« C’est vendredi, c’est le bordel » de PA Gillet dans l’Interview très Stratégique

Publié le 19 avril 2013 par Darkplanneur @darkplanneur

PA Gillet est un ami de Darkplanneur depuis des années, il a accepté d’apporter une analyse stratégique à son grand succès : « C’est vendredi, c’est le bordel »

Darkplanneur : Quelle est la genèse de « C’est vendredi, c est le bordel » ?

PA Gillet : « Le Bordel a mis un peu de temps avant de trouver sa forme définitive. Le premier article du vendredi fut consacré à Bettie Page le lendemain de sa mort le 12 décembre 2008. L’article s’intitulait sobrement « C’est vendredi, c’est Bettie » (http://www.apreslapub.fr/article-25727796.html). Il fut ensuite suivi en janvier par « C’est vendredi, c’est road-movie » (http://www.apreslapub.fr/article-26829104.html) puis par « C’est vendredi, c’est Bukowski » (http://www.apreslapub.fr/article-27366680.html) avec deux poèmes de cet auteur que j’adore. Puis par « C’est vendredi, c’est sodomie (mais pas que) » (http://www.apreslapub.fr/article-36499859.html) qui fut le premier article à mixer quelques images variées et du texte. Bukowski est ensuite revenu une fois de plus (je vous l’avais dit que je l’adorais) dans « C’est vendredi, c’est Bukowski » (http://www.apreslapub.fr/article-c-est-vendredi–c-est-bukowski-37221559.html) avant que le Bordel du vendredi n’apparaisse pour la première fois le 6 novembre 2009 avec le premier numéro de « C’est vendredi, c’est le Bordel ». Un tout petit bordel pour commencer avec seulement 11 images mais 11 images de qualité. Les bases du Bordel moderne étaient jetées. Où ? Bonne question. Nul ne le sait, même pas moi. »

D: « Comment composes tu un « C’est vendredi, c est le bordel »

PA :« Je passe mes jours et mes nuits sur le net à la recherche d’inspirations, d’images, de coups de cœur et de découvertes pour Après La Pub et pour nourri mes nombreux Tumblr. Je suis aussi constamment en quête d’artistes pour ma galerie d’art, la SHAG (http://s-h-a-g.fr). Au fur et à mesure de mes pérégrinations, j’ai commencé à accumuler des images éparses que j’ai pris l’habitude de remiser par devers moi dans des petits dossiers. C’est cette matière, multiple, protéiforme et désordonnée qui constitue le bordel. Pour un bon bordel, il faut un peu de tout… mais de très bon niveau. Le Bordel du Vendredi est désormais constitué de 130 à 150 images sélectionnées dans la semaine par une armée de petits pakistanais qui bossent pour moi dans ma cave (insalubre et humide) que je fouette parfois, juste par plaisir sadique même s’ils ont bien fait leur boulot. Le jeudi, je jette un œil avec eux sur l’ensemble de ces images pour voir comment les organiser entre elles, pour trouver un lien et ensuite, je fais un fond de sauce qui lie le tout, un texte car j’adore écrire. Sur tout. Et parfois sur rien. 15 ans de rédaction publicitaire en agences, ça marque et ce blog est devenu pour moi mon principal mode d’expression. À l’inverse de certains de mes amis publicitaires, je n’ai pas encore le courage ou le talent de m’atteler à un livre comme Philippe Laffite, Sylvie Ohayon, Jérôme Lemoine ou Grégoire Delacourt. Je ne suis pas encore prêt pour me livrer autant et je ne suis pas certain d’avoir assez de plume pour me comparer à mes idoles, les Fante (père et fils), Bukowski, JG Ballard, Camus et Italo Calvino. Donc je fais un bordel. C’est déjà ça.« 

D: «  »C’est vendredi, c est le bordel » est-il le Cabinet de Curiosités de PA Gillet ? »

 PA: »Ne prenons pas les choses à l’envers sauf éventuellement si c’est une jolie femme. Je dirai plus que le Cabinet de Curiosités est un peu le Bordel de Dark Planneur. Huhu. »

D: »Comment explique tu la dimension transmédia du « C’est vendredi, c est le bordel » ? »

 PA: « J’ai la chance que le Bordel soit désormais relayé par le Huffington Post tous les vendredis comme les autres articles de mon blog quand je pense à leur envoyer et que Technikart m’ait offert deux pages vierges pour faire mon bordel sur papier, sans aucunes contraintes, ni censure. Merci Raphaël Turcat. J’imagine que ces deux supports y ont vu un intérêt pour leurs lecteurs qui doivent aussi avoir besoin de se détendre en fin de semaine ou une fois par mois dans le cas de Technikart. Sauf ce mois-ci à cause d’un dossier sur le rap qui a pris trop de place. Déjà que j’aimais pas le rap… Devenir riche avec des rimes en général si pauvres, accumuler tant de platitudes pour atteindre des sommets, ça m’effare. Les seuls bons rappeurs que j’écoute sont des rappeurs morts. Gil Scott Heron, rappeur d’exception, langue de pute et voix de velours d’une époque ardue pour les afro-américains. Lui, il avait quelque chose à dire et le disait avec talent et créativité. Et Lightnin’ Rod car peu de monde ne le sait mais c’est lui qui a inventé le rap en 1969 sur le titre « Doriella Du Fontaine » avec derrière Jimi Hendrix à la guitare et Buddy Miles à la batterie. Là, c’est beau, c’est bon et ce n’est pas une litanie d’histoire de meufs qui shakent leurs booties, de grosses caisses, de dollars, de flingues, de mysoginie et de mauvais goût absolus. Si La Fouine, Booba, Rhoff et 1995 veulent s’entretuer, c’est pas moi qui les en empêcherai. »

D: « Que dit le succès de ton rdv sur le monde contemporain ? »

 PA : « Si le Bordel est très suivi (principalement sur Paris), je considérerai que le Bordel est un succès le jour où je gagnerai de l’argent avec. J’ai eu une proposition d’édition pour le bordel. J’y ai répondu par l’affirmative mais j’attends encore des nouvelles de l’éditeur. D’ailleurs, si un éditeur lit ces lignes, je suis partant pour éditer le Bordel. En 12 tomes. Façon La Pléiade mais je veux une couverture en cuir de Yak. En tout cas, il prouve qu’on a tous besoin d’un peu de Bordel dans la vie tant les nôtres sont formatées, organisées. Et puis, si je peux nuire un peu à la productivité de la France pour 20 minutes le vendredi, ça me va très bien. »

D : Vis-tu des baisses de motivation ? Comment combats-tu cela ?

 PA : « Le Bordel est assez aliénant et très chronophage. Entre 8 et 10 heures de travail pour la recherche d’images pendant la semaine, leur organisation pour y trouver un sens (de lecture au moins), leur téléchargement image par image car ces abrutis d’OverBlog n’ont toujours pas de solutions pour tout télécharger en une fois et le texte qui me prend bien trois heures à écrire car je suis un fignoleur pignoleur. Dès le jeudi matin, j »organise, je télécharge et le jeudi soir, j’écris. J’ai parfois eu quelques baisses de motivation car c’est très prenant en temps et en réflexion. Mais je prends plaisir à donner du plaisir. De loin, du moins (ma femme lira cet article alors je n’en rajouterai pas). »

D: « Quels sont les 3 visuels qui t’ont le plus marqués en 148 numéros, et pourquoi? »

 PA: « Ouh là… question ardue car avec en moyenne plus de 150 images par Bordel, soit près de 20 000 images, je ne me souviens pas de tout ce que j’ai mis dans le Bordel depuis 5 ans. J’aime l’absurde, mes maîtres sont les Monty Python, Pierre Desproges, Raymond Devos et Norman (rayer la mention inutile). Donc, mes préférences vont vers ce style. Mais j’aime aussi beaucoup les brunes piquantes, les gadgets inutiles, les Xhat The Fuck de toute beauté et les Messages à Caractères Informatifs ou pas. Alors Je t’ai fait une sélection de 23 images qui représentent selon moi l’esprit du Bordel. Surtout la première et la dernière qui sera dans le prochain Bordel (une exclu mondiale). Pourquoi 23 et pas 3, 11 ou 19 ? Pourquoi pas, c’est le Bordel. »

D : Quel est le futur « C’est vendredi, c est le bordel »

 PA : « Le Bordel a-t-il un futur ? Vu l’état du monde chaque semaine, je serai tenté de dire oui. J’aimerai que le mien soit édité un jour car je pense que ça ferait un bon livre à compulser lors des longues soirées d’hiver. Et pourquoi pas imaginer un site sur le Bordel sous toutes ses formes. Je rêve de créer le meilleur site du monde à mi-chemin entre The Cool Hunter, Fubiz, La Boite Verte, My Modern Met et 9Gag. Ca a failli se réaliser avec BETC il y a deux ans. Je leur avais proposé de créer une veille mondiale intense, quotidienne de toute la créativité sous toutes ses formes, en sollicitant les internautes et en utilisant les réseaux des créatifs, des TV Prod, des agents de photographes à travers le monde pour avoir le meilleur des vidéos qui sortent chaque jour dans le monde, le meilleur des images, le meilleur de tout mais ils n’ont pas eu les c… euh la volonté de faire un truc aussi énorme. Mais je suis toujours partant pour créer le meilleur site du monde, un bordel organisé avec le meilleur du Bordel mondial. En tout cas, ce ne sera pas à la télé car autant j’aime mon Bordel, autant je n’ai pas du tout envie de me montrer, ce qui me différencie de pas mal de mes amis de la blogosphère. Quand au Bordel tel qu’il est, aucune idée de ce qu’il deviendra. Il peut autant s’arrêter dans 15 jours au 150e Bordel car je fais ce que je veux et c’est mon blog, que se poursuivre advitam æternam. On verra bien. Il y aura peut-être un âge où je n’aurai plus la force d’aller au bordel, bordel. »