La crise est normale

Publié le 07 mai 2013 par Egea
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  • Décision

Nous avons tendance à considérer la crise comme "anormale" : en effet, elle vient perturber l'ordre établi. C'est du moins ainsi que nous la percevons. Il y aurait ainsi une situation stable, que la crise viendrait déranger. Du coup, il faudrait combattre la crise pour revenir à cette stabilité préalable.

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Le simple fait de décrire la crise de cette façon nous fait voir que c'est une illusion. En effet, il n'y a pas de situation "stable". Un ordre est toujours en mouvement. La stabilité (l'établissement, les deux mots ont la même racine) ne sont que transitoires. Des états intermédiaires. Ce qui est logique puisque nous ne cessons de dire que nous sommes en évolution, et que nous voulons la croissance. La croissance suppose donc un changement de l'établissement. La crise n'est que l'occasion de ce changement.

Plus exactement, elle révèle l'insuffisant changement de l'organisation. C'est parce qu'il n'y a pas eu assez de changement qu'il y a crise, qui ne fait que révéler un décalage.

Dès lors, la crise n'est pas un traumatisme. La crise suscite la décision. Trop souvent pourtant, le décideur cherche à "calmer" la crise et à revenir à l'état antérieur. Qu'il faille faire retomber la fièvre peut constituer une bonne tactique, à la condition de procéder au changement à l'issue du répit. Le répit n'est qu'un délai accordé, non le retour à la situation normale. La situation préalable n'est pas normale. La crise le révèle et exige des décisions (immédiates ou légèrement décalées dans le temps).

Celui qui voit venir le répit a tort de croire qu'il s'est tiré d'affaire. Ne voir que le péril dans la crise, c'est ne pas comprendre sa fonction, qui est de conduire à la mise en place de nouvelles normes, et donc d'un nouvel équilibre.

Qui sera temporaire, comme le précédent.

La crise est le moteur de l'action. Elle est le paradis du décideur.

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O. Kempf