Forêt la nuit, sans musique, sans danseurs, sans rien

Par Eric Mccomber
Quatre heures. L'air embaume la terre humide et les bourgeons transis, le vent parfumé transporte le babil des volatiles qui déjà s'éveillent. Je ne dors pas, je bivouaque, perplexe. J'ai tout relu, cette nuit. Tout. Je regarde la nuit noire, bouche bée. La lune joue à cache cache dans les nuées noires qui recouvrent l'Aquitaine. Bientôt un autre orage. Les bêtes se taisent une à une. Je reste seul pour affronter les éclairs qui approchent, derrière mon mince rempart de toile. Arcachon tremble et mes doigts tiennent la plume en place, fermement, la petite lampe à crinque coincée sous ma mâchoire comme la caisse d'un violon. J'éclaire la ligne de verte de ma pensée qui s'organise tant bien que mal et à la fin, je me dis :
— Câlisse !
—© Éric McComber