Mystérieuse pyramide de Falicon

Par Memophis
Notions pyramidales
Blason de la commune de Falicon

Pyramide: “Solide qui a pour base un polygone quelconque et pour faces latérales des triangles ayant pour bases les côtés de ce polygone et dont les sommets se réunissent tous en un même point” Ainsi l’Encyclopédie Quillet définit cette forme géométrique.
Le terme “pyramide” évoque, le plus souvent, les illustres et mystérieuses constructions antiques parsemant le monde, et pas seulement l’Egypte, du Guatémala au Soudan tout au long d’une vingtaine de pays au moins, et dont les bases s’échelonnent d’une dizaine de mètres à plus de deux cent mètres.

Voyage en Egypte

La plus notoire, la plus célèbre de ces pyramides est celle de Chéops en Egypte. C’est aussi celle qui contiendrait le plus d’éléments symboliques incontestables puisque géométriques. Notons simplement pour mémoire que Chéops, appelée aussi “Grande pyramide”, fut construite afin que ses quatre angles se trouvent en alignement sur les quatre points cardinaux. Sa hauteur de 148,50m correspondrait au milliardième de la distance de la Terre au Soleil. La “Coudée” égyptienne ayant permis la construction de ce monument est en concordance avec la dix millionnième fraction du rayon de la Terre, et sa base en rapport avec son demi-périmètre donne le nombre 3,1416!

L’hermétisme est aussi dedans

L’intérieur de cette phénoménale construction contient sans doute la connaissance ésotérique d’une civilisation maîtrisant des données qui nous dépassent encore. Résumons brièvement celles-ci à de nombreuses angulations magiques, à un puits plongeant à près de 16 mètres sous le niveau du Nil, à 8 chambres, connues ce jour, ordonnées selon d’hermétiques raisons: la Chambre de la Reine, la Chambre du Roi, une autre la superposant dite “de décharge”, elle même surmontée de 5 autres dont la dernière est à toiture inclinée… Cette pyramide daterait de la IVème dynastie soit entre 2700 et 2800 avant J.C.! Il y aurait donc environ 4700 ans. Et nous retiendrons ce chiffre jusqu’à la fin de ce travail.

La France des pyramides

En ce qui concerne la France on retrouve sur notre territoire plusieurs petites pyramides:
- Autun près du Champs des Urnes.
- Vienne, au Plan de l’Aiguille.
- Commelle (Oise), la Lanterne des Morts…
- Quelques tours peut-être légèrement pyramidales et pleines: Ebéon (Charente-Maritime) la Tour Hermétique. St Romain-de-Benest Tour Hermétique.
Et d’autres… Mais la plus étrange de ces constructions, sur le plan pyramidale, est bel et bien celle dite “Pyramide de Falicon”.

La Pyramide de Falicon

Falicon! Petite commune des Alpes-Maritimes située à quelques km de Nice, dont le nom proviendrait de “Faucon”, s’élève à près de 400m d’altitude dans un décor merveilleux et s’adosse au versant du Mont Chauve. C’est à flanc de coteau de ce “Moun Cau” que nous allons conduire nos pas pour y trouver, non seulement les vestiges d’une pyramide, mais surtout bien d’autres mystères.

Les Giaînes
Les reste du vieux hameau près la pyramide

Au lieudit “Les Giaînes”, dont une des étymologies se rapprocherait d’une tradition concernant les Jaîns hindous prétendus constructeurs de pyramide jusqu’en Europe (Henri Broch), un sentier s’engage et conduit, par la garrigue, jusqu’à cette étrange construction pyramidale. Aujourd’hui, le visiteur ne trouve plus qu’un volume extrêmement délabré à la limite de l’effondrement.
En effet, un premier sentiment de déception s’impose à l’arrivée sur les lieux: une construction à 4 pans orientée, sur ses arêtes, pratiquement sur les points cardinaux avec pratiquement 15° d’écart. Bâtie à cours de pente, les bases ont des dimensions variant de 5m à 6,50m. Les matériaux de construction sont issue du minéral local “tout venant”, ce qui accentue l’aspect rudimentaire et frustre.

Une pyramide sur un gouffre

Si la pyramide est largement tronquée, elle l’est de plus en plus en raison de la légende irritante d’un trésor enfoui dans les entrailles de la construction incitant les habituels “chasseurs de trésors”, qui, avec leur stupidité habituelle, s’acharnent à dégrader inconsidérément les restes précaires toujours en place…
Imaginons plutôt cette étrange pyramide avec son revêtement d’enduit dont on trouvait des traces partielles il y a encore une vingtaine d’années.
Le plus insolite est une ouverture, sorte de tableau régulier de porte, sur la face Sud-Est, assez large et haute pour permettre le passage aisé d’un être humain… sur un gouffre béant.

une vue de la pyramide encore bien conserve
ce qu'il en reste aujourd'hui
Domenico Rosseti

Nous sommes le 24 mars 1803. Un certain Rosseti Domenico, avocat de son état, séjourne chez le conseiller de Préfecture Giacomo Vinay. Les ancêtres de ce dernier détiennent depuis la Révolution Française une propriété sise aux pieds du Mont-Chauve. Cette dernière est composée des terres tenantes à 3 maisons, un moulin, une citerne, un puits, 2 sources et “une tourre ditte colombière”. Si l’ensemble, à cette époque trouble, est déclarée en “très mauvais état”, il en reste aujourd’hui quelques murs ruinés et fondations mangées par les buissons.

D’étranges propriétaires

La propriété vendue comme bien national, appartenait depuis la fin du XVIIIe S. à la famille Peyre de la Coste dont plusieurs des membres appartenaient, selon Marcelin Rodange, à certaines sociétés que nous qualifierons de “discrètes”: Franziot et Jean Marotti, affiliés l’un à “La Vraie Fraternité des Frères Antiques”, l’autre à “Les Sectateurs de la Vertu”. Carles, membre avec son oncle Robert, de “La Fraternité Blanche” d’Avignon. Il semble, d’ailleurs, que ce site soit toujours resté entre les mains de familles à propos de connaissances hermétiques, c’est ainsi que les prédécesseurs des Peyre de la Coste, au XVIe S., étaient les Tonduti de l’Escarène seigneurs aussi de Falicon.

L’Angélique et les armes parlantes

En ce qui concerne cette famille, nous retrouvons plusieurs de ces membres affiliés à cette société plus connue sous le nom d’“Angélique”… Les armes parlantes personnelles du sire Canoran Pietro de l’Escarène portaient, outre le blason familial, un carré magique entre 2 chimères… le tout surmonté d’une pyramide à ouverture!
Cet héraldisme se trouve toujours, avec quelques documents faisant état du passé chevaleresque de certaines terres de Falicon, et de seigneurs notoires du XIVe S., lié à de très anciennes traditions de cultes difficiles à résumer ici en quelques mots.
On pourrait cependant dire qu’il s’agissait de règles initiatiques très hermétiques concernant des rites techtoniens d’origine orientale… et d’un culte attenant au souvenir d’une créature gigantesques maintenue dans une tombe-prison dont l’accès était contrôlé, et fermé, par les bâtiments propriété des de l’Escarène.

1300 vers pour une grotte
Gravure de Louvois montrant Melle Boquet explorant la grotte

Mais revenons encore à Domenico Rossetti. Il s’intéressera tant à ce qu’il appelle “La Grotte du mont Chauve” qu’il lui dédiera, en 1804, un poème de 1300 vers… On retiendra la valeur symbolique d’un tel nombre! Son intérêt penchera vers l’étrange gouffre fermé par la pyramide. Il décrit, avec emphase, les concrétions calcaires découvertes dans la grotte “blanche comme neige”… La grotte du Mont Chauve sera décrite dans de multiples ouvrages touristiques des années 1800 ainsi qu’au début du siècle. Nombre d’érudits se pencheront sur cette curiosité naturelle:
1812: Melle Boquet. 1823: Marius Nodarier. 1835: le chevalier Paul-Guillaume Barbere. 1843: Roubaudi. 1859: les abbés Dunier et Monveraul. 1870: le docteur Roger Baraul… et d’autres.
C’est en 1898 qu’aura lieu, sous l’initiative du professeur Jean-Robert Salifard, la première véritable exploration du réseau souterrain accessible par le gouffre de la pyramide. Le compte-rendu fut riche de 657 pages manuscrites dont 174 planches, cartes, croquis et tracés.

Un constat insolite

Les relevés de Salifard font état d’une prospection complète concernant les 3 cheminements de la seconde salle. L’un de ces 3 cheminements semble se poursuivre longuement, et le compte-rendu mentionne des “passages constatés réaménagés car trop étroits”… Jusque là rien de bien extraordinaire.
Mais voilà à présent une remarque bien insolite. Jules Gavet, spéléologue notoire, en 1901, prétendu “premier à publier l’étude scientifique de la grotte…” (???) mentionne “obstrués” les prolongements de la seconde salle. Cette affirmation de constat est reprise par ailleurs dans le travail d’Henri Broch de 1976.
Alors? Que s’est-il passé entre le rapport Salifard de 1898 et celui de Gavet en 1901? Nous sommes obligés de constater qu’entre les deux dates une ou deux galeries seront comblées d’une manière indiscutablement artificielle!!! Pourquoi dissimuler ces boyaux s’ils sont innocents? Et encore: qui avait intérêt à réaliser ces travaux de “fermetures”?

Silence sur d’autres aspects

A présents observons d’autres aspects dans cette affaire. Maurice Guinguand publie un ouvrage sur le sujet avec le sous-titre “Pyramide Templière”. Henri Broch, en 1976, suivra partiellement l’hypothèse selon laquelle les terres concernées soient propriétés de l’ordre du Temple. Hypothèse? Il est très curieux de constater que les deux auteurs ne mentionnent nulle part la thèse résumant près de 40 ans de recherches assidues de Jean Carrond. Ce dernier eut accès à des documents familiaux d’un certain Baron de Raudie. Carrond suppose que ce nom est un pseudonyme. Mais les documents très anciens qu’il consulte font état d’un dépôt, certes peu volumineux, mais d’une importance capitale dont les ancêtres de De Raudie avaient teneur. Ce dépôt semblait primordial et il est fait mention d’une histoire pour le moins étrange.

Le trésor du Temple de Nice

L’Ordre du Temple est implanté sur le secteur niçois dès le début du 12e S. En octobre 1307, Anger Guigonis, informé la veille de l’arrestation de son Ordre, décide d’évacuer un certain dépôt en objet et documents. Le site niçois et la région périphérique sont riches de lieux templiers très importants et primordiaux sur le plan tellurique. Près d’une trentaine d’emplacements sont occupés par l’ordre du Temple. Par exemple: Biot, Isola, Utelle, Cuebris, Tourette-sur-Loup, … Plus d’un de ces lieux méritent une attention particulière et nous y reviendrons forcément au long d’un article suivant. Comment cet ordre puissant aurait-il pu ne pas connaître le site de Giaïnes et surtout l’intérêt qu’il pouvait représenter par ces particularités telluriques et géologiques souterraines. En effet il est certain, et prouvé, que le sous-sol est parcouru, ici, de plusieurs réseaux, aménagés ou non, de boyaux naturels de longueurs considérables pouvant fort bien correspondre entre eux et relier ainsi plusieurs endroits.

Trois détails oubliés

Pourquoi l’Ordre du Temple n’aurait-il pas utilisé ces réseaux souterrains pour dissimuler son dépôt de la commanderie de Nice? Et sur ce propos observons quelques détails:
1/ Un des chemins conduisant à la pyramide s’appelle “Chemin de Rosemont”. L’étymologie de ce nom se passe de commentaires. D’une part il porte sa signature liée à un système rosicrucien bien connu, même s’il pouvait être “involontaire”. D’autre part le nom du lieu est identique à celui du dernier propriétaire du site d’Arginy en Beaujolais… Hasard, bien sûr!!! Mais tout de même à noter.

Chateaurenard et la trace de Grasset d'Orcet

2/ Le site de “Château Renard” et de ses ruines antiques plusieurs fois réutilisées au fil des siècles, s’il retenait l’attention des écrivains spécialisés… ne fut jamais étudié dans ses racines étymologiques hermétiques selon la Langue des Oiseaux! En effet les études de Grasset d’Orcet montrent clairement que le “Renard” correspond en symbolique d’écriture hermétique à une portée religieuse cryptée en liaison étroite avec un ordre puissant et occulte.
3/ Enfin une évidence difficilement contestable. Le fait que le site concernant la pyramide (qu’elle existât ou non à cette époque) et le hameau de la Bastide n’ait jamais été directement propriété de l’Ordre du Temple le mettait à l’abri de toutes investigations futures et assurait ainsi, à un éventuel dépôt, sécurité et tranquillité jusqu’au jour de sa destinée première.

Culte pour une grotte

Quand à la grotte elle-même, et surtout la première salle souterraine, elle est indéniablement destinée à un culte. Quelques concrétions ont effectivement des profils humains et animaux. 7 marches y sont aménagées, ainsi qu’une petite plate-forme ayant probablement eut un usage d’autel. Culte mitraïque? Pourquoi pas! Cultes aux forces obscures et techtoniennes? Certainement! Par ailleurs la conjugaison des deux n’est pas incompatible même avec un culte qui deviendra dès l’apparition de la religion, celui des antiques matrones reconverties en vierges noires ou autres Notre Dame de “soubsterre”. De là à penser à quelques aspects hermétiques de l’Ordre du Temple, il n’y a qu’un pas!

L’étrange société d’Equilégna
Vue intérieur de la 1ère sale

Il reste encore le détail irritant dont aucun auteur, à notre connaissance, ne fait état. Quelle est donc cette étrange “Société d’Equilégna” qui remontait, vers 1927, de curieuses pierres taillées ou sculptées récupérées sous un amas rocheux de la seconde salle? Et comment expliquer que seule cette société fit cette découverte… Hasard, ou connaissance? Il s’agissait “de pierres de teinte vaguement verdâtre assez laiteuse et tièdes comportant gravures et dessins” Les responsables de l’expédition d’Equilégna prétendaient suivre, dans un second temps, de cette deuxième salle “le trajet du vent brumeux et le saut de l’Ange”!!! Ils prétendaient détenir une notice écrite au XVIIIe S. concernant la pyramide et ses réseaux. Ce texte, dont ils font mention dans leur bulletin N°85, donnait, en outre, l’inscription complète tenue sur l’entrée de la construction, et que Gavet en 1901 ne pouvait déjà plus déchiffrer.

L’Universalité Pratique d’Etienne Gotteland

Enfin, plus près de nous, en 1922, s’installe près du site de Falicon, un certain Etienne Gotteland. Etait-ce son nom véritable ou un pseudonyme? Quoiqu’il en soit, le hasard ferait rudement bien les choses!
Toujours est-il que ce dernier, rattaché à au moins deux sociétés ésotériques, entame des études et recherches sur l’histoire et les lieux annexes concernant Falicon. Il fonde ici “l’Université Pratique”. En ce qui concerne la pyramide et le gouffre, Gotteland utilisera le terme d’“Antre de la Sagesse”, et tentera d’en faire classer le site. Cette louable démarche n’aboutira jamais, et l’on est en droit de se demander pourquoi… Plusieurs années après, “l’Université” disparaîtra, mais pas toutes ses archives et documents. Une large partie de ces dernières se trouvent, à présent, entre les mains de Messieurs Chapta et Manot. Pour ce que nous avons pu consulter il est question (avec photographies) de modifications de certaines parties des murailles de la “Bastide”… et encore de la mise à jour d’une galerie “fort bien maçonnée” (toujours avec photos) et encore de l’étude de “gravures et vieilles peintures murales aperçues dans la salle basse découverte au long de la galerie”.
Gotteland, se basant sur la précession des équinoxes, en 1922, date le site de la pyramide (et non pas l’édifice lui-même) de 4335 ans, soit pratiquement de l’époque de la Grande Pyramide de Chéops en Egypte! Dans cette énigme rien ne paraît tout à fait innocent.

Attention!!!

Un travail, sur les mystères entourant l’affaire de la pyramide de Falicon, serait en cours de réalisation. Des documents inédits seront présentés sous peu. Ils offriront un peu plus de clarté au travers des différentes et honorables thèses concernant cette énigme. Il ne nous est pas permis de pouvoir en divulguer plus ici, mais le voile se lèvera sans doute très bientôt.
En conclusion provisoire, il semble utile de préciser, à toutes fins utiles, que la dégradation d’un édifice est sanctionné par la législation, ainsi que toutes violations de propriété… Et encore que souvent des inconscients, à leurs risques et périls, en quête de sensations, tentèrent l’exploration sans équipement sérieux des salles souterraines du gouffre sous la pyramide. Souvent bloqués dès la seconde salle ces irresponsables durent leur sauvetage à l’intervention des services de secours de la Protection Civile. Il est donc recommandé d’agir, sur ces lieux et en général, avec respect, prudence et discernement. Dans cet espoir nous laisserons, au poème de Rosseti (2ème chant) le soin de nous confirmer que “ Ne fut pas sans raison édifier ce solitaire hôtel aride et sombre…”.

André Douzet