Gouverner n’est pas facile

Publié le 21 avril 2008 par Ttdo

La phrase de Sarkozy dans le Point de cette semaine a fait tilt chez moi. Son volontarisme qui tranchait avec l’impuissance généralisée admise par tous les politiques me faisait suivre son travail avec intérêt. Je réalise aujourd’hui que ce volontarisme est pour l’essentiel lié à une incapacité de sa part à comprendre ce qu’est l’action dans un monde complexe.

Son action s’arrête aux discours et aux textes de loi qu’il empile les uns sur les autres. Le passage dans les faits reste son point faible qu’il camoufle par un maniement des indicateurs et une communication qui trompent de moins en moins de personnes. Après le comportement de Sarkozy c’est sa politique maintenant qui commence à être rejetée par un nombre croissant de français. J’en regrette d’autant plus le résultat de mai 2007. Autant Sarkozy nous surprend désagréablement par son manque de maîtrise et de compétence dans l’exercice d’une fonction auquel beaucoup le croyaient préparé, autant Royal aurait pu en surprendre beaucoup par son efficacité…mais c’est une autre histoire.

Pour compléter mon commentaire précédent. Nous n’avons plus besoin en politique de responsables comme Mitterrand ou Chirac dont le premier talent a été la capacité à prendre le pouvoir et à le conserver.

Nous n’avons surement pas besoin d’expert ou de gestionnaire à la tête de l’Etat. Les résultats réels du New Labour au Royaume Uni commencent à apparaître pour ce qu’ils sont : un pays sous surveillance vidéo (l’habeas corpus est bien loin), une économie qui enrichit les riches et appauvrit les pauvres, une économie reposant sur l’immobilier et la finance et donc très fragile…

Nous avons besoin d’un(e) responsable qui sache reconnaître l’expertise où elle se trouve (en particulier chez beaucoup de citoyens), qui sache proposer une approche globale des problème et se focaliser sur les interactions entre les différentes politiques menées. Royal est la mieux armée dans le paysage politique français. Le PS reste par contre, comme l’UMP, un parti de politiques dépassés par la complexité de l’action dans un monde incertain.

Si on relit ou on lit Arendt, on y trouvera beaucoup de pistes pour aujourd’hui. il s’agit d’une pensée globale et transverse qui peut encore dérouter mais deviendra, à coup sur, comme la Méthode d’Edgar Morin un support central pour l’action.

Enfin une vision plus personnelle. Dans le domaine professionnel j’ai eu une dizaine de responsables hommes, polytechniciens pour la plupart, et une responsable femme. L’écart était saisissant. Là où ces hommes de haute formation posait les problèmes en termes de solution qu’ils détenaient et qu’il fallait appliquer, elle travaillait en termes de problèmes à bien poser, de diagnostic et de réponses à co-construire. Ce n’était pas facile tous les jours, comme avec Royal apparemment, mais c’était beaucoup plus efficace…