Miss Ko

Par Gourmets&co

Miss Ko par Patrick Faus

: cuisine banale

: cuisine d’un bon niveau

: cuisine intéressante et gourmande

: cuisine de haut niveau… à tous les niveaux

: cuisine exceptionnelle

… on a mangé ? Oui. Mais quoi ? Quelle importance …

Il y a des restaurants comme ça. Au-delà de l’assiette, ils provoquent, interpellent, énervent, angoissent, plaisent et deviennent sans le vouloir une sorte de mini phénomène de société, cependant limitée en dedans du périphérique parisien. Mais tout de même. Ça permet de prendre position sans trop de risque, de définir des attitudes qui changeront la semaine suivante, ce sont finalement des lieux utiles. Le dernier en date à provoquer des vapeurs de vierge : Miss Ko.

Nom formaté, concept blindé, by Philippe Starck décoré, un poil de japonisant, un soupçon d’asiatisme maintenant oblitéré dans les cerveaux parisiens grâce aux faux sino-japonais à tous les coins de rue. Toujours la même recette de ce monde qui n’en finit pas d’être nouveau et mondial et qui permet de voyager en restant sur sa chaise. L’univers à portée de fourchette laisse encore rêveur quelques retardataires de la mondialisation. Donc, les gens sont contents, ils le disent sur place, ailleurs, et les gens sont importants de nos jours, la preuve ils votent.

Autre vieux gimmick indispensable pour faire avaler les pilules de la modernité : les images et le son. Ecrans télé partout et même sur les tables, musique juste assez présente pour ne pas déranger, du bruit, des voix, des gens encore… Plus de 150 couverts par service. On n’est pas loin des serveuses en patins à roulettes qu’on voyait dans les films américains. Gentilles les serveuses, souriantes, disponibles, clones des temps futurs quand elles nous serviront des pilules coloriées par les fils de Starck.

Chez Miss Ko tout le monde vous veut du bien, ça rassure. Il faut vous sentir unique au milieu de cette foule de mangeurs, et ils y arrivent. Ce sont des pros : marketing, écoles de commerce et de communication, stages aux States, et ils déboulent sur Paris et les parisiens arrivent en se dandinant comme des dindons d’une farce qui les dépasse.
L’assiette ? Le pire est qu’elle est mangeable, au sens premier du mot, ce qui n’est pas le cas dans de nombreux chinoiseux de la capitale sans parler des faux japonais et autres vrais arnaqueurs d’une culture culinaire. Ici, on mange de l’étude de marché. Et c’est assez bon. De toute façon, l’environnement est fait pour annihiler votre perception, votre jugement, donc votre pensée. Alors, avalons.

Full Moon, raviolis gyozas maison, poireaux, sauce ginger-ponzu, bonne pâte, ensemble plutôt réussi même si un peu neutre. Soupe coco & crab cake : simplement remarquable et en remontrerait à beaucoup. Dragon Tempura, sashimi de thon, spicy tuna tartare, flocons de tempura, spicy mayo : bien réussi, présentation superbe et appétissante, goûteux, un vrai plat. Riz Ko-Ko, noix de coco, edamame, coriandre, omelette, poivrons rouges : archi sec et fort bien raté. Cod & Ko, pavé de black cod mariné den miso, wok de légumes : très chinois dans le sucré & et le poisson laqué/sucré, légumes massacrés, too much. Vite, le directeur des opérations, réunions, hara-kiri… Desserts ? Est-ce bien raisonnable ? Perles de tapioca à oublier. Donc, stop. Il est temps de prendre congé. Traverser cette salle infinie, sortir. On a mangé ? Oui. Mais quoi ? Quelle importance. Vous avez vu le dragon rouge qui passe sur les tables ? Génial ! C’est sympa Paris en ce moment…

Miss Ko
49/51, avenue George V
75008 Paris
Tél : 01 53 67 84 60
www.miss-ko.com
M° : George V
Ouvert tous les jours
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