Quel rapport de forces pour le 1er tour des élections municipales de 2014 ?

Publié le 19 avril 2013 par Delits

En début de semaine, nous réinterrogions la spécificité des élections municipales au regard de la pesanteur du contexte national : crise de la représentation, pessimisme grandissant, prisme omniprésent de l’équilibre financier… Aujourd’hui, nous revenons sur les premiers rapports de forces nationaux parus pour les élections municipales afin de déterminer le poids de ce contexte dans l’expression des électeurs. Ces « intentions de vote » sont bien entendu à prendre avec de multiples précautions car, à près d’un an de l’échéance, les candidats ne sont pas encore déclarés et les configurations ou alliances locales connues.  Il s’agit donc bien ici d’analyser un rapport de forces à un peu moins d’un an de l’élection et non pas d’une prédiction des résultats réels du scrutin.

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Une Gauche et un Parti Socialiste qui peinent à rassembler 

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Ces réserves présentes à l’esprit, nous pouvons néanmoins constater la baisse significative des intentions de vote en faveur de la Gauche par rapport aux résultats réels de 2001 et 2008. En effet, du Front de Gauche à Europe Ecologie-Les Verts en passant par le Parti Socialiste, les suffrages déclarés aujourd’hui en faveur de la Gauche n’atteignent pas les 45% relevés en 2001 ou les 47% obtenus en 2008. En effet, selon une enquête Harris Interactive, la Gauche totalise à l’heure actuelle 39% des intentions de vote. C’est un peu moins que dans une enquête CSA où les trois partis de la Gauche parlementaire cumulent 42% des intentions de vote.

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Et si, au sein du bloc de Gauche, le Parti Socialiste demeure le parti le plus sollicité, le Front de Gauche recueille aujourd’hui 9% des intentions de vote dans les deux enquêtes. Quant aux représentants d’Europe Ecologie – Les Verts, ils obtiennent 6% des suffrages des exprimés. Notons que, selon l’enquête Harris Interactive, « seuls » 73% des électeurs de François Hollande au 1er tour de l’élection présidentielle de 2012 indiquent avoir l’intention de donner de nouveau leur voix à un candidat socialiste. Ainsi, si les sympathisants de Gauche sont parmi les plus nombreux à insister sur l’importance des enjeux locaux et du bilan des Maires en fonction, ce qui devrait logiquement favoriser les maires sortants de Gauche, ils semblent aujourd’hui percevoir peu de raisons de se mobiliser en faveur de la Gauche lors de ces prochaines élections.

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Une Droite plus mobilisée et ferme

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De l’autre côté de l’échiquier politique, la Droite fait jeu égal avec la Gauche dans l’enquête Harris Interactive, avec 40% d’intentions de vote, contre 47% en 2001 et 44% en 2008. L’enquête CSA réalisée début mars crédite quant à elle la Droite de 38% des suffrages. Si cela correspond également à une baisse par rapport aux dernières élections municipales, la prédominance de l’UMP au sein de la Droite n’est en revanche pas remise en cause. En effet, l’UMP est créditée de 33% d’intentions de vote et acquiert les suffrages de 82% des anciens électeurs de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012, soit le taux de report de voix le plus important par rapport à l’élection présidentielle de 2012. L’UDI bénéficie des intentions de vote déclarées de 5% des répondants, soit autant que le MoDem.

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Ainsi, peu d’électeurs UMP semblent s’être détournés de cette formation suite à la défaite à l’élection présidentielle et aux remous engendrés par l’élection contestée à la présidence du parti. Le suivi de la déclaration de sympathie partisane dans les enquêtes d’opinion n’a d’ailleurs montré qu’une très légère inflexion du socle de sympathisants UMP. Particulièrement critique à l’encontre de la politique menée par François Hollande et Jean-Marc Ayrault, en partie crispée par le débat sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, la Droite semble remobilisée face à la majorité en place.

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Un Front National susceptible d’émerger au niveau local

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Si Gauche et Droite voient leur socle électoral diminué, le Front National semble en revanche tirer parti de l’insatisfaction croissante qui atteint le cœur des territoires. En effet, le parti de Marine Le Pen recueille aujourd’hui 10% à 12% des intentions de vote. Si ce score sera conditionné par le nombre de candidats que le parti sera capable de présenter dans les communes (quand en 2008, le parti était peu présent dans les listes proposées aux Français), il traduit l’attrait qu’exerce cette formation politique, y compris à ce niveau de proximité. Marine Le Pen a d’ailleurs fait des élections municipales un test pour démontrer la capacité de son parti à exercer le pouvoir : « nous serons présents dans le plus grand nombre de communes possibles, nous aurons probablement des maires, nous aurons un très grand nombre de conseillers municipaux et c’est une marche incontestable vers notre arrivée au pouvoir ».

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Nous avions vu que les électeurs du Front National se montraient particulièrement pessimistes quant à l’avenir de leur commune et faisaient de la défense des « petits » et de la sécurité les principaux enjeux du futur scrutin. Ils étaient également particulièrement nombreux à déclarer qu’ils voteraient en fonction d’enjeux nationaux et pour sanctionner le gouvernement en place. Traduction dans les intentions de vote : une expression importante en faveur  de la formation d’extrême droite, démontrant la capacité de mobilisation du parti de Marine Le Pen qui en 2001 et 2008 n’avait recueilli que 4% et 1% des votes lors du premier tour des élections municipales.

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A un an des élections municipales de 2014, l’observation des mouvements d’opinion nous permet de conforter le scénario d’une pénalisation de la majorité en place, le peuple de Gauche semblant trouver peu de ressort à l’expression massive d’un vote en faveur des partis de Gauche à l’échelle municipale. A l’inverse, le peuple de Droite semble plus discipliné et déterminé à sanctionner le pouvoir en place quand les sympathisants du Front National, de plus en plus nombreux, ne semblent plus envisager le vote FN comme un simple outil de sanction au niveau national mais comme un véritable désir de changement et de prise en compte des « petits » au plus proche des citoyens. Les affaires récentes ayant agité la majorité sont susceptibles de renforcer plus encore ces mouvements et notamment la démobilisation de la Gauche, la forte abstention prévisible favorisant alors les partis de Droite.