Donna Leon - Brunetti et le mauvais augure

Par Pikkendorff

"C’est un puzzle. Nous avons beaucoup de pièces sans pouvoir les assembler. ”

Le toujours charmant et gourmand commissaire Brunetti nous offre de nouveau une promenade vénitienne, assis dans mon jardin évitant les touristes et la canicule. Parce qu’il fait chaud en ce moment dans Venise. Même les voleurs restent calfeutrés, attendant minuit pour commettre leurs larcins.

Une vieille tante de son collègue, Vianello, semble sous la coupe d’un diseur de bonne aventure. Les sommes détournées deviennent inquiétantes. Brunetti se fait un peu tirer l’oreille laissant tout de même de jeunes recrues enquêter sur ce trafic des rêves.

Enfin les vacances mais, avant même d’arriver en vue de l’Ortler en Haut Adige, sans avoir pu apprécier une température plus clémente, une mort brutale autant que suspecte, l’oblige à redescendre dans la fournaise vénitienne.

L’interrogation de routine des témoins et des voisins lui vaut, dès le lendemain matin, une algarade par son supérieur, le très politique Patta. Voilà encore une affaire délicate qui va permettre à Donna Leon d’en profiter pour dénoncer la corruption dans l’administration et dans la vie économique italienne. Toujours est-il que ces allégations  doivent reposer sur une base de vérité puisque trois ans après la sortie du livre, des élections nationales ont vu percer dans le jeu politique un nouveau parti, clairement opposé aux média et aux hommes en place.

Les pistes ne manquent pas sur cette affaire. Entre les escrocs de la divination, les banquiers (véreux), les soirées libertines dangereuses, la mère-dragon ultra possessive, une juge sous influence, et une questure dirigée par, au mieux un couard, le commissaire Brunetti bien soutenu par Vianello et l’incontournable signorina Elettra, saura-t-il surement retrouver, au plus vite, le coupable et le chemin des vacances ?

Le roman policier est très agréable à lire ; Les personnages sont bien campés ; L’action avance à coup de prosecco ; les tramezzino donnent de l’énergie à la police ; Venise est belle ; Donna Leon est digne de son talent.

Donna Leon et son hobby pro immigration.

Si souvent Donna Leon a raison de dénoncer l’exploitation des immigrés, ici elle pousse le bouchon un peu loin. L’écrivain de mettre en de mettre en scène le pauvre Mamadou, un sénégalais ingénieur en hydraulique, qui a réussi, après plusieurs années de petits boulots, à réussi avoir des papiers et à devenir serveur dans un restaurant. Ce garçon a eu le privilège d’avoir pu poursuivre ses études dans une école genre Polytechnique Dakar ou 2IE. Le Sénégal investit sur sa jeunesse. D’après les informations récoltées sur lenet, il y a du travail au pays et les ingénieurs sont payés trois fois le salaire des professeurs.

Grand merci à mon amie, Laurence, pour cette cadeau d'anniversaire. Il a fait chaud sur Venise et dans mon coeur.

Titre original A question of belief édité à Londres en 2010, traduit pour Calmann-Lévy par William Olivier Desmond

Calmann-Lévy, 2013, 285 pages, 21,50€

Photo : Haut Adige avec l'Ortler enneigé.