La résistance et le confort de la fonte émaillée, Arnaud Chambon à la Librairie le 29 (Paris 10)

Publié le 16 avril 2013 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

On s’étonne de l’engouement et de la fascination des photographes pour les lieux abandonnés mais cette photo de mémoire documente et immortalise en quelque sorte le passé d’un lieu oublié. Ces endroits recèlent effectivement des souvenirs, des habitudes, et dans le silence de leur déréliction, apparait souvent un souffle poétique, et sur les images quelque chose qui s’apparente à l’âme du lieu.

Parce qu’il a souhaité, comme il le dit, « donner une valeur bien à moi à ce monde », Arnaud Chambon a suivi les derniers jours d’activité de la Fonderie de Noyon dans l’Oise, qui fabriquait notamment des baignoires en offrant à ses clients « toute la résistance et le confort de la fonte émaillée » tels que le promettait le slogan de Jacob Delafon.

En ayant lui-même travaillé en tant que fils d’employé, dans cette usine, appelée « La Fonderie » dans la région, il livre un témoignage poétique et émouvant des derniers jours de l’usine, de son démantèlement jusqu’à sa démolition totale.

Avec lui, on pénètre en silence dans cet endroit qu’on imagine animé et peuplé d’hommes qui s’affairent, qui font tourner les machines, qui produisent des objets.

Désormais, la matière parle de son oubli, et les images traduisent la nostalgie de la désertion de l’usine.

« Je suis retourné la photographier dans le silence, après l’arrêt de la production. Je voulais faire des photographies qui montrent une part de poésie étrange, secrète et immobile. J’espérais qu’ainsi, à travers cette histoire particulière, elles parviendraient à nous parler de la violence et de la beauté de la vie des hommes. » dit le photographe.

Les couleurs, les matières, les ustensiles ou outils laissés presque en pleine action : une pelle déposée contre un mur, ou une autre dans un bac, des machines ou des tableaux de commandes, autant d’objets qui avaient une utilité, qui étaient quotidiennement empoignés, actionnés. Certains objets encore disposés en l’état témoignent de la dernière présence humaine dans les lieux, comme les extincteurs rassemblés dans un charriot.

Avec l’ouvrage d’Arnaud Chambon, on commence par la fin : le démantèlement de l’usine. Les images de démolition, la destruction et la désintégration de l’usine en pierres révèlent ce qu’il est advenu des lieux. Les images en coupe du bâtiment, les amoncèlements de gravas, pour mieux introduire « l’usine qui n’existe plus ». C’est ici que l’on voit les scènes des pièces abandonnés, outils et machines laissés en plan.

C’est parce que la baignoire acrylique (désormais fabriquée en Chine) a remplacé celle en fonte, que l’usine a périclité. Dans son chapitre « Le pouvoir d’écrire l’histoire », nous voyons des images d’archives de la fabrication de ces objets et leur usage dans une salle de bain.

Les objets sont montrés et nommés et les pièces de travail cataloguées (les machines de contrôle ou les bureaux), et certains documents photographiés et intégrés au livre, forment un ensemble cohérent.
Un émouvant travail de collecte et de mémoire.

A voir :
La résistance et le confort de la fonte émaillée
Arnaud Chambon
Jusqu’au 28 avril

A la Librairie le 29
29 rue des Recollets
75010 Paris