Fruits et légumes: les productions accusent un retard de 2 à 3 semaines

Par Memophis


       

Les fruits et légumes de saison accusent un retard de deux à trois semaines à cause du mauvais temps, ce qui compromet la situation de certains producteurs dans diverses régions de France. 
"Ce n'est pas encore la catastrophe mais il y a de quoi s'inquiéter au regard des prévisions météo pour les semaines à venir", résume Emmanuel Demange, directeur de la Fédération des producteurs de fruits et légumes (FNPF), qui "espère fortement le retour du beau temps pour éviter les risques de perte". 
Pour les asperges, les fraises, les salades et les concombres, la saison est déjà gâchée par le triptyque froid, pluie, manque de lumière. Sans compter le consommateur peu porté vers les fruits et les crudités quand il fait 15 degrés sous la pluie. 
"Compte tenu des basses températures, tout a du retard, notamment la cerise qui devrait être en pleine récolte et pour laquelle rien n'a démarré", pointe André Bernard, président de la FDSEA du Vaucluse. "On s'attend à des dégâts pour les premières récoltes", indique son homologue gardois, Jean-Louis Portal. 
La cerise se fait aussi attendre dans le sud-ouest. "On a pas mal de retard (...) de l'ordre de 10 à 15 jours", a déclaré à l'AFP Eric Hostalnou, de la chambre d'agriculture des Pyrénées-orientales. 
Pour les tomates, la production est en moyenne nationale inférieure de 20% pour l'ensemble des régions françaises et la consommation de l'ordre de 30%. Or, les charges sont augmentées par les frais de chauffage sous serre, indique Laurent Berger, de l'organisation des producteurs de tomates et concombres. 
De plus, depuis mardi matin, constate-t-il, les prix se sont "effondrés". 
Sur l'ensemble des maraîchers, "de Brest à Perpignan", le chiffre d'affaires est déjà en baisse de 15 à 20% par rapport à l'an dernier prévient Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France. "Et comme on nous annonce encore des baisses de températures pour jeudi et vendredi, dans ce secteur les pertes seront irréparables". 
"Retardé dans tous les bassins de production" 
"De mémoire de maraîcher, on a rarement vu des périodes aussi longues en intempéries" ajoute-t-il. Désormais, il craint les risques maladies liés à l'humidité, en particulier dans des régions comme le Vaucluse, "impossibles à traiter tant que les agriculteurs ne peuvent rentrer dans les champs". 
Même crainte pour le vignoble du Jura, dans lequel "à cause de l'humidité des sols, les viticulteurs ne peuvent pas accéder à leurs parcelles avec leurs tracteurs et c'est donc compliqué pour traiter", selon Gaël Delorme, conseiller viticole à la Chambre d'agriculture du Jura. 
Et quand les produits ne sont pas prêts au bon moment, ils sont perdus: l'asperge en a fait l'amère expérience qui n'était pas à point pour les tablées de Pâques: ensuite le consommateur passe à autre chose, note Bruno Dupont, président d'Interfel qui regroupe les professionnels des fruits et légumes frais. 
Dans la moitié nord, les producteurs de fraises voient leur production réduite de moitié, en plus des retards pris faute de lumière. "Alors qu'on devrait être sur des apports de 70 à 75 tonnes/jour, on en compte 30 à 35 t au cadran de Sologne", le marché en gros des producteurs, confie leur responsable Michel Piquet. 
Et quand les fraises de sa région finiront par être à point, elles se trouveront en concurrence avec d'autres origines: "On va avoir soudainement des volumes trop abondants". 
C'est le risque redouté aussi par Jean-Pierre La Noué, producteur de concombres sous serres près d'Orléans qui évalue à "environ 30%" le déficit de sa production - et à au moins autant celui des consommateurs. Pour lui, "c'est pratiquement cuit pour la récolte de printemps". 
Pour le melon, les plantations ont eu lieu en temps voulu, mais le "cycle végétatif est retardé dans tous les bassins de production", souligne Bernard Miozzo, responsable de l'interprofessionnelle: "Si ça dure 15 jours de plus, ça va devenir catastrophique", dit-il. 
Sa crainte, là encore, serait un décalage de récolte qui amènerait la grande distribution à s'approvisionner chez les voisins (Maroc, Espagne). Une flambée des prix en revanche il n'y croit pas: "Jamais nos productions sont payées à leur prix réels", affirme-t-il. 
"On est encore dans l'orange, mais chaque jour qui passe nous rapproche du rouge. La situation commence à être très tendue et si le mois de juin reste aussi mauvais, là ce sera la catastrophe", prévient Bruno Dupont. 
Or, prévient-il en mobilisant son "bon sens paysan": la Nouvelle lune, qui a commencé au cours du week-end, donne généralement la tonalité des trois à quatre semaines à venir.