Regards croisés sur la nébuleuse Tête de Cheval

Publié le 21 avril 2013 par Pyxmalion @pyxmalion

Portrait de la nébuleuse Tête de Cheval réalisé dans le proche infrarouge par Hubble

Toute la beauté de la nébuleuse Tête de Cheval ― et de son environnement ― révélée avec des détails époustouflants par les télescopes spatiaux Hubble et Herschel

Invisible à l’oeil nu et étendu au sein de la constellation d’Orion, un gigantesque complexe de gaz et de poussières désigné par les astronomes comme Nuage Moléculaire d’Orion (Orion Molecular Cloud, OMC) figure parmi les objets les plus observé et étudié du ciel boréal. Très photogéniques, les régions ou détails les plus lumineux comptent parmi les plus populaires auprès des astronomes amateurs du monde entier.

Fragment de l’immense complexe du Nuage Molléculaire d’Orion capturé dans l’infrarouge par Herschel – La nébuleuse Tête de Cheval est le petit ergot visible droite de l’image, à l’extrémité du nuage rose pourpre qu’est la nébuleuse de la Flamme

La partie la plus célèbre est bien sûr la grande nébuleuse d’Orion (aussi connue sous son nom de catalogue M 42, Messier 42) suivi par la nébuleuse de la Flamme (Messier 78 ou NGC 2024) et la truculente nébuleuse Tête de Cheval (Barnard 33). Cette dernière doit son surnom à la forme évocatrice du nuage sombre qui la compose. C’est une tête d’hippocampe ou de cheval qui semble en effet se profiler en ombre chinoise au coeur de cet environnement tumultueux.

A l’occasion du vingt-troisième anniversaire du lancement du télescope spatial Hubble, un nouveau portrait de cette région située sous l’étoile Alnitak de la ceinture d’Orion a été rendu public en même temps que l’image, à plus large champ, capturée par le satellite Herschel de l’ESA. Leurs grandes sensibilités au rayonnement infrarouge (proche infrarouge pour le premier et infrarouge lointain pour le second) met en relief ce paysage habituellement ténébreux et opaque. Les filaments de gaz froids (en rouge et jaune) qui la composent échappent aux traditionnelles photographies.

Mêlés de poussières, ces entrelacs fomentent de nouvelles étoiles. Une multitude de chaudrons ― ou berceaux ― tissés de matière interstellaire se réchauffent, en effet, doucement. Avec le concours de la force de gravité, leurs densités augmentent et, par conséquent, leurs températures aussi. Certaines étoiles, chaudes et massives, ont déjà percé l’hymen qui les enveloppaient.
Bombardé et creusé par les rayonnements ultraviolets, l’immense nuage s’effrite. Des pans entiers s’évanouissent.

Bousculée et soufflée par les tempêtes stellaires, la nébuleuse Tête de Cheval se transforme. Selon les chercheurs, elle devrait s’être complètement dissipée dans environ 5 millions d’années …
L’image collectée par la caméra WFC3 (Wide Field Camera 3) de Hubble nous dévoile des détails encore jamais vus de ce nuage en apparence si sombre et cependant très fécond, situé entre 1 300 et 1 600 années-lumière de nous. Un fard bleuté en pâme la crête et met, comme rarement et pour notre plus grand plaisir, en relief ses innombrables boursouflures. Tel la mer qui se retire, le gaz froid est progressivement chassé par le rayonnement des étoiles qu’il recouvrait. Le paysage se dévoile ; le substrat de cette pépinière.

Parmi tous les nouveaux-nés qui “pointent dores et déjà leurs nez” au-dessus du talus de gaz et de poussières, c’est Sigma Orionis, jeune système de 5 étoiles, qui est la plus remarquée. Sa jeunesse flamboyante, pour ne pas dire triomphante (… des ténèbres), éclaire cette partie du cosmos. En scrutant scrupuleusement du regard ce paysage tourmenté, vous pourrez débusquer plusieurs de ses progénitures. De même ― et c’est impressionnant ―, verrez-vous pléthore de lointaines galaxies autour et à travers cette masse sombre qui appartient à notre voisinage galactique !

L’affichage plein écran et dans la plus haute résolution possible est chaudement recommandé !

La nébuleuse Tête de Cheval photographiée par Hubble en version HD à télécharger ici (4 Mb).
La nébuleuse photographiée en 2001 par Hubble à revoir ici.

Crédit photo : NASA/ESA/Hubble Heritage Team (STScI/AURA).