S’aider des huiles essentielles pour arrêter de fumer ?

Publié le 24 mai 2013 par Pranarom

Arrêter de fumer en s’aidant d’huiles essentielles, c’est malin !

Gommes à mâcher, comprimés, patches nicotiniques… et si les huiles essentielles pouvaient compléter l’arsenal classique des thérapies de remplacement de tabac dans le cadre du sevrage tabagique ?

Il y a une dizaine d’années, une étude clinique a suggéré que l’inhalation de l’huile essentielle de poivre noir (piper nigrum) pourrait aider les fumeurs à réduire les symptômes de sevrage tabagique.

La découverte scientifique ainsi que quelques astuces suivent en détails…

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Sevrage tabagique : de quoi parle-t-on ?

L’envie de fumer peut se manifester partout. Comment la contenir ?

La thérapie de remplacement de tabac est couramment utilisée pour traiter la dépendance à la nicotine. La plupart du temps, elle fait appel à des patches, des gommes à mâcher, des inhalateurs ou des comprimés. Cette technique thérapeutique est souvent efficace pour traiter les symptômes de sevrage et permet l’arrêt du tabagisme2 .
Une alternative thérapeutique consiste à administrer une substance antagoniste, qui bloque les récepteurs ciblés par la drogue d’abus sans les activer, et par conséquent inhibe l’effet euphorisant3.
Il est communément reconnu que la nicotine a des effets directs au niveau du cerveau en agissant sur les récepteurs nicotiniques des neurones à travers l’activation du système olfactif et de l’irritation des voies respiratoires4.

Une étude clinique avec le poivre noir et le menthol

L’huile essentielle de poivre noir, relativement facile à utiliser, douce et pourtant méconnue

Dans l’étude publiée par Jed E. Rose et Frederique M. Behrn « Inhalation of vapor from black pepper extract reduces smoking withdrawal symptoms » (parue dans Drug and Alcohol Dependence 34 (1994) 225-229),  les auteurs – appartenant à ‘Nicotine Research Laboratory, VA Medical Center and Department of Psychiatry of Duke University, USA’ – ont étudié un dispositif de cigarette de substitution, à savoir un tube à bouffées à base d’huile essentielle de poivre noir (piper nigrum).

L’huile essentielle de poivre noir était en effet susceptible de provoquer de légers effets irritants des voies respiratoires et supprimerait l’envie de fumer. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer les effets des composants de cette huile essentielle assez peu utilisée sur les symptômes de sevrage subjectifs au cours d’une brève période d’abstinence tabagique chez 48 fumeurs de sexe masculin âgés de 19 et 56 ans.

Tous les sujets participant à l’étude fumaient entre 20 et 50 cigarettes par jour.

Expérimentation:

La cigarette en plastique contient une cartouche imbibée d’arômes

Le dispositif utilisé (EZ Quit, par Inc, Tarzana, CA) était un tube creux en plastique, de la taille d’une cigarette, avec une entrée d’air à une extrémité et une embouchure à l’autre extrémité.

Tous les participants devaient s’être abstenus de fumer pendant au moins 8 heures avant le début de l’expérience. L’abstinence tabagique a été vérifiée en mesurant les niveaux de monoxyde de carbone dans l’air expiré.

Les sujets furent subdivisés au hasard en 3 groupes:

Groupe poivre : prenait une bouffée dans le dispositif qui livre l’huile essentielle de poivre noir,

Groupe menthe : prenait une bouffée dans le dispositif qui livre un arôme de menthe, à savoir du menthol,

Groupe placebo : utilisait un appareil contenant une cartouche vide.

Tous les fumeurs inhalaient par la bouche ad libitum (jusqu’à pleine satisfaction) pendant une session de 3 h. A la fin de chaque heure, les sujets remplissaient un questionnaire pour évaluer les bouffées (goût, satisfaction, force des sensations dans les différentes régions du tractus, similitude des sensations des voies respiratoires de leur propre marque de cigarette, sensation de la nicotine – bien qu’il n’y ait de nicotine dans aucun des 3 dispositifs).

En plus de cette évaluation qualitative des bouffées, les sujets devaient remplir un autre questionnaire sur les symptômes en relation avec les effets de l’administration de la nicotine (l’envie de fumer une cigarette, l’effet négatif, l’excitation, l’appétit, la sensation de manque de quelque chose, l’anxiété somatique, symptômes gastro-intestinal, toux et maux de gorge).

Résultats:

Fig. 1 Le poivre noir est clairement la stratégie gagnante sur cet aspect

Les résultats de l’étude furent assez étonnants :

1) L’envie de fumer une cigarette a diminué à la fin de la session de 3h beaucoup plus pour le groupe poivre que pour les groupes menthe et placebo (voir Fig. 1).

2) Une réduction significative du désir de fumer pour le groupe poivre comparé aux autres groupes.

Fig.2 Le poivre noir fait mieux que la menthe, et ensemble ils font mieux que le placebo

3) L’effet négatif a diminué davantage pour le groupe poivre que pour celui de placebo. Cependant, pas de grande différence par rapport au groupe menthe (voir Fig. 2).

4) Pas de différence significative pour l’excitation subjective dans les 3 groupes.

5) Les symptômes somatiques liés à l’anxiété ont été considérablement réduits pour le groupe poivre, plus que pour les groupes menthe et placebo.

6) Au niveau du goût, le poivre noir est mieux apprécié que le placebo et il est comparable à la menthe (Fig. 3).

Fig.3 Il semblerait que le poivre noir ait « bon » goût

7) La forte sensation dans la poitrine est significativement plus forte pour le groupe poivre que pour les autres groupes. Par contre, pas de différences significatives entre les 3 groupes pour les sensations au niveau de la langue, du nez, de la bouche et de la gorge ou la trachée.

8) Il n’y a aucun effet des inhalations de poivre noir sur le volume expiratoire forcé durant la première seconde ‘indice FEV1’ et sur le débit expiratoire moyen avec 25 % du volume restant ‘FEF25’

Conclusion:

Les résultats de cette étude confirment que l’inhalation par la bouche de l’huile essentielle de poivre reprend en partie les sensations des voies respiratoires éprouvées par le tabagisme et réduit ainsi l’envie de fumer.

L’huile essentielle de poivre était non seulement plus efficace que le placebo du dispositif sans saveur, mais elle réduit également plus l’envie de fumer qu’un placebo actif tel que la menthe (menthol).

 Et vous dans tout ça ?

Respirer pour faire passer l’envie.

Il est bon de rappeler que si vous souhaitez arrêtez de fumer, il est important de vous faire encadrer par un service thérapeutique compétent tel votre pharmacien, ou mieux encore un tabacologue et/ou un médecin.

Dans le cadre du sevrage, rien ne vous empêche de respirer des huiles essentielles à même le flacon à chaque envie irrésistible. L’inhalation ainsi pratiquée est sans contre-indication avec la menthe poivrée, l’ylang-ylang, et bien entendu le poivre noir.

Attention cependant à ne pas en abuser et à inhaler calmement, par exemple en pratiquant trois inspirations profondes à chaque envie de fumer, mais pas plus.

Dans le même esprit, votre pharmacien peut lui même vous proposer un inhalateur (genre « tube » à respirer) qu’il aura pris soin de préparer avec une cartouche imbibée d’huile essentielle de poivre noir ou de menthe poivrée. Renseignez-vous auprès des pharmaciens spécialisés en aromathérapie (clic).

Plus originale mais peut-être à tester, une technique qui suscite l’intérêt tant elle nous a été rapportées par des élèves du Collège International d’Aromathérapie Dominique Baudoux consiste à prendre à chaque envie de fumer une goutte sous la langue du mélange d’huiles essentielles bio Cepharom.

Cepharom, un produit apprécié depuis plus de 10 ans pour ses bienfaits sur la tête

Cepharom est une synergie d’huiles essentielles bio diluées dans de l’huile végétale, disponible en France uniquement, qui allie la menthe poivrée au basilic, à la camomille et à l’ylang-ylang (des essences réputées anti-stress, antalgiques et anti-spasmodiques) pour « rafraîchir l’esprit » en cas de tête lourde, de raideurs ou de grosse fatigue.
Ce produit s’applique normalement à raison de quelques gouttes sur les tempes. L’usage du produit est cependant parfois détourné par des adultes qui souhaitent se passer de fumer en avion ou au travail. On nous rapporte alors que la prise d’une goutte sous la langue appliquée au doigt s’avère efficace pour faire passer l’envie de fumer pendant plusieurs heures. Cette méthode est à tester et nous ne pouvons pas la valider à 100% ici. Peut-être devrions-nous étudier la chose… Attention, Cepharom n’est normalement pas fait pour cela et ne doit pas être ingéré à raison de plus de 6 gouttes maximum par jour, et certainement pas par des femmes enceintes, des enfants ou des personnes sensibles.

Quoi qu’il en soit, renseignez-vous toujours auprès d’un professionnel de la santé et des addictions avant de vous lancer, vous trouverez ainsi la méthode de sevrage qui vous convient le mieux. Gardez à l’esprit votre motivation et faites vous encourager par vos proches.

Le jeu en vaut la chandelle, car au final, vous profiterez du plaisir olfactif des huiles essentielles avec plus d’émotion encore !

Références:

2Stead, L. F., Perera, R., Bullen, C., Mant, D. et Lancaster, T. (2008). Nicotine replacement therapy for smoking cessation. Cochrane Database of Systematic Reviews. (1), CD000146.

3Didier Jutras-Aswad, Julie Bruneau et Yasmin L. Hurd. Neurobiologie de la toxicomanie : avancées récentes et nouvelles stratégies d’intervention. Drogues, santé et société, vol. 8, n° 2, 2009, p. 27-73.

4Albino J. Oliveira-Maia et al. Nicotine activates TRPM5-dependent and independent taste pathways ». January 2009 online Early Edition -http://redirectix.bulletins-electroniques.com/X9lwO