La première histoire invite ainsi à suivre un vieil aubergiste, qui dénonce régulièrement des rebelles afin de pouvoir assouvir les désirs matériaux de sa femme. Le lecteur n’a donc plus droit à des personnages qui tentent de fuir le pays via la passe du Saint-Gothard, mais à des traîtres qui contribuent à entretenir le climat de suspicion et de terreur qui règne sur la région.
Le couple suivant est composé d’une mère et de sa fille, qui tentent de franchir la frontière pour remettre un message aux rebelles. Le lecteur retrouve donc Wolfsmund, la Gueule du Loup, ce passage stratégique réputé infranchissable et gardé par l’impitoyable Wolfsram, mais également Grete, la jolie tenancière de l’auberge du coin. Cette histoire cruelle et foncièrement injuste montre non seulement des formes de torture assez insupportables, mais réserve surtout une conclusion assez inattendue. Ces dernières planches semblent d’ailleurs vouloir confirmer le ressenti du premier volet, c’est-à-dire : l’absence d’une intrigue principale et même d’un véritable héros.
Visuellement, je ne suis toujours pas fan du style de Mitsuhisa Kuji, l’ancien assistant de l’auteur de Berserk (Kentarô Miura). Je reconnais cependant l’excellent boulot au niveau des personnages, que l’auteur parvient à rendre attachants (ou détestables) en seulement quelques pages. Malgré des histoires assez courtes, le lecteur parvient en effet à s’attacher au sort des différents voyageurs et donc à accrocher à cette très bonne saga.