Quinze euros par jour? Allons plus loin

Publié le 18 avril 2008 par Omelette Seizeoeufs

Christine Boutin lance la maison à 15 euros par jour. Ou plutôt, la "Borloo" à 15 euros par jour.

Quinze euros par jour. C'est moins que l'hôtel, c'est sûr. Même un Formule 1 coûte 32 euros par nuit. C'est donc la bonne affaire, puisqu'en plus, avec la chambre d'hôtel on ne risque pas de rejoindre la glorieuse "France des propriétaires".

Le plus important, c'était de faire mieux que les "Borloo". Créée fin 2005, ce programme qui devait nous donner 20.000 maisons par an n'en a fait constuire que quatre...

Donc, il faut être plus vendeur. "15 euros par jour", c'est super vendeur. Chacun peut imaginer les petites économies à faire pour pouvoir se payer la maison de ses rêves. Attention, quand même, car il faut faire ces économies pendant 40 ans. A ce moment, le banquier ou le promoteur immobilier vous répond, inévitablement, oui, mais dans quarante ans, les 15 euros par jour, ce sera le prix d'une baguette du futur, alors que votre maison, elle aura acquis de la valeur. C'est un peu ce qu'on disait aux bénéficiaires étatsunisiens des subprimes, mais passons.

Il faut être vendeur, c'est essentiel. Si "quinze euros par jour" ne suffit pas, je propose que l'on fasse un peu plus de calcul pour arriver à des sommes encore plus petites. Plutôt que de payer tous les jours, pourquoi ne pas payer toutes les heures : "devenez propriétaire de la maison de vos rêves pour seulement 63 centimes l'heure! (Pendant quarante ans)". Si vous trouvez que ce n'est pas pratique de se réveiller la nuit pour mettre des pièces dans le parcmetre qui sera installé dans le salon-séjour, et que vous dormez huit heures par nuit, cela reviendrait à 83 centimes l'heure.

Imaginez : une maison pour 83 centimes. La minute.

Car il faut être vendeur pour vendre ces maisons qui seront construites sur des terrains peu chers et donc loin des centre villes, impliquant des frais de transport important... que dis-je : des frais de voiture, car comme la Borloo, si elle devait exister, la Boutin (la maison) nécessite une voiture, voire deux, puisque madame va devoir travailler aussi pour rapporter les 83 centimes.

Il faut donc être vendeur pour nous refourguer cette maison qui va amocher nos campagnes et faire exploser le kilométrage national. Et qui ne vaudra plus grand chose dans quarante ans quand le litre d'essence sera à 15 euros et que l'idée d'un logement "social" en pleine campagne sera tristement risible. La montagne de pièces jaunes risque de n'avoir servi à pas grand'chose.