ART - Après Jean-Michel Basquiat, une nouvelle grande messe a sonné au musée d'art moderne de la Ville de Paris. 250 œuvres graphiques de Keith Haring sur bâches ou sur toiles à découvrir, jusqu'au 18 août.
Mort du Sida à l'âge de 31 ans, Keith Haring fait figure de James Dean de l'art contemporain, parti trop tôt. Maître du graffiti, l'Américain est couronné roi de l'immédiateté.
Il est de bon ton d'aimer Keith Haring, et on a sans doute raison. Le jaune pétant de l'affiche de son exposition a envahi Paris depuis le 19 avril avec une œuvre de 1982, propriété d'un collectionneur d'Abu Dhabi.
"Ça passe directement de la tête à la surface", explique Keith Haring, jeune homme pressé, allant droit au but. Dès l'entrée de l'exposition, on le découvre à travers sa série des "Pénis drawings". Le présent, avant tout. Effacement d'un passé destructeur, vivre l'instant. Le présent "rempli" comme dirait Hegel, de tout ce qui a eu lieu et de tout ce qui n'aura jamais lieu. Le présent de tous les présents, à l'image de son baby rayonnant.
Aurait-il su un jour mettre l'immédiateté à l'écart ? Bâches, totems, masques, poutres... ses personnages vrombissants se déclinent sur tous supports, mais qu'en est-il de la peinture ? La composition pour point fort. Un talent pour la couleur, mais une absence de profondeur, de contrastes.
Infos pratiques sur l'exposition "Keith Haring. The Political Line". Le CENTQUATRE prolonge la rétrospective en présentant les œuvres grand format de l'artiste, notamment Les Dix Commandements, pièce monumentale de 1985 composée de 10 panneaux de 7 m de haut, inspirée de la Bible.