Interview de Tancrède Bouglé

Par Youscribe @youscribe_fr
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Etudiant entre deux eaux, Tancrède s’est posé à Berlin pour quelques temps pour travailler mais aussi continuer à écrire ses chroniques étudiantes et finaliser son premier roman « Paris sous les vagues ». Il recherche un éditeur pour transformer l’aspirant écrivain en auteur publié.

Il a bien voulu répondre à nos questions…

 

 

YouScribe : Comment avez-vous connu YouScribe ? Pourriez-vous nous expliquer quelles sont vos motivations en venant publier sur notre plate-forme ?

Tancrède : J’ai connu YouScribe quand j’ai commencé à écrire sérieusement. Je cherchais une plate-forme simple où poster mes écrits, quelque chose qui me permettrait de suivre mes vues sans être aussi contraignant qu’un blog. Un blog vous devez poster régulièrement pour que les gens viennent, l’interface est en général assez moyenne si on ne s’y connait pas assez pour la personnaliser. L’avantage de YouScribe c’est aussi le téléchargement et le choix de la licence de partage. Historiquement le copyright tel que les majors culturels le définissent est relativement récent. Avant tout le monde partageait des histoires et chacun pouvait jouer les musiques. La mise en place systématique de copyright est coûteuse et parfois contre-productive. Avec internet tout le monde peut tout partager, si tout le monde devait chercher en permanence qui a fait quoi on ne s’en sortirait pas ! C’est pour ça que j’ai choisi la licence Creative Commons de paternité sans utilisation commerciale ou modification. Comme ça les gens partagent librement !
YouScribe : Depuis quand écrivez-vous ?

 

Tancrède : J’ai commencé il y a quatre ans je dirais. J’ai toujours un peu écrit avant mais c’est à ce moment que je m’y suis vraiment mis. J’étais pas très bien à l’époque pour diverses raisons, j’étais dans une ville que je n’aimais pas et qui n’avait pas l’air de m’aimer non plus, il y avait des problèmes de familles, ce genre de choses. Un soir de février je me suis mis devant mon clavier et pour me distraire j’ai essayé de prouver que demain n’existait pas. Quel raisonnement utiliser ? Pourquoi demain n’existerait-il pas ? Au fur et à mesure je me suis rendu compte que j’écrivais quelque chose d’à peu près sensé. C’est devenu le groupe « Demain n’existe pas » sur Fb où je publie mes écrits à l’occasion. Plus de 1000 personnes !

Après ça je me suis rendu compte qu’il m’en fallait plus pour tout exorciser. J’ai commencé à écrire « Les derniers enfants du XXème siècle », une nouvelle post-apocalyptique. Dedans j’ai voulu explorer les thèmes de la mémoire, de la répétition, de ce qui nous rend humain. Si on vit tous les jours la même chose vit-on vraiment ? Il est facile de s’enfermer dans un quotidien délétère. Chaque mot de cette nouvelle a vraiment été tirée de mes angoisses. Quand je suis arrivé à la dernière page j’avais vraiment l’impression de saigner chaque lettre, c’était une sensation assez puissante.

 
YouScribe : D’où vous vient ce goût pour l’écriture et pour la « Science fiction » en particulier ?

 

Tancrède : Haha, facile. Qu’est-ce qui est plus génial qu’un gros vaisseau spatial ? Plus sérieusement je trouve la science-fiction plus fun. J’adore aussi les classiques, Zola et consorts mais je trouve qu’écrire sur d’autres thèmes est plus libérateur. On peut explorer plus de thématiques, ou d’autres angles en se libérant des contraintes de la réalité. Après il faut rester dans un certain cadre. C’est ce qu’on appelle la suspension of disbelief ce que nous traduirons ici par crédulité limitée. L’exemple le plus simple est que si sur tout mon roman j’ai un héros qui peut marcher sur l’eau les gens vont l’accepter. Ils deviennent volontairement plus crédules. Par contre si le héros se met à voler sans autre explication au milieu de l’intrigue les gens ne vont pas l’accepter. C’est ça pour moi la science-fiction : l’occasion de poser ses propres règles. Après il faut bien voir que c’est un terme très large. Star Wars est de la science-fiction et si on veut taper très large La Route de McCarthy aussi alors qu’il serait dur de trouver deux ouvrages plus éloignés.
YouScribe : Quels messages souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs ?

Tancrède : Celui que je développe depuis plusieurs années sur « Demain n’existe pas » . C’est une vérité simple. On ne sait pas ce qu’il se passera demain. Il y a tellement de bombes dans des silos qu’on ne  sait même pas si l’aube se lèvera. Nous finirons par partir comme nos ancêtres avant nous. Ca peut paraître déprimant comme ça, n’y aurait-il aucun moyen de rester un peu, de ne pas être oublié ? Pour moi cela passe par la création. Pouvoir dire avant il n’y avait rien et depuis que je suis là il y a quelque chose qui ne serait pas arrivé sans moi. C’est ainsi qu’on laisse une marque, qu’on se projette dans l’Histoire. C’est vraiment ce message que je veux faire passer : créez, que ce soit de poèmes, de la peinture, une entreprise, n’importe quoi tant que c’est nouveau. C’est ainsi que vous transcenderez la vie quotidienne.

YouScribe : Quels auteurs vous ont inspiré ?

 

Tancrède : Oula c’est large ! En littérature française je dirais Zola et Beigbeder. Zola pour ses descriptions magnifiques. Je me souviens d’une description de la Seine dans « l’Œuvre » où il décrit chaque rayon qui se reflète sur l’eau. On se laisse porter par la plume, c’est très réaliste. Beigbeder pour l’absurdité du quotidien. Il y en a beaucoup d’autres, Kundera par exemple pour son concept du kitsch qui est un concept central de l’anti-demainisme ou Camus que je considère comme le plus grand auteur français. Un style limpide et assez simple mais tellement puissant.

Je ne peux pas arrêter sans citer Alan Moore qui a écrit V pour Vendetta ou Brian Woods dont la série DMZ a fortement inspiré « Paris sous les vagues ». Run avec Mutafukaz ou Urasawa avec 20th Century Boy, il y en a tellement… Allez, pour la route rajoutons Escape the Cloud, un petit artiste de Seattle qui fait de la musique Steampunk. Très bonne qualité, il mérite qu’on le soutienne !

YouScribe : Et vous faites quoi en ce moment ?

 

Tancrède : Là je suis en stage à Berlin mais j’essaye de dégager un peu de temps pour la relecture de « Paris sous les vagues » que j’espère pouvoir envoyer à un éditeur avant la fin de l’année. Il y a pas mal de travail dessus, rajouter des thèmes, changer certaines parties de l’intrigue, fouiller les personnages… Chaque commentaire est le bienvenu !

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