La métamorphose - Franz kafka

Par Loizolire
Les lecteurs, qui suivent mon blog depuis son origine, ont déjà pu découvrir et apprécier l'univers de Franz Kafka (1883-1924), considéré depuis longtemps comme l'un des plus grands de la littérature universelle. Né à Prague, Kafka est le fils d'un commerçant juif, d'origine campagnarde, qui parlait mieux le tchèque que l'allemand, et qui était venu tenter sa chance dans la capitale du royaume de Bohême. Après des études universitaires et un doctorat en droit, Kafka trouve un emploi dans une compagnie d'assurances où il deviendra un cadre supérieur modèle, rédigeant des rapports fort bien documentés sur les accidents du travail, pour lesquels il propose des mesures techniques de prévention. Parallèlement à cette activité professionnelle, il fait partie d'un groupe de jeunes gens qui s'intéressent à la littérature. C'est dans les années 1910 et sur les conseils d'amis qu'il commence à écrire.

Nouvelle écrite en 1912, à l'âge de vingt-neuf ans, La métamorphose (die Verwandlung, titre originale) reste l'une de ses oeuvres majeures mais l'une des plus énigmatiques et discutées aussi. 

Folio classique, 144 pages 
Les premières lignes énoncent une nouvelle invraisemblable, aussi terrifiante que grotesque : Gregor Samsa, un représentant de commerce, se réveille un beau matin transformé en un énorme insecte, un cafard. Suscitant effroi, dégoût et incompréhension de la part de sa famille chez qui il habite, il ne peut que rester reclus dans sa chambre. Pourtant, et comme il est un employé modèle et consciencieux, il fait tous ses efforts pour aller prendre son train et travailler. Il ne le pourra évidemment pas. Cette soudaine et incroyable transformation en vermine devient en réalité le résultat d'un piège cruel, mis en place par le père de Gregor, qui a trouvé une ruse pour à la fois imposer à son fils de travailler et le lui interdire. Etant la seule source de revenus ou presque de sa famille, Gregor va devoir faire face aux difficultés que crée sa nouvelle situation, dont l'affreuse impossibilité de toute vie sociale et familiale...

Mon avis : cette nouvelle fait partie de mes toutes premières lectures. Dès le début, le lecteur saisit que ce n'est pas le caractère fantastique qui est intéressant en soi ; c'est plutôt l'histoire et ses conséquences qui se déroulent ensuite. En effet, la transformation d'un homme en animal, si elle semble s'inspirer de la littérature fantastique, correspond à un jeu du langage : il est ainsi courant par exemple de désigner un être humain comme un âne ou un porc... Et Kafka ne manque pas de talent en prenant soin précisément de ne pas décrire son personnage, encore moins de donner le début d'une explication scientifique à cette transformation étrange. C'est avant tout l'histoire d'un homme progressivement délaissé qui est contée. Toute nouvelle tentative de réinsertion - professionnelle, sociale ou familiale - est écrasée. Même sa propre soeur l'a abandonné. La métamorphose existe, c'est une fatalité. Seules les sensations comptent.

La métamorphose n'est donc qu'une allégorie, elle n'a rien de fantastique, mais au contraire d'un réalisme pur car la vie s'avère souvent amère lorsque le coeur d'un homme est fort sensible.

L'auteur met ainsi en exergue le caractère absurde de la vie - une constante dans l'oeuvre de l'auteur, l'angoisse et l'absence de signification de la vie -, et au bout du "chemin", la mort qui finit par se révéler libératrice.


Pour ceux qui veulent découvrir Kafka, je vous le conseille assurément.