Marathon de milan

Par Antoine06 @AVissuzaine

Après un caprice automnal  m’ayant fait renoncé au marathon de Paris (voir sur ce blog), c’est un peu par hasard que mon choix s’est orienté vers la capitale lombarde. Il fallait que la course ait lieu le même jour afin de pouvoir m’entrainer avec les autres marathoniens du club. La minutieuse préparation, contrariée un temps par un gros coup de fatigue quelques jours en février, et accompagnée d’une météo médiocre touchait à sa fin. Comme à chaque fois, l’approche du grand jour est un mélange de tension et de jubilation bien qu’avec le temps je commence à aborder une telle course sans trop de craintes. Arrivé l’avant-veille à Milan, avec Cathy, mon interprète personnelle qui est aussi ma diététicienne, ma photographe, ma supportrice principale, mon assistante zenitude et principalement mon amoureuse, la première occupation fut de retirer le dossard, le tee-shirt et les petites douceurs offertes par les sponsors (incluant notamment une canette de bière et une boite de thon). Ensuite seulement, nous avons commencé la visite de Milan en tenant fermement le parapluie et en prenant soin de ne pas trop faire de kilomètres de marche, visite poursuivi le samedi matin, l’après-midi étant réservé à l’ultime footing dans un parc près de l’hôtel, à la sieste et à la lecture calme et sereine (bientôt sur ce blog !). Ah, très important, négocier auprès de l’hôtel la possibilité de libérer la chambre dimanche à quatorze heures au lieu de midi afin de pouvoir prendre une douche après la course. Forcément une veille de marathon on a le sommeil un peu léger, et je me réveille généralement avant la sonnerie de l’objet qui fait pour l’occasion office de réveil matin. Le grand jour est arrivé. Dans la salle du petit déjeuner, j’observe que je ne suis manifestement pas le seul coureur dans l’hôtel. Sur le quai du métro également, les marathoniens se pressent, recouvert de sacs poubelles ou de combinaisons jetables pour se protéger du froid, à chaque station, de nouveaux coureurs montent, étrangement je me sens relativement calme et décontracté, j’ai reçu quelques textos d’encouragement, j’en ai envoyés aussi aux copains qui courent à Paris. Le départ est situé à l’extérieur de la ville, au terminus du métro ou la foule des coureurs et de leurs accompagnateurs traverses l’immense hall de la Fieramilano. Les organisateurs nous guident avec fluidité. Pas moins de six camions prennent les sacs de consignes (l’arrivée n’est pas au même endroit) de manière à ce que nous n’attendions pas pour déposer les sacs, ni plus tard pour les récupérer. Echauffement pour réveiller les muscles, étirements, et c’est l’entrée dans le sas. L’attente est longue, ce n’est pas le moment le plus agréable d’un marathon quand nous sommes ainsi parqués. Au même moment à Paris, je me dis qu’ils ont plus de dix fois plus nombreux que nous ! Le speaker dit des choses que je ne comprends pas, j’essaie de me concentrer et faire le vide, quelques gouttes de pluie tombent du ciel, mais si peu, juste pour dire qu’il a un peu plu, puis c’est l’hymne national italien, et le départ. J’ai mis une minute pile pour passer la ligne. Il faut ensuite ne pas perdre trop de temps dans l’embouteillage du départ, se frayer un chemin parmi les coureurs sans pour autant se gêner, ni aller trop vite en voulant s’extirper de la masse. Puis le peloton s’étire. Un brin de campagne au début, puis une voie rapide pas très jolie avant d’entrer dans Milan. Je surveille mon GPS, je n’ai perdu que quarante secondes dans les deux premiers kilomètres, ce n’est pas très grave, je les reprends petit à petit. Longtemps, je serais accompagné par deux espagnols jusqu’à ce que j’aie le sentiment qu’ils ralentissent et que je décide de poursuivre sans eux. Je passe le semi en 1 h 42’ 45’’, ce qui multiplié par deux ferait 3 h 25’ 30’’, j’ai couru la première partie de la course idéalement. Hormis une petite perte de temps lié à « l’embouteillage » des deux premiers kilomètres, je suis parfaitement dans mon rythme, très régulier dans ma vitesse. C’est juste avant la Porta Venezia, au 25e kilomètre, que je vois Cathy pour la première fois. Une photo un bref signe, c’est toujours un moment agréable dans une course longue que de croiser « son » public.

Au 25e kilomètre (photo Cathy)


Le temps fort du parcours est sur le 29e kilomètre. Le Duomo. L’édifice majestueux se dresse sur une immense place dont nous faisons le tour. L’instant et magique, je savoure la beauté du lieu et prend le temps de regarder la cathédrale au risque de ne pas voir ma bien-aimée ! Au dernier moment seulement je lui fais un signe de la main, pouce levé, pour lui dire que tout va bien. Nous approchons du 30e kilomètre je me sens bien, aucune douleur anormale, aucune baisse de rythme, aucune ampoule, aucun bobo futile ne vient perturber ma course et l’objectif de 3 heures 25 reste d’actualité plus que jamais.

Le Duomo (photo Cathy)

Les kilomètres s’égrainent, toujours régulier, et ce n’est « seulement » qu’au 36e kilomètre que, fatigue aidant, le rythme baisse un peu. J’essaie de relancer. Oh, « relancer » est un bien grand mot après presque 3 heures d’effort, j’essaie de réduire ma vitesse le moins possible. Mon précédent record est de 3 heures 29, à moins d’une grosse défaillance maintenant, ce record sera amélioré, mais je veux rester le plus près possible des 3 heures 25, je le fais pour David. David est mon entraîneur depuis septembre, aujourd’hui courent ses cinq premiers marathoniens es-qualité d’entraîneur. J’ai envie d’être à la hauteur, de faire une belle perf, en contrepartie du travail que nous avons fait ensemble. Et aussi simplement par amitié pour lui. La place du Castello où est jugée l’arrivée est proche, un panneau annonce « ultimo chilometro », emporté par le plaisir je m’offre le luxe de faire le 42e kilomètre plus vite que ma vitesse étalon ! La foule applaudit les arrivants dans les dernières foulées, je fais un signe montrant mon bonheur à ceux qui le devinent, je suis fou de joie, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles pour un chrono : 3 h 26’ 55’’. Cela paraitra difficile à comprendre ni même à concevoir pour les non-coureurs, mais une fois la ligne franchi, j’en pleure de plaisir ! Maintenant je dois boire, manger un peu, s’étirer, récupérer mon sac, quelques photos aussi, retrouver Cathy et puis surtout téléphoner à David pour lui raconter et prendre des nouvelles des copains.

Le peloton dans les premiers kilomètres (photo : organisateur)