Traumatisme post Tenebras Lux

Publié le 09 mai 2013 par Unionstreet

Il y a des réalisateurs détestables comme Carlos Reygadas qui utilisent leur savoir faire pour plonger le spectateur dans un horrible spectacle de deux heures. Il est des réalisateurs surestimés et Carlos Reygadas, après tout, pourrait bien en faire parti. Présenté lors du dernier festival de Cannes et récompensé du prix de la mise en scène, Post Tenebras Lux avait été hué par les journalistes lors de sa projection. Et c’est totalement compréhensible.

Le film débute sur une longue scène où une petite fille est entourée d’animaux tandis que le soleil disparaît. La nuit s’abat alors que l’orage gronde. Le son est impressionnant, les images effrayantes. L’image en 4/3 avec autour un cercle spectral donne une vision fantomatique à l’ensemble. D’emblée nous sommes plongés dans une ambiance forte et étrange. Puis, sans transition, nous voyons un grand diable rouge rentrer de nuit dans une maison et entrer dans la chambre d’un couple sous les yeux d’un gamin ébahi. Le film recèle de plans qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Joueurs de rugby, futur, passé, retour du diable …

Si les artifices peuvent énerver, ce n’est rien comparé à l’antipathie qu’exercent certaines scènes d’une gratuité qui rabaissent le réalisateur à un vulgaire cinéaste. Il remplit le cahier des charges du dégoût en montrant de la violence faîte sur un chien, des corps horribles dans une scène de partouze échangiste en France qu’il mêle à des scènes où la nature est immense : la forêt dont les arbres tombent, la magnifique plage au son parfait, les promenades en forêt. Entre temps nous voyageons entre présent et futur tandis que le mal rode autour d’une famille mexicaine aisée perdue dans la campagne. Aucun soupçon d’intelligence sinon peut être une morale contestable (si morale il y a) et beaucoup d’ennui.

Finalement le diable rouge serait peut être le mal qui vient pervertir la vie de ce couple en les envoyant s’envoyer en l’air dans des saunes ou en les rendant victimes de la trahison d’un ami, envieux de leur fortune. Ou peut être qu’il n’y a rien à comprendre. C’est une hypothèse à ne pas écarter. À l’image de cette scène où le coupable perd littéralement la tête (auto-décapitation en mode bouteille de Champagne) avant que la pluie n’apparaisse et que le film se termine sur un match de rugby. Dommage car il y avait de bonnes idées, comme apprendre au spectateur le sort du personnage principal par les conversations de personnages qui n’apparaissent que le temps d’une scène.

Pour faire court, Post Tenebras Lux est une expérience visuelle et sonore qui en contrepartie réserve une bonne dose de mauvais goût et de provocations gratuites. Et c’est sûr que quand la salle de cinéma se rallume le titre du film devient éloquent. Après les ténèbres, la lumière.

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