L'ange du bizarre, exposition au Musée d'Orsay

Publié le 17 mai 2013 par Mpbernet

17 mai 2013

Des oeuvres d'art à faire peur .... Vous avez dit bizarre ? Comme c'est bizarre .....

 < ici à gauche "La Mort et le Fossoyeur" de Carlos Schwabe (1900)

plus bas : "Le Cauchemar" de Johann Heinrich Füssli (1781)

puis "Dante et Virgile en Enfer" de William Bouguereau (1850)

Pour mieux comprendre la frénésie de romans fantastiques et le succès auprès des jeunes des histoires de vampires, et les replacer dans leur contexte historique, qui remonte paradoxalement au siècle des Lumières, il faut voir cette exposition aussi dérangeante qu'intéressante.

Synthèse des expressions du Romantisme noir dans l’art européen, l’exposition du Musée d’Orsay décline ce courant irrationnel de l’art occidental en trois époques : sa naissance au temps de la tourmente révolutionnaire (1770-1850), sa réactivation dans l’art symboliste (1860-1900), sa redécouverte dans l’art surréaliste (1920-1940).

Des vagues de succès qui correspondent à des périodes de troubles politiques ou de graves difficultés économiques. Une façon aussi de s'affranchir des conventions bourgeoises et sociales en évoquant clairement les forces sur lesquelles la raison n'a pas de prise : les corps et les pulsions animales, les forces inconscientes et les rêves.

« L’ange du bizarre » puise à la source des croyances mythologiques (Médée, la Méduse...), des contes médiévaux et des odes shakespeariennes (Macbeth, Hamlet ...), allant du Cauchemar (1781) fascinant de Füssli aux sorcières de Goya en passant par la blanche Eve pécheresse du peintre allemand Franz von Stuck. Jusqu’ici, je ne connaissais que les aquarelles illuminées de William Blake. Maintenant, je fais la liaison avec Dracula, Frankenstein, le journal d’un vampire, les séances de spiritisme relatées dans la littérature, y compris les romans policiers historiques écrits de nos jours : Jean Contrucci ou Claude Izner.

Gustave Moreau, James Ensor, Odilon Redon, Max Ernst, Bellmer ou Klee : voici en tous cas un intéressant survol de l’horreur et de l’irrationnel. A ne pas manquer aussi les extraits de films fantastiques de Fritz Lang, Murnau, Alfred Hitchcok et Luis Bunuel.....

Une occasion de replacer dans leur contexte littéraire et social de multiples tableaux allemands, en une sorte de contrepoint de l’exposition du Louvre si décriée, et en regard de nos symbolistes les plus prolifiques comme Gustave Moreau ou Odilon Redon.

A ne pas manquer, et on peut les admirer de près, la suite de gravures de Goya …

L’ange du bizarre, le romantisme noir de Goya à Max Ernst au Musée d’Orsay, en collaboration avec le Städel Museum de Francfort, jusqu’au 9 juin. 62, rue de Lille Paris 7ème.