J’étais enthousiaste devant la couverture de ce livre ainsi que le thème: je n’ai pas lu beaucoup de romans sur la Wicca. Mais globalement, j’en ressors profondément frustrée. L’intrigue avait pourtant du potentiel: en faisant découvrir son don par d’autres, Maëlys s’expose beaucoup et il n’est pas surprenant qu’elle soit aussitôt prise pour cible, surtout vu son inexpérience. La description de ses cauchemars et de la manière dont les crises arrivent est tout à fait poignante, et Cécile Guillot a réellement un talent pour évoquer les situations cauchemardesques profondément dérangeantes. Les échanges de mail entre Maëlys et un Alexandre qui décide de souffler le chaud et le froid avant de faire silence radio créent un rythme et une tension remarquable, rendant la solitude désespérée de Maëlys tout à fait tangible.
Néanmoins, l’ensemble de l’intrigue est beaucoup trop souvent survolée. J’aurais bien aimé qu’on m’explique en quoi consiste exactement l’expérience concernant la télépathie, d’autant plus que Maëlys ne met pas une seule seconde en doute les conclusions qu’en tirent Alexandre et son directeur de recherche. J’ai regretté que ce thème de la télépathie ne revienne pas dans le livre et qu’on se concentre davantage sur un don d’empathie qu’elle met à peine en oeuvre vu qu’elle est la plupart du temps toute seule. C’est trop facile, trop rapide et pas assez démontré, mis en scène, raconté. Quand au thème de la Wicca, je l’ai lui aussi trouvé survolé, abordé dans de longs paragraphes explicatifs et pas du tout mis en scène, et comme en plus, j’ai déjà quelques bases en la matière et j’en attendais beaucoup, le fait de voir le sujet aussi peu traité m’a profondément frustrée.
Je n’ai pas spécialement adhéré au style non plus, mis à part dans les passages cauchemardesques que j’ai cités. Si l’intrigue se passe à Aix-en-Provence, je n’ai pas du tout réussi à me représenter cet endroit, et j’ai souvent eu l’impression qu’on me citait des endroits dont je n’avais aucune idée et qui ne me parlaient pas du tout, comme des noms de rue ou de magasins. J’étais un peu perdue. Le langage ne m’a pas convaincu non plus : on alterne entre un langage oral voire familier (je crois n’avoir jamais vu le mot “professeur” écrit en entier, sans parler du début où Maëlys s’étonne de se faire “draguer par un mec”) et une élégance recherchée qui du coup m’a semblée très emprunté, comme si l’on ou l’autre était déplacé. J’ai aussi relevé quelques choses étranges, comme le fait qu’Alexandre rédige un mémoire en doctorat (il me semblait qu’on y rédigeait plutôt une thèse). Il me semble que ce premier tome manque d’aboutissement et aurait largement mérité une centaine de page de plus pour me convaincre.
La note de Mélu:
Une rencontre ratée.
Un mot sur l’auteur: Cécile Guillot (née en 1982) est une auteure française mais également une illustratrice. Plus d’informations sur son site internet.