Télématique : Analyse des enjeux pour les assureurs aux USA

Publié le 10 avril 2013 par Damienamselem

On trouve sur le site  analysis.telematicsupdate.com de nombreux articles sur la télématique, en particulier sur ses applications au secteur de assurance.  On y trouve en plus des articles, des liens vers des rapports, des podcasts et de nombreuses références en relation avec la thématique de l’électronique embarquée et des véhicules intelligents. Il s’agit donc d’une bonne source en anglais pour ceux qui s’intéressent à la problématique. Un billet a en particulier retenu mon attention :  un analyste,  Greg Nichols y expose son analyse des challenges que rencontrent les assureurs quand ils choisissent de mettre en place des produits d’assurance  basés sur la télématique.  Si d’après l’auteur l’UBI (Usage-based insurance) gagnerait en popularité aux États-Unis (l’article est du 10 avril) -  Le seul pays qui serait plus avancé que les USA  en la matière,  toujours d’après Nichols étant l’Italie – il reste de nombreux facteurs de blocage à la généralisation de l’UBI, et les assureurs sont parfois confrontés à des choix cornéliens, dès lors qu’il s’agit de choisir vers quelle voie s’engager, et surtout comment.

Un marché non homogène?

D’après Cyril Zeller (Division télématique de Telit), la couverture par des produits UBI représenterait un défi non négligeable, en vertu déjà du fait que le marché de l’UBI varierait sensiblement d’une région à une autre aux USA.  En cause dans ces disparités géographiques, des  législations qui on le sait varient pour partie d’un état à un autre : aux États-Unis il existe une partie de la législation qui s’applique à l’échelle du pays tout entier (fédéral) et par ailleurs les différents États élaborent leur propre législation qui s’applique donc exclusivement dans le périmètre de l’Etat régional (à condition de ne pas contrevenir à des principes énoncés dans la législation fédérale). C’est ce qui se passe pour le cas qui nous intéresse : ce sont pour certains États les législations concernant la vie privée (privacy laws) et la régulation des assurance qui peut compliquer singulièrement la création d’une couverture basée sur les assurances basées sur l’usage.

Le bon choix pour la conception des produits

On parle ici de choix stratégiques, la question étant : où placer le curseur lors de la conception des produits d’assurance. Les assurances basées sur l’usage ne se limitent pas en effet aux assurances au kilomètre (pay per drive) mais peuvent intégrer des aspects bien plus complexes, à la mesure du vaste éventail de données qui peuvent être récupérées par les assureurs et qui prennent en compte elles, le comportement du conducteur (« pay how you drive » ou PHYD). La décision en faveur d’un modèle ou d’un autre a pour les assureurs des implications, qui concerneront tant les matériels impliqués, que les fournisseurs de services avec lesquels ils engageront des partenariats. L’autre enjeu portant lui sur le rôle qu’ils comptent jouer dans une industrie de la télématique encore largement fragmentée.

Trouver le bon modèle pour le bon segment

L’incitation à opter pour un modèle plus qu’un autre serait fortement conditionnée par le ou les  segments que l’assureur compte investir. A cette contrainte s’ajoute, le fait que pour ces investissements stratégiques, il faut réfléchir aux types de produits que les assureurs comptent développer dans le présent… Et l’avenir.

Les lignes commerciales

Ainsi, le choix d’installations autorisant le pay-how-you-drive ne posera guère de problème aux assureurs pour les lignes professionnelles (contrats d’entreprises, flottes de loueur…) :  Par contre, de nombreuses flottes commerciales souscrivant de tels contrats disposeront souvent déjà de solutions de gestion de leur parc en place, ces flottes ne seront donc guère tentés par un changement de solutions, à savoir un changement de TSP (Telematic Service Provider).  D’un autre côté, installer deux solutions hardware sur le même véhicule ne sera probablement pas non plus considéré comme la meilleure solution, en particulier pour des raisons de coûts. Autre problématique, pour les modules PHYD, deux applications sur le dispositif doivent être couplées ce qui n’est pas possible avec les plate-formes développées pour les entreprises.

Les lignes individuelles

Autre segment, autre problématique : pour les consommateurs, les systèmes nécessitant le recours à une installation professionnelle constituera une incitation négative. Ce type d’installation est nécessaire pour tout dispositif de gestion mobile des ressources qui requiert un flux important de données.  Les assureurs seront donc tentés d’opter pour des formules plus légères en termes d’installation : à savoir les dongles que les utilisateurs peuvent mettre en place eux même, ces derniers offrent un coût généralement inférieur à une centaine de dollars. Premier inconvénient, ces dongles, par leur conception et le faible volume de données qui sont transmises n’autorisent que des modèles peu élaborés de PHYD, donc un volume de services faible pour le consommateur et une faible capacité d’innovation pour l’assureur : l’avantage de ce système est par contre (en toute logique) de pouvoir fournir des contrats de services relativement modiques (à la mesure des services proposées et des coûts).  Mais ces dongles présentent souvent les inconvénients de leurs avantages : ils sont aussi faciles à désinstaller qu’à installer, ce qui les rend bien sûr inexploitables en cas de vols de véhicules. Néanmoins ces dongles bon marchés intéressent les assureurs au motif qu’ils peuvent constituer une voie royale et relativement indolore pour faire entrer le principe de la télématique dans les habitudes des automobilistes.

Le rôle des services

les OEM (Original Equipment Manufacturer) à savoir pour ce cas précis les constructeurs automobiles pourraient cependant rentrer dans la danse aux USA et ailleurs :  Ainsi Zeller, déjà cité entrevoit un futur dans lequel les consommateurs pourront télécharger une application UBI dans leur véhicule connecté. Ce qui soulève bien sûr une question intéressante, les assureurs vendront-ils des solutions de gestion mobile des ressources, ou bien les TSP/OEM vendront-ils de l’assurance?

A signaler le salon à venir Insurance Telematic expo 2013 qui se déroulera à Londres le 24 avril prochain.


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