Fait divers

Publié le 20 avril 2008 par Karedig @Karedig_GA


 
Un fait divers est un exercice de style journalistique. D'abord il ne s'agit pas d'un fait (rien n'est avéré quand on écrit l'article de presse) et la diversité des sujets est assez limitée.
Quand le fait divers implique des personnes en vue, le journaliste tient un bon papier mais comme il s'agit de personnes importantes, il doit suggérer ce qu'il ne peut écrire. Quand il s'agit d'individus lambda, il n'a pas ces pudeurs de jeune fille.
L'actualité récente offre un bel exemple de pratique journalistique : voilà le patron de TF1 International mis en examen pour homicide involontaire, et la personne décédée n'est autre que le chef du bureau du cabinet de la ministre de la Culture... Coup double !
Lisons la dentelle journalistique du site web du Point. Nous apprenons que le malheur est arrivé lors d'une "soirée privée". Ne vous méprenez pas, une soirée privée n'est pas le contraire d'une soirée publique. Si vous recevez des amis pour dîner, écouter de la musique, refaire le monde ou admirer le clair de lune sur la piscine du jardin, il s'agit d'une soirée ordinaire. Tout le monde dîne, écoute de la musique, refait le monde et bée devant le reflet de la lune sur sa piscine. Mais si vous recevez quelqu'un pour faire des cochoncetés, alors là c'est une soirée privée. Privée de morale cela va de soi.
La cause du décès est possiblement liée à l'ingestion de GHB. Pour faire sérieux vous commencez par jouer au petit chimiste, vous indiquez aux lecteurs ébahis qu'il s'agit de l'acide gamma hydro butyrique puis l'air de rien vous glissez que cela s'appelle plus communément la "drogue du violeur". Cela permet de camper le décor. Vous indiquez que l'absorption de GHB peut être dangereuse avec l'alcool, la cocaïne ou le poppers. Sans rien dire et même sans rien savoir de précis sur cette soirée, voilà notre patron de TF1 bien repeint du sol au plafond.
Les personnes présentes à cette soirée ne se connaissaient pas auparavant : elles avaient été contactées via un réseau téléphonique spécialisé. Spécialisé en quoi ? Peu importe, ce n'est pas la faute du journaliste si vous avez des idées mal placées.
Sous l'apparence d'une narration la plus neutre possible, le journaliste Ponce Pilate laisse le lecteur seul responsable du sens de sa lecture. Et moi, commentant le journaliste avec l'air de ne pas y toucher, je te renvoie, ô hypocrite lecteur de ce blog, à ta trouble imagination...