Nègres et littérature

Par Goliath @Cayla_Jerome
Crédit photo: Phil Hilfiker/FlickR 

Pour donner suite aux histoires de nègres en littérature dont j'ai déjà parlé dans une de mes notes, sur le site de RMC, au 05/04/2008, on trouve une interview de Jean-François Kervéan, qui est entre autres, nègre pour quelques personnalités. Il me fait bien plaisir de constater que la "négritude" s'affiche désormais, de plus en plus souvent. Ce n'est pas une honte, ni même critiquable, je le vois juste comme un travail utile où chacun y retrouve son compte. Il est évident que certains "auteurs de livre" n'ont ni le temps, ni les moyens de les écrire, aussi il est légitime de ne pas le taire, de ne pas mentir aux lecteurs. On peut avoir une opinion, des confessions à faire, ou des idées intéressantes, et avoir recours à un tiers pour les mettre en forme. Ceci ne retire rien à quiconque, alors pourquoi le cacher ? Pour se faire passer pour ce que l'on est pas ? Quelle utopie et quel mensonge stérile, qui revient à se mentir à soi même. Ces pseudo auteurs peuvent dire "mon livre", puisque cela est réel, il s'agit bien de leur histoire. Clamer "le livre que j'ai écris" relève de l'usurpation pure et simple, et c'est ce qui me choque.

A chacun son métier, il y a ceux qui ont une "histoire" et, ceux qui savent les raconter. Les deux personnages se complètent, peuvent vire en symbiose et forment un binôme constructif. Il n'y a que le romancier qui imagine son histoire, quand il ne la tire pas de faits réels et de son expérience, et qui la rédige pour le plaisir de raconter.

« J’ai écrit les livres de Michel Drucker, de Loana... »

La rédaction - Bourdin & Co - RMC

Jean-François Kervéan était invité chez Jean-Jacques Bourdin pour évoquer une profession peu connue du grand public : nègres, ces écrivains qui rédigent les livres des célébrités.

Extraits audio :

A propos de Michel Drucker : Télécharger l'extrait

Avec Loana et Hervé Vilard : Télécharger l'extrait

Jean-François Kervéan est écrivain, journaliste, éditeur et... nègre. Les nègres, ce sont ces écrivains payés pour écrire « les livres des autres ». Par exemple, Jean-François Kervéan a écrit les autobiographies de Loana, de Michel Drucker, ou encore les deux romans d'Hervé Vilard. Invité mardi 15 avril dans Bourdin & Co, il a évoqué le métier de nègre. Selon lui, « De plus en plus, les people citent leur nègre, qu'ils appellent co-auteur, ce qui n'était pas le cas avant. Le métier est en train de changer, aujourd'hui, certains peoples insistent pour que l'on soit cités ». Cependant, « il y a encore un secteur secret, le secteur politique, où tout le monde a un nègre, mais il est interdit de le dire. Il y a aujourd'hui à Paris 7 ou 8 nègres qui ont pignon sur rue. Certaines personnalités vous demandent de disparaître ensuite, quelquefois c'est inscrit dans le contrat. C'est très codifié. Vu le nombre de livres écrits par des nègres, je peux vous dire que le poids des nègres est lourd aujourd'hui dans l'édition ».

A propos de sa collaboration avec Michel Drucker, il a déclaré : « Vous avez des auteurs qui changent. Michel a démarré complètement paniqué à l'idée de faire un livre, comme s'il allait décrocher une timbale impossible, et au bout de plusieurs mois de travail, c'est devenu un homme dont je suis persuadé qu'il écrira le prochain tout seul. Il s'agit d'écrire avec des gens, et les amener à ce qu'est un texte ». Michel Drucker qui mentionne tout haut que le livre est co-écrit par Kervéan. Rendons à César ce qui lui appartient !

Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi ? par Jean-François Kervéan et Michel Drucker (Broché - 2 novembre 2007)

Il a également évoqué son travail aux côtés de Loana : « Loana, c'était la grande époque où les nègres étaient totalement secrets, ce qui fait qu'après avoir passé deux mois en long et en large à Saint-Tropez, où tout le monde m'avait vu trottiner derrière ses « plates-formes boots », à Paris, dès que le livre est sorti, tout le monde m'a appelé. On me disait « vas-y, crache sur la bimbo, dis-nous qu'elle est bête ». Bouvard, Ruquier, le téléphone sonnait comme il n'a jamais sonné, car j'étais secret. »

Enfin, il a évoqué son travail d'écriture avec Hervé Vilard : « Hervé, c'est un écrivain. Il arrive chez moi avec ses feuilles sous le bras. Il n'est pas content, jamais assez content, il veut que ce soit toujours mieux. Mon travail lui convient et on fera un troisième roman ensemble ».