Silas Corey, T2 : Le réseau Aquila 2/2

Par Belzaran


Titre : Silas Corey, T2 : Le réseau Aquila 2/2
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Pierre Alary
Parution : Mars 2013


« Silas Corey » est un diptyque qui ravira les adeptes du genre. En effet, moins de trois mois séparent les deux parutions. C’est agréable de pouvoir lire le dénouement d’une histoire en ayant encore un vague souvenir du début des événements. C’est le nom du scénariste qui m’avait attiré vers cette série. Je suis un grand adepte de Fabien Nury depuis que j’ai découvert « Il était une fois en France », « W.E.S.T. », « Je suis légion », « Atar Gull » ou « La mort de Staline ». Par contre, cette lecture était l’occasion de rencontrer un nouveau dessinateur nommé Pierre Alary. Ma critique porte sur le second tome intitulé sobrement « Le réseau Aquila 2/2 ».

L’histoire nous immerge en 1917. La France est gouvernée par Caillaux. Son opposant est Georges Clémenceau. Ce dernier engage Silas Corey pour retrouver un reporter possédant de quoi faire tomber son rival. Mais ce cher Corey mène sa mission pour tous les fronts : Clémenceau, le 2e Bureau et Mme Zarkoff, industrielle pleine d’ambiguïté. Son enquête le met sur le chemin d’Aquila, directeur des opérations du Kaiser en France. L’issue de la guerre pourrait donc dépendre de la réussite de Corey et de l’employeur à qui il fera profiter de sa trouvaille… 

Le premier tome m’avait plu. L’intrigue policière était dense. Elle faisait naître plusieurs voies pleines de mystère. Les protagonistes étaient nombreux et chacun possède à n’en pas douter une part d’ombre dense. Enfin, le héros était intéressant. La quatrième de couverture nous le décrit comme « Détective. Espion. Tueur. Héros ou escroc, ça dépend de l’employeur. » Tout un programme.

J’appréhende toujours de lire la suite d’un premier tome prometteur. J’ai souvent peur d’être déçu. Ce n’est ici pas le cas. L’acte initial d’un diptyque pose les jalons, présente les enjeux et les protagonistes. Le second est souvent plus rythmé car il mène au dénouement. Cet album reprend où se terminait le précédent. Je n’ai eu aucun mal à m’immerger dans ce Paris de 1917. Le travail sur les décors facilite le dépaysement temporel. La continuité narrative est agréable. La pelote emmêlée commence à s’éclaircir. Le scénario ne nous dévoile pas tout immédiatement. Nury a un vrai talent pour distiller les informations avec finesse.

Néanmoins, cela n’empêche pas ce tome d’être habité par une atmosphère légèrement différente. En effet, l’action occupe une place certaine dans l’histoire. Tentative d’attentat, explosions et fusillades habitent bon nombre des pages de l’ouvrage. Elles s’insèrent parfaitement dans l’intrigue et ne servent à aucun moment de remplissage. Elles permettent de révéler un autre aspect de la personnalité intrigante du héros. Le dessin de Pierre Alary met bien en valeur le mouvement relatif à ses scènes-là. Autant par les couleurs que par son trait, il arrive à faire grimper l’intensité au fur et à mesure qu’on s’approche de la fin.

Le personnage de Silas Corey nous était présenté comme complexe. La publicité n’est pas trompeuse. Même si certaines de ses décisions sont prévisibles et espérées, d’autres sont surprenantes ou moins classiques. Sa fragilité et ses fantômes le rendent attachant et tranchent avec l’arrogance apparente qu’il entretient. Les protagonistes qui l’entourent sont également bien construits. En deux albums, Nury arrive à faire vivre un casting dense qui s’avère mis en valeur par leur identité graphique. 

Au final, j’ai trouvé ce diptyque très réussi. Même s’il n’arrive pas à la hauteur de ses œuvres précédentes, il reste un ouvrage de qualité qui ravira les lecteurs adeptes du genre. J’espère que Silas Corey aura d’autres occasions de nous faire vivre ses aventures. Mais cela est une autre histoire…

par Eric the Tiger

Note : 15/20