse tout au long de cette onzième production, et s’il y a tout de même de vrais moments intenses, l’on sent pourtant bien que cet album revêt un je-ne-sais-quoi de lassitude mêlée d’émotions, ou peut-être l’inverse. Aussi n’est-ce finalement pas une surprise si ce sera l’ultime du duo anglais ensemble.
En fin de compte, ce genre de groupes, profondément humains, nous fait aujourd’hui cruellement défaut. Heureusement, leur musique ne disparaîtra pas comme ça. Et même si je fais partie de ceux qui ne connaissent principalement que cette période électro-dorée, j’en suis très heureux. Qui sait, un jour peut-être aurais-je l’envie de me tourner vers leur début de carrière et notamment un certain Eden

(in heepro.wordpress.com, le 30/03/2013)

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