VIRUS H7N9: Pourquoi le virus ne doit pas être pris à la légère – The Lancet -ECDC

Publié le 04 mai 2013 par Santelog @santelog

Depuis mars dernier, le nouveau virus aviaire H7N9 aura entraîné 126 cas d’infection humaine signalés dans 8 provinces de Chine orientale et Taiwan, et 24 décès. Une nouvelle étude génétique, publiée dans le Lancet, nous apprend qu’H7N9 serait le fruit d’un réassortiment effectué à partir d’au moins 4 autres virus, avec une capacité à devenir plus nocif pour les humains, soit par virulence accrue, soit par capacité de propagation accrue. Depuis son émergence, H7N9 a déjà donné naissance à 2 lignées. Pour les experts, la vigilance s’impose.

Les autorités de santé chinoises des zones affectées ont mis en place une surveillance accrue, en collaboration avec l’Organisation mondiale de santé (OMS), des enquêtes sont en cours sur les sources et les réservoirs du virus. Le virus A/H7N9 a été détecté dans des échantillons de pigeons, de poulets et de canards, et dans des échantillons environnementaux de wet markets.

La source et le mode de transmission ne sont pas confirmés. Le virus est un virus faiblement pathogène réassorti avec 2 autres virus aviaires, ce qui explique que les oiseaux infectés ne montrent aucun signe particulier. Mais les premières analyses génétiques montrent des changements qui suggèrent une plus grande capacité du nouveau virus à infecter les mammifères, dont les humains, avec une pathogénicité élevée, et d’autant que l’âge de l’hôte est élevé.

Le scénario aujourd’hui le plus probable est que H7N9 se propage -sans qu’on puisse le détecter- dans les populations de volailles et infecte les humains en contact étroit avec les volailles infectées. Il n’y a, à ce jour, aucune preuve de transmission d’humain à humain. L’Agence de surveillance européenne (ECDC) prévoit une incidence accrue des cas sporadiques et une expansion géographique de la propagation en Chine et dans les pays voisins au cours des prochaines semaines. Elle n’exclut pas l’hypothèse de cas importés en Europe.

L’avertissement des experts : Lors d’une conférence de presse récente, des experts auraient averti que le virus ne doit pas être «  pris à la légère  ». En effet, H7N9 pourrait muter et se propager d’humain à humain entraînant une nouvelle pandémie mondiale de grippe. Ces déclarations font suite à la publication des résultats de nouvelles recherches génétiques, menées par des chercheurs de l’Académie chinoise des sciences à Beijing et le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies. Les scientifiques ont utilisé des données de bases de virus mondiales pour identifier les origines possible du virus puis les changements génétiques qui ont abouti au virus actuel. Des analyses préliminaires ont montré que le virus H7N9 pourrait provenir d’un certain nombre de virus de la grippe, circulant chez les oiseaux sauvages, les canards et les volailles.

H7N9, le fruit d’un réassortiment : Les virus A ont un génome (patrimoine génétique) composé de seulement huit segments d’ARN simple, mais c’est souvent leur simplicité génétique qui les rend si contagieux. L’un de segments code pour l’hémagglutinine (HA) et l’autre pour la neuraminidase (NA), 2 protéines essentielles pour la propagation du virus. HA et NA sont présentes à la surface du virus, HA ouvrant la porte au virus, NA raccompagnant le virus à sa sortie de la cellule hôte. Ces 2 protéines comprennent différents sous-types, 17 possibles pour HA, 10 pour NA. Lorsque deux virus différents de la grippe aviaire infectent la même cellule simultanément, cela donne un nouveau virus, produit par la cellule hôte, qui peut contenir un mélange de particules d’ARN empruntées à chaque virus. Ce processus est appelé réassortiment.

Le virus pourrait avoir évolué à partir d’au moins 4 autres virus grippaux circulant dans les populations d’oiseaux sauvages, des canards et des poulets domestiques. Son gène HA pourrait provenir d’un virus de la grippe aviaire qui infecte habituellement les canards et son gène NA d’un virus qui affecte les oiseaux migrateurs, en provenance d’Europe, les autres gènes de 2 virus différents qui affectent plutôt les poulets. Le réassortiment de ces gènes aurait pu se produire chez les canards ou les poulets. Enfin, l’étude constate également que H7N9 a déjà évolué en deux lignées distinctes depuis son émergence.

En conclusion, les experts insistent sur la nécessité d’une « surveillance intensive » du virus chez les êtres humains, les volailles et les oiseaux sauvages. L’évolution à venir du virus pourrait le rendre plus nocif pour les humains, soit par virulence accrue, soit par capacité de propagation accrue,…ou les deux. Dernier point, c’est une «  épidémie cachée  » donc très difficile à contenir.

Sources:

·   The Lancet online May 1 2013 doi:10.1016/S0140-6736(13)60938-1 Origin and diversity of novel avian influenza A H7N9 viruses causing human infection: phylogenetic, structural, and coalescent analyses

·   The Lancet online April 25 2013 Human infections with the emerging avian influenza A H7N9 virus from wet market poultry: clinical analysis and characterisation of viral genome.

·   ECDC Epidemiological update of 29 April on avian influenza A(H7N9) virus(Vignette NHS)

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