Blanche Neige: Le plus horrible des contes

Publié le 27 avril 2013 par Olivier Walmacq

Le roi Friedrich Hoffman a eu la malchance de perdre sa femme lors de l'accouchement de leur fille Lilliana. Il finit par épouser Lady Claudia qui finira par accuser Lilliana de sa fausse couche et de vouloir la tuer...

La critique grimmesque de Borat

Pour le public, la référence pour ce qui est de l'adaptation de Blanche Neige et les sept nains restera indéniablement la version Disney. Loin d'être totalement gentillette (le passage dans la forêt avait effrayé des enfants lors des projections-tests, au point de se pisser dessus), le film de David Hand a su perdurer au fil des décennies au point de rester incontournable et indétrônable. Récemment, Rupert Sanders a essayé de remettre Blanche Neige à la sauce guerrière à deux francs, certains médias prônant un côté dark inattendu. Pourtant beaucoup semblent avoir oublié un film sorti en 1997 et au casting pour le moins évocateur. En effet, dans cette production Polygram (ancienne filliale de Universal, productrice de... Blanche Neige et le chasseur!) nommée Blanche Neige: Le plus horrible des contes, on retrouve Sigourney Weaver, Sam Neill, Monica Keena, Gil Bellows (vu aussi bien dans Un amour de sorcière que Ally McBeal!), Brian Glover et David Conrad. Des stars et des têtes connues, ce n'est pas comme si ce n'était pas de la promotion en or. Pourtant, les rares fois où on peut voir ce film c'est les bacs à soldes à 5 euros (et encore c'est très rare) ou tout simplement sur Youtube en VO uniquement.

Néanmoins, cet horrible conte est bien meilleur que le film de Sanders sur un terrain similaire et surtout a le mérite d'aller au bout de son trip horrifique, là où le récent film n'est qu'un énième récit d'Heroic Fantasy. Et pour cause, le film de Michael Cohn est Rated et a donc une plus grande liberté que son successeur bien plus commercial. Les noms ont été changé mais l'histoire est identique à celle que l'on connaît. La grande nouveauté est de jouer la carte de l'hémoglobine, le réalisateur donnant une couleur très sombre à l'histoire, comme pour revenir aux origines d'un conte glaçant sur l'image. Bien avant la version de Tarsem Singh, Cohn optait pour un reflet de Weaver au détriment d'une véritable entitée parlante, permettant d'aborder une certaine schizophrénie intéressante. Elle veut être la plus belle et le miroir lui dicte ce qu'elle doit faire pour tuer la belle-fille. Les nains ont toujours été traités comme des gentils bonhommes, mais ils sont moins sages ici. Un d'eux essayera même violer la frèle jeune fille. Par ailleurs, ce ne sont pas des nains mais des vagabonds et se trouvent au nombre de cinq. Finalement, le bien aimé ne sera pas le prince (manipulé comme un pantin par Weaver) mais le plus valeureux des nains. Un contraste pour le moins cocasse et qui a le mérite de surprendre. 

Pour ce qui est de la Reine une fois vieillie, le maquillage rend horrible Sigourney Weaver et l'actrice semble s'en donner à coeur joie. Elle, qu'on avait l'habitude de voir dans des rôles burnés ou de beautés froides (dans les Aliens comme les SOS Fantômes), se révèle merveilleuse en méchante impériale (c'est le cas de le dire), ne cessant de croire en sa beauté. Cohn n'essaye pas de rendre guerrière Blanche Neige comme le ferront les deux ahuris récents, mais de lui faire prendre les armes tout en gardant une certaine sincérité. Elle ne perd jamais son innocence, là où cela tourne en grand-guignol dans les versions récentes (la palme à celle de Tarsem dont on reviendra bientôt). (attention spoilers) Le final est par ailleurs un véritable rollercoaster où le roi incarné par Sam Neill se retrouve crusifié, un chien essayera de bouffer Lilliana et le vagabond aimant et mieux le Prince passera à la casserole! Sans compter le combat assez violent entre Weaver et Keena d'une brutalité qui fait franchement passé le final de Blanche Neige et le chasseur pour une blague. Pour ce qui est de l'épée dans le miroir, on peut y voir une référence au Portrait de Dorian Gray de Oscar Wilde, où le héros finissait par vieillir jusqu'à devenir poussière au profit de son portrait terriblement jeune. On peut y voir ici une véritable explosion du miroir entraînant la mort dans les flammes de sa maîtresse. (fin des spoilers)

Une revisite sanglante plus que raccord avec l'histoire et la meilleure version avec celle de Disney.

Note: 17.5/20

PS: Le film en VO non-sous-titrée, mais plus que compréhensible.