Chasser en Territoire Non Balisé (ou La Jolie Lectrice en Robe Rouge)

Publié le 27 mai 2013 par Hunterjones
Bruno aurait été menteur de prétendre qu'il était un grand lecteur. Une amie lui avait prêté un livre d'Anna Galvada en lui disait que ce type de lecture se prêterait bien à son célibat actuel. Bruno lisait seul sur un banc de parc.
Enfin pas tout à fait seul.
Sur le banc tout juste à côté, par ce bel après-midi ensoleillé, étLétait assis un veil homme qui se faisait lire un livre par une belle jeune femme en somptueuse robe rouge. Tiens! ce livre était justement le même que celui qu'il lisait! Bruno n'avait de yeux que pour la jeune femme, légèrement penchée, pouvait-il voir un peu plus profondément dans son décolleté?. Elle remarqua qu'il la remarquait. Ils se sourirent l'un à l'autre. Lui parce que charmée par la jeune femme et étonné par le hasard voulant que ces lecteurs d'après-midi aient choisi de lire le même livre en même temps. Elle, dont les pomettes rosaient légèrement, en se posant la main sur la poitrine pour cacher une quelconque indécence impromptue.

Bruno replongea dans son livre, relisant les mêmes paragraphes maintes et maintes fois sans être en mesure de se concentrer. Lady in red occupait son cerveau. Sans le réaliser, la belle jeune femme et le vieil homme avaient maintenant quitté les lieux. Bruno s'en trouva déçu.
Mais il ne s'arrêterait pas là.
Maintenant en mission, il se paya une petite annonce dans le journal et dans les feuilles de chou du métro. "jeune femme en robe rouge, nous lisions dans le parc, nos regards se sont croisés, tu veux m'y rejoindre à nouveau à 16h?". Pendant une semaine ce message. Pendant une semaine, il était seul au parc à 16h. Cette semaine-là, il avait aussi cherché tel un détective sur le net et les réaseaux sociaux. Key word: robe rouge. Il était tombé sur bien des sites vicieux et des photos cochonnes mais pas sur celle qu'il souhaitait revoir.

Il se paya des pleines pages de publicité dans les journaux. Où es-tu jolie lectrice à la robe rouge, tu étais ici avec une flêche menant à la photo du banc dans le parc où il l'avait vue pour la dernière fois. J'aimerais te revoir suivi de son # de téléphone. Il placarda la même affiche sur les murs des rues Ste-Catherine et St-Laurent. Sans succès. Il fît fabriquer, avec l'aide d'un ami imprimeur, la même affiche format géante qu'il fit descendre du toit de l'immeuble à appartement qu'il habitait.
Toujours rien.

Il se paya une publicité télé sur les ondes de la télé communautaire, qui, la nuit, sur les lieux du regard furtif échangé dans le parc, le faisait parler en ondes de son envie de la revoir et qui répétait en somme son message et ses coordonées. Cette fois quiconque avait eu vent de ses recherches pouvaient mettre un visage sur le chasseur. Un site de rencontre en direct pour lui tout seul, en pleine nuit. Ce qui devait arriver, arriva. Six jeunes femmes, certaines plus jolies que la fille rencontrée auparavant se présentèrent en robe rouge à 16 heures à différents moments de la semaine. Comme Bruno était bel homme, il n'eût aucune difficulté à séduire deux de ses filles et à en abuser sexuellement dès le premier soir pour mieux les laisser tomber le lendemain. Il coucha même avec une troisième simplement parce qu'elle était bien roulé dans sa robe rouge, mais en vérité elle ne l'attirait pas tant que ça. Surtout au matin.

Celle qu'il voulait voir manger dans sa main, c'était la lectrice en robe rouge apercue auparavant.
Celle-ci, mangeant avec une amie dans un restaurant chinois, avait bien vu ce message ici et là, pas celui de la télé toutefois, et n'avait pas réellement porté attention à son contenu. agréssée de publicité jour après jour, elle avait cru à une autre invasion sans y porter attention. Toutefois en lisant le message qui se trouvait à l'intérieur de son biscuit chinois, elle y trouva Où es-tu jolie lectrice à la robe rouge apercue au parc? j'aimerais te revoir suivi d'un # de téléphone.

Soudain, elle fît 1+1. Mais il s'agissait bien d'elle...
Timide de nature, en amour avec Nicolas, son copain depuis 4 ans, elle s,en trouva flattée mais laissa passer 3 jours quand même. Que faire? Son amie lui conseilla de s'y rendre et de lui faire comprendre que ce ne serait pas possible. Mais il est beau...devrait-elle au moins y goûter?...Non, ce n'était pas dans sa nature de se comporter ainsi...Elle voulait bien profiter d'une beauté qui était sienne, du fait d'être désirée, mais elle ne s'offrirait qu'à Nicolas.
Elle se rendit au parc un jeudi à 16h. Il y était, seul. Elle avait pris la peine de mettre sa robe rouge, ne serais-ce que pour qu'il la reconnaisse. Comme si il ne se changeait jamais, il était lui aussi habillé comme la seule fois où elle l'avait vu. Ils reprenaient là où leur seul regard échangé avait semblé allumé quelque chose. En tout cas chez lui.
Elle lui expliqua poliment qu'elle ne pourrait pas se soumettre à ses envies. Qu'elle était mortellement timide et que tout l'argent investi dans la recherche de sa personne la troublait beaucoup. Elle lui expliqua gentiment qu'ils ne se connaissaient pas de toute façon et que le seul point commun projeté sur sa personne de la part de Bruno n'en était pas un puisque le livre d'Anna Galvada n'était pas un choix de sa part mais un choix de la part de la maison de retraite pour laquelle elle faisait du bénévolat. Comme elle le trouvait quand même beau, elle ne lui parla pas de Nicolas.
Bruno le prit plutôt mal et devint possessif. Il tenta de la convaincre de maintes façon, avec humour, avec désespoir, agressivement mais elle résista. Elle ne se soumetterait pas à ses envies. Nous n'étions pas dans un livre d'Anna Galvada. Encore moins dans un livre d'E.L.James.
La décision fût la bonne pour la jolie lectrice à la robe rouge. Bruno fût arrêté quelques jours plus tard pour agression sexuelle sur l'une des trois filles qu'il avait entreprise dans la semaine précédente. On lui trouva un profil obsessif-compulsif et une psychologie dangereuse.

La jolie lectrice ne porta plus jamais la robe rouge.
Seulement en présence de Nicolas.
Elle se fît même teindre les cheveux en brun et se les laissa pousser afin de se faire oublier de l'obsédé.
Elle ne fréquenta plus jamais ce parc non plus.