Les candidats de la télé-réalité travaillent, mais ne sont pas des artistes-interprètes

Publié le 25 avril 2013 par Francoisjost

La télé-réalité a frôlé la catastrophe : ces participants ne seront pas considérés comme des comédiens, ce qui lui aurait fait perdre sa dernière once de réalité.

La Cour de cassation a en effet refusé, mercredi 24 avril, à 53 participants à "L'île de la tentation" le statut d'artiste-interprète qu'ils demandaient, sans remettre en cause toutefois qu’être candidat dans un tel programme est bien un travail.

Aucun rôle à jouer ni texte à dire selon la Cour

C’est déjà beaucoup, diront certains. Le producteur avait d’ailleurs soutenu durant les procès que :

"Le concept de l’émission, qui consiste en un questionnement de chacun des participants sur ses sentiments à l’égard de son partenaire après des activités agréables comme la navigation (catamaran et jet ski), le saut à l’élastique, la baignade, les balades à cheval, la pêche, les séances de massage, la participation à des soirées festives, des dîners en tête à tête, dans un cadre exotique et splendides en compagnie de célibataires, n’induit que le divertissement exclusif de tout travail manuel, artistique ou intellectuel, qu’en contre-partie les participants ne doivent suivre que quelques règles simples […] accepter d’être filmés dans les moments ludiques, répondre aux interviews pour pouvoir faire partager leur ressenti et respecter les rituels de l’émission"

L’argument n’avait pas convaincu et les avocats des plaignants avaient soutenu, à l’inverse, que "le concept de l’émission conduisait les équipes de tournage à suivre les participants en permanence", ce qui montrait leur dépendance par rapport au producteur, quelle que soit la nature des activités filmées et, notamment, leur caractère ludique. Ils avaient aussi avancé que les activités ludiques ne sont que secondaires et ne sont qu’une contrepartie à leur sort peu enviable.

La Cour de cassation a estimé que la qualité d'artiste-interprète ne pouvait être reconnue à ces participants puisqu'ils n'avaient aucun rôle à jouer ni texte à dire dans le cadre de cette émission et qu’il "ne leur était demandé que d'être eux-mêmes et d'exprimer leurs réactions face aux situations auxquelles ils étaient confrontés", s’appuyant sur l’argument qu’une personne "qui accepte librement de se laisser filmer et d’exprimer ses sentiments lors de la participation à des activités de divertissement" ne fournissait aucun travail.

La Cour de cassation ajoute enfin que "le caractère artificiel des situations filmées et leur enchaînement ne suffisaient pas à conférer [aux candidats de "L’île de la tentation"] la qualité d’acteurs".

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