Municipales à Paris : la folle campagne de NKM "la couillue"

Publié le 15 mai 2013 par Aurelinfo


Attablée dans une cuisine, Nathalie Kosciusko-Morizet est en plein calcul mental. Les yeux rivés sur un iPad, la voilà qui se gratte la tête : comment atteindre le total de 532 avec une série de six chiffres à partir d'opérations élémentaires ? En un éclair, le tour est joué. La candidate à la primaire UMP pour la municipale à Paris ne planche pas devant le jeu télévisé "Des chiffres et des lettres" mais découvre l'application "6 Numbers", un édu-gaming lancé par la start-up française Brainbow. Ce lundi, NKM est venue passer la journée à Londres pour faire le plein d'idées afin de bâtir son projet pour Paris. "On ne peut pas copier les bonnes idées, mais on peut chercher de l'inspiration dans une ville comme Londres. Et puis une campagne qui marche est le fruit d'une multiplication de rencontres et c'est ainsi que naissent les idées", souffle-t-elle au Point.fr.
Au programme : visite du Google Campus (lieu phare d'échange pour les entrepreneurs de la Tech City), des rencontres avec des entrepreneurs et Transport for London. À la fin de la matinée, NKM en conclut que la "ville lumière" à décidément un "problème d'image". "Paris doit redevenir la vitrine des start-up et attirer les investisseurs", glisse la députée de 40 ans pour qui Londres est aussi un modèle en terme de trafic automobile et d'accessibilité des transports aux personnes handicapées.
Si NKM traverse la Manche, c'est aussi pour entretenir ses réseaux. Il est presque 12 h 15 et la voilà qui s'enfonce dans le métro afin de retrouver le maire Boris Johnson pour déjeuner. Entre eux, le courant passe bien. "Je vous souhaite bonne chance, si vous gagnez vous ferez plein de choses réussies pour Paris", susurre le fantasque maire de Londres en français. Quant à l'ex-porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la présidentielle, elle s'exprime parfaitement dans la langue de Shakespeare pour l'interroger sur sa politique en matière d'emploi ou de logement. Mais quand Boris Johnson l'eurosceptique martèle que l'UE ne renouera pas avec la croissance "tant qu'elle gardera l'euro", NKM se montre ferme pour défendre sa propre position et celle de la France. Une fois le fromage avalé avec de la gelée rose, le tout arrosé de café noir, NKM repart au pas de course pour s'entretenir avec un conseiller du Premier ministre David Cameron.


"Chapeau, madame..."
Mais voilà que l'actualité chaude la rattrape, sans lui laisser le loisir de conclure tranquillement son séjour londonien comme prévu. À quinze jours de la primaire UMP, la candidate se doit d'être aux côtés des Parisiens lorsqu'ils fêtent la victoire de leur club de foot au championnat de France de ligue 1. Surtout quand la fête prévue tourne au fiasco à cause des casseurs... À 21 h 30, à peine descendue de l'Eurostar, la députée file au pont de l'Alma puis au Trocadéro pour constater l'ampleur des dégâts. Outre les vitrines brisées, les rues sont jonchées de tessons de bouteille et quelques poubelles finissent de brûler. Des jeunes à capuches éméchés l'accueillent sous les huées et les insultes.
"On ne veut pas de toi à Paris", lance un premier. Mais NKM n'a pas froid aux yeux. Entourée de quelques élus et militants parisiens, elle s'avance vers les supporteurs les plus excités. l'accueil devient un peu plus chaleureux. "Vous êtes là ce soir et, pour une femme de droite, c'est couillu. Vraiment, vous êtes couillue", glisse un jeune qui collectionne les piercings sur le visage. Gardant son sourire, la candidate s'intéresse à chacun de ses interlocuteurs et pose pour les photos. Au passage, elle n'oublie pas d'égratigner le maire de Paris Betrand Delanoë et l'amateurisme du préfet de police Bernard Boucault. "Il y a eu les violences de quelques-uns mais aussi un défaut d'organisation. Sur un événement de ce genre, il faut anticiper. La fête est gâchée pour les Parisiens et pour les commerçants", note-t-elle alors que le bilan s'élève à une trentaine de blessés et une vingtaine d'interpellations. NKM est une bête de campagne et entend le prouver. "Chapeau madame, le petit bonhomme ou la petite bonne femme en face de vous ne pourra rien faire", tonne un badaud, la casquette vissée sur la tête. Et NKM de promettre : "Vous verrez, je ne lâcherai rien."

Source : Le Point