Nostalgique

Par Kasey

       Hate que la fin de ces vacances cauchemardesques se terminent. 

" - Je voulais plus.

- Quoi ? Que j'ai des sentiments pour toi.

- Non. Je veux dire, tu m'as dit dès le début que tu ne m'aimerais jamais. "

       Je voulais... plus. 

Etre légitiment sa petite amie. Pas la fille dont il a honte et avec qui il couche par pitié. Je voulais compter. Je voulais... exister. Dans son Monde mais cela m'effrayait. 

Y a des gens qui sont fait pour être aimés... d'autres non. 

Quelque part, je ne vois pas pourquoi un homme m'aimerait... si mon père ne m'aime pas. Quelque part, quand un parent se refuse à aimer un enfant. Ou quand il décide de ne plus l'aimer. C'est bien que cet enfant n'en a pas le droit. Qu'il a quelque chose en lui qui fait qu'on lui retire ce droit. Qui fait qu'il ne le mérite pas. Qu'il n'en est pas digne. Que cet enfant n'est pas quelqu'un de bien.

Une fois, où je venais de tomber sur une lettre de mon père, dans la chambre de ma soeur, je me suis retrouvée assise sonnée dans ma chambre. Bones est venu me trouver. Il a juste dit " c'est ton père ". Et il m'a laissée aller dans ses bras. Alors qu'à l'époque, il aurait plutôt été du genre à se moquer et à se tirer.

Là, il est resté. Jusqu'à ce que je me calme. Une ou deux heures plus tard, alors que j'étais allongée contre lui, en écoutant les battements de son coeur. Il a un son particulier. Sourd. Grave. Pas habituel. Comme s'il était plus en profondeur ou entouré de davantage de vide. Il a juste dit " t'es une fille bien ". 

Généralement, quand je ne voulais pas parler, ou que je ne savais pas comment réagir, j'avais tendance à frotter ma tête comme un chat sur sa poitrine, comme si à force de secouer la tête, je pourrais oublier. 

       Le soir où je lui ai envoyé ce message... auquel il a eu comme réponse " rupture ".

J'ai voulu écrire " pardon ". Je m'" excuse ". Je n'aurai pas du dire cela. 

Je ne l'ai pas fait.

J'étais énervée. En colère contre lui. Parce que je voulais qu'il écoute. Et il se payait ma tête. Alors que c'était dur pour moi de parler. Et sa seule réponse était soit de se payer ma tête soit les reproches... Alors, j'ai implosé.

Même si je savais que je pouvais lui faire du mal. Ou pas. Selon l'importance qu'il accordait à cette " non relation ".

      Je voulais plus.

Mais cela m'effrayait.

C'est vrai que parce que j'étais attachée à lui, ca m'arrangeait bien qu'il parle de rompre sans cesse. Pas de risque. Pas de peur. Tout devient simple alors. Je serai forcément plaquée pour une autre. Je disparaitrais de sa vie. Et j'aurai juste à endurer la souffrance... pendant un temps.

       Mais... si... s'il avait tenu ces paroles. Si... j'avais rencontré ces amis, après les 6 mois, ca aurait signifié quoi pour lui ? alors... que je comptais ? ou rien du tout ? 

... J'ai toujours eu plus peur de ce qui pouvait me faire sourire ou me rendre heureuse que ce qui pourrait me faire du mal.

Et clairement, cela m'effrayait.

D'être heureuse. De l'aimer. De vouloir plus. De ne pas avoir le droit de réclamer, ni de demander plus. 

Et y avait la peur... La peur parce que je ne voulais pas... si je devais rencontré un de ses amis... qu'il fasse comme avec son père. J'avais rencontré ce dernier par inadvertance. Et... Bones m'avait descendue devant lui. En général, j'ai besoin de personne pour me foutre dans la merde. Mais, je suis capable de sauver les apparences. Là, je me suis retrouvée... humiliée. Et j'ai rien dit. Parce que, à quoi bon... de toute facon, je ne l'aurai pas revu. Si je n'étais qu'une " copine ", je n'avais pas à me défendre. Si je m'étais défendue, c'est que l'opinion de Bones et de son père auraient eu de l'importance si j'étais amenée à les revoir ensemble. 

Et ses amis me faisaient peur.

Parce qu'ils l'aiment. Ils veulent son bien. 

Mais, si j'étais l'amie de Bones, je ne voudrais pas qu'il soit avec une fille comme moi. Heureusement, j'ai un bon compte en banque, donc on sait déjà que c'est pas l'argent qui m'intéresse lol. Mais... je crois que j'aurai alors voulu une fille plus simple, moins chiante, sacrément plus jolie et mieux foutue... Sans gosse. Avec une carrière qu'il estime. Avec un permis, et un appart à elle. Déjà dans la vie active.

Pas comme moi. Un jour, Bones m'a dit que j'étais " abimée "... "physiquement et mentalement". Je lui en ai voulu. Vraiment. Parce que je trouvais cela horrible. Injuste. Et vrai

Il est vrai que je suis une fille avec un QI supérieur à la moyenne, mais qui est incapable d'utiliser ses capacités intellectuelles correctement, et donc à redoubler un nombre incalculable de fois, généralement parce qu'elle n'estime pas avoir le droit de réussir. Que j'ai un corps couvert de cicatrices si on sait où les chercher et pas mal ravagé par une grossesse qui a fait plus que des dégats irréparables... ou alors à un prix que je refuse de payer même si j'en ai largement les moyens. Que j'ai mon lot d'expériences désagréables qui m'ont fasconnée en bien, en mal.

Mais clairement, je suis " imparfaite ".

Bones m'a demandée au moins 3 ou 4 fois, si cela aurait été plus facile s'il avait eu des sentiments pour moi ou si c'est ce que j'aurai voulu. J'ai jamais compris sa question. Elle m'a toujours effrayée. Et j'ai toujours dit " non " " surtout pas " " je ne veux pas ".

Parce que cela me fichait la trouille.

Franchement, quand bien même, il aurait été attaché à moi, j'aurai du faire quoi alors ? 

Lui dire quoi ? 

Lui promettre quoi ?

Je voulais juste ne pas le perdre, qu'il ne sorte pas de mon existence. Qu'il y reste, que je puisse toujours l'avoir blotti contre moi, ou pouvoir glisser ma main dans ses cheveux, ou mon nez dans sa nuque, les bras autour de son torse.

L'écouter encore parler.

De cette ancienne fille de son école qui voulait le voir, ou de son amie qui l'avait rappelé. De sa famille ou de ses amis plus proches. De ses patients ou de son équipe. De sa facon utopique de rêver son existence future. 

Juste.

C'est simple.

Pas compliqué.

Les sentiments, les émotions... c'est trop compliqué. Je ne sais pas gérer celles des hommes. Ils finissent toujours blessés. Je ne voulais pas le blesser lui.

Et je ne comprenais pas. Pourquoi il était gentil. Pourquoi il se conduisait comme le papa de mon fils. Alors qu'il disait ne pas tenir à moi. Pourquoi il était si adorable ces derniers mois. J'aurai demandé n'importe quoi... il aurait dit " oui " dans le domaine du possible. C'était une sensation dérangeante. D'avoir ce pouvoir là, que je ne comprends pas, et qui me parait... désappointant. Parce qu'incohérent.

" j'espère que tu gardes quand même de bons souvenirs "... Je l'aurai tué sur place oui surtout. lol

Des bons souvenirs y en a forcément... puisque les seuls moments où ca allait mal... c'était les textos pas toujours délicats qu'il m'envoyait et réciproquement, les miens maladroits. Ou les mails qui nous faisaient du mal respectivement. Mais, le temps passé avec lui, se comptait toujours en % de bonheur. Il avait atteint un joli 95% une fois. C'était chouette... d'être heureuse. De rires. De le voir... normal.

     Quand je dis aux gens que ma vie est derrière moi, je suis sérieuse.

Je dis pas que je ne pourrais pas refaire ma vie... Ca arrivera peut être... Dans dix ans, quand des hommes échaudés par une première histoire, chercheront à en créer une autre.

Avant..? J'y crois pas. Parce que chacun aspire à quelque chose de " neuf " de " beau " de "pur " de " magique "...

Que je suis incapable dans ma situation d'offrir.

Etudiante. Maman. Détruite. Sans appart. Sans voiture. Sans diplôme. 

     Je ne voulais plus que Bones fasse des efforts pour une fille qui n'en vaut pas la peine.

     Le plus drôle, c'est que si moi, je pensais ne pas mériter d'être avec lui, mes amis eux... estimaient qu'il ne me méritait pas. La loyauté ne devrait pas allé à ses amis, mais à ce que l'on croit de juste. C'est peut être pour cela, que je ne parle pas de ma rupture... Parce que je ne veux pas entendre mes amis me dirent " je te l'avais bien dit " " de toute facon, il ne t'aimait pas " " t'en retrouveras un autre " " il ne te méritait pas "... ou toutes ces conneries.

Une fois, j'ai passé une soirée à le défendre... J'étais épuisée. A tel point, que j'ai écris une ébauche de lettre... pour faire rentrer dans le crâne de ces gens là, que Bones est un homme bien. 

  

Je le voulais lui. 

Pas un autre. Je ne sais pas pourquoi. Je ne saurais jamais pourquoi. 

C'est cette sensation d'être bien, dans une relation " adulte " ( sauf les trois derniers SMS ) et équilibrée... même si je suis apparemment la seule à avoir ressentie cela, vu que lui " saturait ". 

       

      Tout ce qui a trait aux émotions, aux sentiments... Si on ne me met pas au bord du gouffre en me demandant de parler... Je renacle...

Parce que j'ai peur.

Que je suis incapable de concevoir que je puisse avoir de l'intêret.

Que je suis incapable de concevoir qu'on puisse s'attacher à moi.

Que je suis incapable de concevoir que je puisse mériter d'être heureuse.

Aileen

PS : voilà, c'était le dernier post concernant Bones publié sur ce blog... Je crois que quelque part, j'avais besoin d'une bonne dose d'humiliation publique sur le net, pour tourner la page. Et avancer. Désolée.