Incendie et expulsion à Lyon de squats de roms les 13 et 14 05 2013 (suite)

Publié le 14 mai 2013 par Asse @ass69014555

Catherine Lagrange, édité par Yves Clarisse

pour Capital.fr

Les forces de l'ordre ont procédé mardi matin à l'évacuation d'un squat occupé par une trentaine de Roms à Saint-Priest, en banlieue lyonnaise, au lendemain de l'incendie meurtrier survenu dans un autre immeuble de la région occupé illégalement.

Cette évacuation, qui a duré deux heures et qui fait suite à une décision de justice du 26 novembre 2012, s'est déroulée sans incident, a précisé la préfecture du Rhône.

Le groupe de Roms, qui compte quinze enfants, s'était installé dans l'ancienne usine Berliet désaffectée de Saint-Priest en septembre dernier. Ils ont été recueillis par le père Matthieu Thouvenot, curé de la paroisse du quartier de Gerland à Lyon, qui avait déjà hébergé une cinquantaine de Roms expulsés d'un campement sauvage début avril.

Cette expulsion survient au lendemain d'un incendie survenu dans une usine désaffectée du 8e arrondissement de Lyon squattée par des Roms et qui a provoqué la mort de trois personnes dans la nuit de dimanche à lundi.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a annoncé la poursuite des expulsions, seule "solution face à ces situations qui mettent en danger les occupants".

L'évacuation du squat mardi matin devrait être suivie par d'autres dans les jours qui viennent. L'agglomération lyonnaise compte une quarantaine de squats occupés par des familles Roms.

Les associations, dont le Mrap et Médecins du Monde, qui soutiennent ces familles, ont dénoncé la position de la préfecture du Rhône qui, selon elles, "viole la loi européenne et la décision rendue le 4 avril par le tribunal administratif de Lyon qui l'oblige à reloger les familles avec enfants".

La vie, 14 05 2013

"Vous savez, ce n'était pas forcément le pire des squats", commente dans un soupir Jean-François Corty, directeur des missions France pour Médecins du Monde, au lendemain de l'incendie qui a détruit un immeuble dans lequel s'étaient installées près de 200 personnes. Le bilan de l'incendie fait toujours état de trois morts, deux femmes et un enfant de 12 ans, mais pourrait encore s'alourdir quand les secours auront pu accéder à toutes les zones parties dans les flammes, dont certaines menacent toujours de s'effondrer.

Les familles vivaient là depuis octobre 2012, et l'association, qui assurait une aide médico-sociale sur place, avait déjà interpellé plusieurs fois les pouvoirs publics sur la nécessité de "réaliser un diagnostic" des bâtiments, insalubres, et de trouver des solutions de relogement. Les problèmes d'approvisionnement en eau et de ramassage des ordures étaient connus. Mais n'a pas eu de réponse. "Le préfet a probablement voulu temporiser, faute d'alternative concrète", interprète Jean-François Corty.

Aujourd'hui à 11h, l'association entend bien interpeller le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, au cours d’une réunion prévue depuis plus d'un mois, avec Romeurope et le Collectif des Associations Unies, notamment sur l'application "très hétérogène" de la circulaire publiée en août 2012 sur "l'anticipation et à l'accompagnement des opérations d'évacuation des campements illicites".

Télécharger la circulaire

Ce que le directeur des missions France de Médecins du Monde demande à Jean-Marc Ayrault, c'est d'abord de "réaffirmer l'esprit de la circulaire de 2012", afin qu'un "travail de médiation médico-social" ait systématiquement lieu sur les lieux de squats, et surtout de rappeler que "l'urgence est de protéger les personnes et les familles".

"Nous ne sommes pas contre les expulsions, ajoute-t-il, mais contre le fait qu'il y a aujourd'hui des démantèlements de campements avec des gens qui se retrouvent dans la rue sans alternative. Nous demandons donc, conformément à l'esprit de la circulaire, que ces expulsions n'aient pas lieu sans que les autorités proposent des solutions de relogement."


Les occupants du squat lyonnais ont pour le moment été relogés dans un gymnase de la ville.