Mama Cata, l’héroïne

Publié le 30 avril 2013 par Xmedinadealbrand @mujeresmundi

Cet article est une traduction de la version original en espagnol MujeresMundi

 Profil

 Nom: Catalina Escobar

Pays: Colombie

Profession: Entrepreneuse Social

Adage: «Devenir une mère adolescente n’est pas un péché, mais cela devrait être plutôt une motivation pour réussir»

Une héroïne n’a pas besoin d’une cape et une épée. Comme nous démontre Catalina Escobar, créatrice de la Fondation Felipe Escobar Juan Gomez à Carthagène (Colombie). Depuis plus d’une décennie, Catalina travaille dur pour aider les jeunes mères. La Fondation cherche à diminuer le taux de grossesse chez les adolescentes et le taux de mortalité infantile à Cartagena. Grâce aux efforts de Catalina, le taux de mortalité infantile est en baisse de 80% grâce au modèle de l’hôpital public, qui a sauvé la vie de plus de 3500 enfants.

Les premières lignes de son histoire sont tragiques. Il y a plus de dix ans, lorsque Catalina était bénévole dans une maternité, elle a témoigné de la mort d’un nouveau-né «il est mort dans mes bras parce que sa mère n’avait pas assez d’argent pour ses médicament» Quatre jours après Catalina elle-même a perdu son fils Juan Felipe, âgée de seize mois, en raison d’un accident, «aucune mère ne devrait passer la douleur de perdre un enfant», sont les mots de Catalina.

Catalina Escobar a un agenda chargée. Bien que nous n’avions pu partager une conversation sur Skype, elle a eu la gentillesse et a proposé de répondre à mes questions par e-mail. Merci beaucoup Catalina, pour tout.

Les débuts

«En 2001, je vivais à Cartagena avec ma famille et j’ai été témoin de la pauvreté. J’ai toujours eu un caractère philanthropique hérité de mes parents et j’ai fait du bénévolat à la Maternité de Rafael Calvo. Un jour, un enfant est mort dans mes bras. Quand j’ai demandé la cause, ils m’ont expliqué que sa mère ne pouvait pas payer pour les médicaments. Ces médicaments coutait que 30 USD … le prix d’un déjeuner.

Quelques jours plus tard, c’était moi qui devait passer pour le même moment. La même douleur profonde de perdre ton enfant et se sentir impuissants pour lui sauver. Dans mon cas, ce n’était pas à cause d’un manque de ressources mais en raison d’un accident malheureux.

Donc, il a été décidé, avec ma famille, nous n’allions pas permettre que plus d’enfants meurent à Cartagena par le manque de ressources, il n’y avait aucune justification pour une famille d’avoir à endurer cette douleur pour le simple fait de ne pas avoir avec quoi payer des médicaments et un traitement. Nous avons décidé que dans la mémoire de mon fils, Juan Felipe, nous allons sauver autant des vies que nous le pouvions ».

Comment la Fondation a commencé?

«Au cours des deux dernières décennies, Cartagena a connu une aggravation de leurs problèmes et un déséquilibre social en raison de la croissance rapide de sa population, principalement en raison de la migration. Tout cela à cause d’un manque de politiques publiques appropriées. En 2001, lorsque la Fondation a commencé à travailler, Cartagena avait un taux de mortalité de 48,1 (alors qu’en Colombie il était 23.96), il y avait un taux élevé de grossesses chez les adolescentes – en 2001, 28,2[1]% des naissances dans la Maternité Rafael Calvo étaient parmi des femmes de moins de 19 ans -. En outre, en 2001, nous avons été confrontés à un taux de pauvreté de 17,5%[2], ce que signifie que nous étions la ville la plus pauvre du pays. Il ya aussi une grande marginalisation ethnique et discrimination dans la population, dont 35,4% sont considérés comme d’origine africaine[3].

C’est ce cadre de taux élevés de mortalité infantile et de grossesse précoce, tous les deux étroitement lié à la pauvreté extrême, que la Fondation concentre ses plans sur ces deux objectifs, en ciblant Cartagena.

La fondation a commencé la construction de la pouponnière Juan Felipe Gomez Escobar à la clinique de maternité Rafael Calvo, qui traite plus de la moitié des naissances dans la ville. Là, le programme Parrainage de Berceaux sauve des centaines de vies des bébés en danger de mort».

Il semble que dans le monde on parle beaucoup de la mortalité infantile et les grossesses précoces, mais il n’y a pas vraiment beaucoup de travail pour améliorer la situation à long terme (…)

«Bien que la responsabilité de qualité de la santé est une responsabilité du gouvernement, je ne peux pas attendre que le gouvernement résoudre les problèmes à mesure qu’ils observent la réalité quotidienne des enfants à Cartagena. Si je m’assois à attendre des résultats, les générations ne verront pas un résultat clair et les enfants vont continuer de mourir de causes évitables. Dans un long terme, cela est un déclencheur contre la paix sociale et l’égalité».

Une entreprise sociale

En tant que fondatrice et présidente de la Fondation Juan Felipe Gomez Escobar, Catalina Escobar explique que son organisation est avant tout une entreprise sociale. Donc, ils ne regardent pas pour maximiser les profits pour les actionnaires, mais le nombre d’enfants aidés dans leurs programmes. Grâce à une gestion et une transparence irréprochable dans ses finances, la Fondation «est une entreprise privé à un 100pour cent but sociale. En tant qu’entreprise, nous devons donner des résultats mesurables immédiats à travers des unités d’affaires. De cette façon, nous générons un impact social élevé avec peu d’interventions de ressources. Nous avoir aussi un conseil de direction, très actif et engagé dans nos domaines ciblés de travail ».

Catalina explique aussi un certain nombre d’autres éléments qui font partie de sa stratégie d’intervention sociale «si l’organisation va être une entreprise, nous aurons besoin de tous les liens possibles avec des entrepreneurs de haut niveau, afin qu’ils deviennent de véritables acteurs de solutions à la pauvreté à travers l’exécution d’alliances corporatives. Nous ne lançons pas un projet si il n’est pas financé à 100 pour cent.

Il est très important de planifier mais l’essentiel est à effectuer. Le monde est plein de très bons planeurs, mais les exécuteurs sont beaucoup mieux! Nous ne s’improvisons pas, car l’improvisation va de pair avec la médiocrité, et l’investissement social doit être pris très au sérieux. La pauvreté ne vous donne pas la moindre chance. Cette philosophie nous a permis de partager nos objectifs avec les autres, et ainsi de suite, mettre fin aux cycles de la pauvreté».

Aujourd’hui

Devenir mère adolescente peut aussi signifier avoir à faire face à une série de stigmatisation par la société. Est-ce que votre Fondation travaille avec la communauté afin de clarifier le significat d’être une mère adolescente?

«La Fondation à travers son exemple créa conscience que devenir une mère adolescente n’est pas un péché. Mais plutôt une motivation pour réussir et ainsi être en mesure d’offrir le meilleur que nous pouvons pour le futur bébé ».

J’ai compris que la fondation apporte un soutien psychologique aux jeunes mères. Faites-vous la même chose avec leur environnement social (c.a.d.-grands-parents)?

«Oui, nos programmes comprennent l’accompagnement psychosocial. Nous organisons des visites dans les maisons de nos jeunes mères pour avoir accès à leurs familles, et de réaliser un développement global de nos filles».

Travaillez-vous sur la prévention de l’avortement ou similaires?

«Oui. Nous avons de brigades de santé dans les quartiers de nos bénéficiaires qui font des campagnes de prévention de l’avortement, également un suivi de la grossesse ainsi que le risque de récidive».

Envisagez-vous d’élargir votre zone cible dans d’autres régions de la Colombie ou peut-être d’autres pays d’Amérique latine?

«Pas vraiment. Cependant, nos programmes sont mis en forme de tel façon qu’ils peuvent être répliqués dans des régions présentant des caractéristiques similaires à celles de Cartagena».

Comment vous imaginez vous-même dans 10 ans?

«En train de faire la même chose, car ce projet est ce que je veux faire le reste de ma vie. Pourtant, je serais ravi de voir le nombre de bénéficiaires augmenter et le taux de pauvreté à Cartagena -et à travers tout le pays – diminuer».

Zoom sur Catalina

Mama Cata ‘- le doux surnom de Catalina – a reçu plusieurs prix pour son travail remarquable. En 2011 a été reconnue comme l’un des 100 dirigeants les plus importants en Colombie. Elle a également reçu l’Ordre du mérite de la Croix d’argent par le Président de la Colombie, Juan Manuel Santos.

Autres récompenses:

CNN Hero 2012

Prix ​​Portafolio dans la catégorie Solidarité (2006)

Ashoka Fellow

Prix Femmes de Succès (2010)

Prix de la Fondation Alejandro Angel Escobar dans la catégorie solidarité.

Mention honorable de projet social de grand impacte.

Prix ​​d’excellence dans la gestion des ressources par la Société Compartamos, en Colombie.

Grande Médaille d’officier décerné par la ville de Cartagena de Indias.

Si vous voulez connaître un peu plus sur Catalina et son travail, n’hésitez pas à visiter http://www.juanfe.org

Interview: XMA

Photos: Fondation Juan Felipe Gomez Escobar


[1]  Datos: Oficina de Estadísticas, Clínica de la Maternidad Rafael Calvo. Cartagena de Indias.

[2] Cámara de Comercio de Cartagena. Investigaciones económicas. Economía Regional y de Empresa. Cuadernos de coyuntura Económica. Cartagena de Indias. cuarto trimestre 2001.

[3] Banco de la República. Documentos de Trabajo sobre Economía Regional. La pobreza en Cartagena: Un análisis por barrios. Agosto de 2007.