Dans l'ombre de Charonne - Désirée et Alain Frappier

Par Olivbd
« Comme dit l'autre : la République n'est pas toujours une bonne mère. »     Désirée & Alain Frappier

Dans l’ombre de Charonne

Récit graphique en noir et blanc
Préface de Benjamin Stora
136 pages - format : 182 x 257
Couverture souple avec rabat 18,50 euros ou 12,99 euros en version numérique   Dépôt légal : 18 janvier 2012 Éditeur : Éditions du Mauconduit

ISBN: 979-10-90566-00-2 

©Éditions du Mauconduit • 2012 • Frappier


  Désirée Frappier, est journaliste, écrivain. Pour cet album « Dans l'ombre de Charonne », elle a mené une enquête, rencontré des dizaines de témoins et exploité une importante documentation autour d'un témoignage poignant. Passionnée, elle restitue dans son contexte historique la complicité qu’elle entretient depuis l’enfance avec l’héroïne, Maryse Douek-Tripier.    Alain Frappier est peintre, graphiste et illustrateur. Ses différentes palettes techniques sont mises à profit du récit. Et par la nature de ses dessins et de sa démarche de reconstitution, il oeuvre une bd reportage dans un style personnel étonnant où l'observation prend un rôle très important.     Retour en arrière. Pas très loin, juste derrière nous. Il y a tout juste 50 ans. C'est ladite guerre d'Algérie. Et un évènement dans l'Histoire, c'est le 8 février 1962 : Dans l'ombre de Charonne.   «La guerre d'Algérie nous suit depuis l'école primaire, et plus ça va, plus elle est partout.»

De l'oubli aux souvenirs, ici, cette histoire est celle de Maryse Douek-Tripier, 17 ans aux moments des faits. En classe de première au lycée de Sèvres, elle était, comme l'évoque Benjamin Stora dans sa préface, parmi les manifestants qui ont été matraqués, piétinés écrasés à l'entrée du métro. Et elle avait décidée de participer avec ses copains de classe à une manifestation contre le fascisme et pour la paix en Algérie. Miraculeusement épargnée, sa mémoire s'est pourtant éteinte sur presque 50 ans. Le prologue de cette histoire explique le pourquoi du comment de cet exercice d'évocation par Maryse Douek-Tripier. Lourd de sens et de conséquence, les auteurs Désirée & Alain Frappier ont décidé de retranscrire humblement le récit de Maryse en utilisant la première personne du singulier.

« La mémoire vivante n'est pas née pour servir d'ancre.

Elle a plutôt vocation à être une catapulte.

Elle ne veut pas être havre d'arrivée, mais port de départ.

Elle ne renie pas la nostalgie, mais elle lui préfère l'espoir,

ses dangers, ses intempéries. »

Eduardo Hughes Galeano  

Et il y a eu cette manifestation du 8 février 1962, à l'appel de plusieurs syndicats et partis de gauche pour protester contre une série d'attentats sur Paris perpétrés la veille par l'OAS (Organisation Armée Secrète). Profondément choqué par cette fillette de 4 ans, blessée grièvement lors de l'attentat de l'appartement d'André Malraux, l'opinion publique se retrouve dans la rue, tous en masse, place de la bastille, pour dire non à l'OAS et non au fascisme. Ce rassemblement est dit " interdit " sous l'autorité du préfet Maurice Papon. Une protestation qui se déroule sans heurts jusqu'au moment de la dispersion de la foule. Un ordre est donné, mais par qui et pourquoi ? Toujours est-il que des groupes de forces armées ont attaqués la foule. Des pistes sont avancées, mais la justice n'est toujours pas rendue. Or, ce jour là, de nombreux manifestants se sont retrouvés bloqués à l'entrée du métro Charonne. Le bilan sera lourd : neuf morts et environ 250 blessés mais aucun coupable...

Maryse y était. Ses séquelles sont fortes dans son inconscient. Elle s'en sortira avec quelques côtes fêlées, et un discours qui vient de s'ouvrir, cinquante ans après. Le fait que Maryse Douek-Tripier et Désirée Frappier soient amies de longues dates, renforce et crédibilise ce roman graphique sur les événements du métro Charonne. Parallèlement à ce témoignage, les auteurs retracent avec soin le contexte politique et social de l'époque, en insistant sur les épisodes clefs et sur les différents acteurs. Mais aussi sur le quotidien de nos lycéens engagés : avant, après, pendant. Cette jeunesse du début des années 60 que nous allons retrouver quelques années plus tard, en batailles rangées, sur les pavés de Mai 68... Bref, l'évenement est vécu. On apprend beaucoup. C'est complet, et je crois bien que dans ce livre, tout est vrai ! 


Liens complémentaires :

http://www.francetv.fr/culturebox/bd-dans-lombre-de-charonne-temoigne-50-ans-plus-tard

http://philippepoisson.over-blog.com/article-dans-l-ombre-de-charonne

http://blogs.mondomix.com/samarra.php/2012/08/17/dans-l-ombre-de-charonne

http://aggiornamento.hypotheses.org/ itw des auteurs

http://daniel-kupferstein.com/autres-films/8-documentaires/22-mourir-a-charonne-pourquoi  


Un souvenir, cette affaire est citée dans la chanson  Hexagone de Renaud. (1975)  Paroles : « Ils sont pas lourds, en février, / À se souvenir de Charonne, / Des matraqueurs assermentés / Qui fignolèrent leur besogne, / La France est un pays de flics, / À tous les coins d'rue y'en a 100, / Pour faire régner l'ordre public / Ils assassinent impunément. »
© Dédicace de Désirée et Alain Frappier, lors de la #1ère édition du festival Villers-BD.    ©Éditions du Mauconduit • 2012 • Frappier  
Ma participation avec les participants chez Mango pour la .  
Bonne lecture, OliV'