Météo épouvantable hier. Je ne suis pas un escargot. J'attends le soleil pour aller à la campagne. Et le voici, tel qu'annoncé par tous les bulletins. Je me doute que je ne serai pas la seule cette après-midi à aller en Essonne, à 3à minutes au Sud de Paris, visiter Saint-Jean-de-Beauregard mais il fait trop beau, trop chaud pour renoncer. C'est la fête des vivaces depuis trois jours. Il est grand temps d'y faire un saut.
Le parking d'une (très) grande surface a été en quelque sorte réquisitionné parce que les champs habituellement investis par les voitures sont hors d'usage. Les ornières les ont rendus impraticables. Un petit train fait la navette entre la route nationale et le château en traversant tout le village et c'est heureux parce qu'il y a une bonne trotte.
Tout le monde ne trouve pas le voyage à son goût : je suis déjà montée en avion, mais ça jamais. faire du tracteur à mon âge, quelle idée ! se plaint ma voisine de wagonnet.
Les habitués sont un peu déstabilisés. Certains tentent de s'amarrer aux marchepieds.
Les nouveaux cherchent les bons plans : - alors ils vendent à prix coutant ?- Mauvaise info !- Ah bon, fait-on dépité ... Et les câbles ils sont solides ?- T'as-vu, y en a autant à pieds !- A Courson, je m'étais juré c'est fini. Encore heureux que j'ai pensé aux bottes. J'espère qu'il y aura plusieurs caisses.
En attendant nous visitons le village, ses vielles pierres, son lavoir, sa mairie, son école.
Nous voilà débarqués presque devant l'église qui a donné son nom actuel à la localité qui s'appelait auparavant Montfaucon, un nom peu élégant. La vue qui s'étend loin justifia le terme de Beauregard et l'église Saint Jean lui fut associé.
De fait la foule est dense. Si l'allée principale est bitumée, par contre les stands sont posés sur une terre franchement glissante, malgré la paille, les plastiques ou les tapis. les prix ne sont pas mis en avant. Il faut tirer le cou et oser faire quelques pas en bravant la gadoue. Quelle bonne idée de m'avoir conseillé de me chausser en conséquence. (merci Isa-Marie)
La menthe promet d'être belle comme je m'y attendais. Par contre la sauge est morte (je la croyais plus solide) et je cherche à la remplacer.
Un pigeonnier y est accolé depuis 1610. La colombien était fort appréciée comme engrais. Il s'agit de la fiente des pigeons et la taille du pigeonnier était à la mesure de la richesse du domaine.
On mesurait la taille d'une propriété en arpents. Un arpent était la surface que l'on pouvait labourer en une journée avec un cheval. On devine qu'il varie donc selon les régions. Ici, en Hurepoix il a été normalisé à 34,6 ares.
Il est coupé en 4 grandes parties, elle-êmes chacune coupée en 4. Les allées sont un peu plus larges qu'elles ne l'étaient au XVII°. Plusieurs espèces légumières anciennes ont été acclimatées comme les crosnes ou les topinambours.
Sont arrivés ensuite les épinards, les fraises, les petits pois gousse carrée (seule la gousse est carrée, les pois sont toujours ronds) qui arborent de jolies fleurs Magenta, la vitelotte (une pomme de terre violette que l'on doit à Christophe Colomb) et de jolies tomates.
Il faut le voir aujourd'hui comme un jardin pédagogique. Quand la récolte est abondante, on donne car on n'a pas le droit de vendre puisque c'est un jardin privé. Seule exception au moment de la fête des légumes oubliés en automne.
Jean-Paul, le jardinier, cultive en suivant les principes de la biodiversité en juxtaposant les plantes qui attirent les insectes pour en protéger d'autres. Il y a toujours un carré sur les quatre qui est en engrais vert, en tournant chaque année pour pratiquer l'assolement.
On devine les sauts de loup, qui désignent les ouvertures sur l'extérieur. On emprunte l'allée des iris qui bientôt éclateront de blanc, de violet et de couleurs feux avec des tulipes entre les pieds. Au milieu, le rond d'eau qui servait autrefois à l'arrosage, une fis rempli de l'eau pompée dans la Salmouille voisine avec un moteur de bateau.
Les trois façons de palisser les fruits sont présentes : en chandelier, droit ou en éventail.
Plein sud, on voit des plaqueminiers. Je ne les ai pas photographiés mais ce sont des arbres qui donnent des kakis. J'avais cuisiné ces fruits particuliers en tartelettes il y a quelques semaines.
Le Trophée Saint-Jean de Beauregard, Catégorie Plantes Vivaces aux Pépinière du Beau Pays pour Pulmonaria saccharata 'Silver Bouquet'.
Je n'ai pas perdu de vue mon objectif de visite ... dénicher de solides aromatiques. J'ai noté des menthes de toutes sortes : bergamote, orange, chocolat. Rien qui me surprenne car je les avais déjà rencontrées. Par contre je me suis arrêtée chez Arom'antique sur le Ran ram, ou coriandre vietnamien parce qu'il est vivace, précisément, pouvant monter à 80 cm si on ne le pince pas. Je l'apprécie coupé fin sur de simples pâtes.
J'ai appris que certaines plantes, que je pourchassais parce qu'elles étaient trop envahissantes dans mon jardin d'autrefois étaient en fait comestibles. Comme la tanaisie, ou barbotine, un petit chrysanthèmes dont les fleurs jaunes forment des bouquets très odorants.
Si j'avais eu de la place j'aurais pris de la bourrache, dont les petites fleurs bleues embellissent les salades et qui fait merveille confite sur des desserts. Et pourquoi pas la capucine, qu'on appelait cresson du Pérou à la table de Louis XIV parce que toutes les parties de cette plante possèdent un goût proche de celui du cresson de fontaine. Piquantes et fortes en goût, feuilles et fleurs sont agréables à ajouter dans les salades. L'éperon des fleurs à un goût très original : sucré/salé et piquant fort à la fois. Les graines encore vertes et tendres sont conservées dans le vinaigre comme condiment (à la manière des câpres).
J'ai vu aussi la raiponce, qui est une petite campanule que l'on mange en salade quand ce n'est pas le titre d'un conte ou d'un film. Je me suis tout de même laissée tenter par une verveine orange dont j'ai le sentiment que c'est une mélisse. Je jugerai à la première infusion.
Les prix étaient très raisonnables. La plupart des aromatiques étaient vendues à 4 € et le plant de tomate à 2 €.
Le Domaine se visite en dehors des fête. Témoins de l'art de vivre au XVII ème siècle, château, communs, parc, potager, écuries, pigeonnier et abreuvoir forment un superbe ensemble architectural classé monument historique. Le jardin potager avec ses légumes rares et la succession de ses floraisons (hellébores, narcisses, iris, pivoines, roses et fleurs d'été), dévoile une harmonie de formes et de couleurs se modifiant au gré des saisons.
Vous pourrez aussi bien opter pour des visites individuelles du 15 mars au 15 novembre, tous les dimanches et jours fériés, de 14h à 18h (sauf pendant les Fêtes).
Tarifs 2012 : Gratuit moins de 8 ans- Pigeonnier, potager et parc en accès libre : Normal 7.90€ - réduit 6€ pour les moins de 15 ans, groupes de plus de 15 personnes, étudiants et familles nombreuses sur présentation de leur carte.- Château et pigeonnier guidés, potager et parc en accès libre : Normal 9.90€ - réduit 8€.Billets : Billetterie sur place. Tarification spéciale pendant la fête des vivaces.Parking gratuit . Les chiens doivent être tenus en laisse.
Domaine de Saint-Jean de Beauregard - Rue du Château - 91940 Saint-jean-de-BeauregardTél. : 01 60 12 00 01 - Fax : 01 60 12 56 31 - e-mail : info@domsaintjeanbeauregard.com
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